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Crise au PSG : M’bami monte au créneau (20.09.2004)
" Le coach a gueulé, je ne l’avais jamais vu comme ça. Il semblait affecté, touché. Ça fait honte...."
Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. Modeste M’bami a du laisser ce proverbe de coté le temps d’un coup de gueule qui fera certainement réagir quelques joueurs parisiens. Cette lourde défaite face a Chelsea (0-3) aura eu le mérite de nous présenter un Modeste M’bami déterminé à nous prouver que le psg n’est pas à sa place.
« On a pris une gifle énorme » tels étaient les mots de Vahid Halilhodzic visiblement dépité par un tel résultat. Sentiment partagé par son milieu de terrain camerounais qui déclarait « le constat est clair, on a été ridicule » ce genre de phrases sont habituellement réservées aux journalistes véreux et créateurs de polémiques, mais là quand c’est M’bami, joueur au tempérament calme et réservé voire timide, tout cela prend tout autre sens.
« On a travaillé dur l’an passé pour en arriver là. Mais collectivement, on n’est pas en place, on ne joue pas ensemble. On prend des buts par manque de concentration et le collectif n’est pas soudé. Et il ne faut pas croire que c’est seulement un problème de défense, c’est une remise en question qui concerne tout le monde ».
Le ton est posé et le verbe tranchant. Il est sans doute l’un des meilleurs sinon le meilleur depuis le début de la saison et cela donne davantage de crédibilité à son discours. Car il est évident que M’bami ne tient pas à critiquer quelqu’un en particulier (ce n’est pas son style) mais plutôt à provoquer un sursaut d’orgueil.
« Il faut se regarder avant de s’en prendre à un coéquipier. On doit d’abord et avant tout penser à l’équipe. Ça ne sert à rien de dire que c’est la faute de l’autre. Chacun doit prendre ses responsabilités et faire les efforts pour aider son coéquipier. Aujourd’hui, on fait chacun un truc de son côté », poursuit le Camerounais. De par cette déclaration on comprend tout de suite l’état d’esprit d’un groupe qui est de toute évidence dessoudé et perdu. « Le coach a gueulé, je ne l’avais jamais vu comme ça. Il semblait affecté, touché. Ça fait honte. Aujourd’hui, on baisse les bras dès qu’on prend un but ce n’est pas normal », il y a un vrai manque.
Les nouveaux sont implicitement montrés du doigt et ajoute « L’an passé, j’étais nouveau et j’ai fait les efforts. A eux aussi de se mettre dans le truc ». En effet, en plus d’avoir un recrutement non conforme pour affronter une ligue des champions (Pancrate et Coridon ... ?) les nouveaux joueurs n’ont pas l’air d’avoir l’état d’esprit escompté. Ayant perdu ses anciens leaders à l’état d’esprit de combattant que sont heinze, sorin et déhu, le PSG "nouvelle formule" en a trouvé un en plus de Pauleta. Cette déclaration devrait en dévergonder quelques uns, a moins bien sur qu’elle soit prise dans l’autre sens...
Planète PSG
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Réunion de crise au PSG (L’Équipe)
IL était 12 H 30 quand Modeste M’Bami en est sorti le premier. Dans son sillage, près de vingt-cinq joueurs se sont extraits de cette salle aux façades verdâtres, essuyant la colère encore mesurée d’une trentaine de supporters massés derrière les grilles d’entrée du Camp des Loges. Tournant de vagues regards vers ces fidèles amers, les Parisiens regagnèrent leur vestiaire en une marche silencieuse.
Le silence comme un leitmotiv. Huis clos décrété, aucune interview. Dans son repli sur soi, le PSG confirmait l’émergence de la première véritable crise depuis l’arrivée de Vahid Halilhodzic en juin 2003. Trois nuls et deux défaites en Championnat assortis de la leçon de jeu et de maîtrise livrée par Chelsea (0-3), mardi soir, en Ligue des
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champions : de la L 1 à la C 1, le PSG traîne ses transparences. À son entourage, José Mourinho, le manager des Blues, a confié ceci en début de semaine : « J’ai supervisé le PSG une mi-temps contre Saint-Étienne (2-2). Ça m’a suffi pour comprendre que cette équipe n’était pas cohérente. »
Alors, les joueurs se sont parlé, hier matin. Pendant plus d’une heure et demie dans la salle où, d’ordinaire, Vahid Halilhodzic prononce ses débriefings de lendemain de match. Hier, le coach n’assistait pas à la mégathérapie de groupe. Mais l’autocritique fut ordonnée et non spontanée car c’est lui, l’entraîneur, qui a exigé cette grande discussion entre joueurs alors que ceux-ci s’apprêtaient à partir effectuer le décrassage.
Devant ses coéquipiers, José Pierre-Fanfan a d’abord pris la parole. Dans une ambiance lourde, le capitaine a invité ses coéquipiers à crever certains abcès. L’investissement déficient d’une large partie de l’effectif et les erreurs individuelles auraient été alors pointés du doigt par ceux qui ont pris la parole. D’aucuns auraient, par exemple, reproché à Lionel Letizi de vivre un peu en marge du groupe. Pauleta, lui, aurait reconnu ses torts sur le troisième but anglais, lorsqu’il baissa la tête sur le coup franc de Drogba.
Hier, certains auraient lancé devant le groupe : « Il y en a qui trichent. » Mais personne n’aurait été clairement désigné. Preuve, au passage, que trop peu de joueurs se sentent suffisamment irréprochables pour critiquer les responsables du fiasco estival. M’Bami, le meilleur joueur du PSG depuis le début de la saison, s’est cependant autorisé à exprimer quelques sentiments tranchés sur la situation. Le milieu défensif camerounais estime que plusieurs joueurs n’ont pas saisi le don de soi auquel un joueur du PSG doit consentir.
Le thème sensible des recrues
A-t-il été entendu, lui qui était raillé il y a peu par quelques coéquipiers pour ses rapports très proches avec l’entraîneur ? Il reste que le discours de M’Bami aurait heurté l’expérimenté Yepes, qui n’ignore pas que les joueurs arrivés à l’intersaison concentrent actuellement beaucoup de critiques. D’ailleurs, sur ce thème sensible des recrues, certains, au Camp des Loges, ont dû s’interroger en découvrant, lundi dernier, les déclarations de Pauleta, la veille, en conférence de presse : « Je n’admettrai pas qu’un nouveau joueur arrive aujourd’hui et commence à dire n’importe quoi. »
Hier, l’étrange climat du Camp des Loges laissait transpirer l’image d’un PSG sur un fil. Soit il amorce, enfin, un redressement dimanche contre Monaco, au Parc. Soit il accroît les risques de voir son groupe morcelé entre les anciens et les nouveaux, les pro-Halilhodzic (M’Bami, Pierre-Fanfan) et les anti-Halilhodzic, ceux qui y croient encore et ceux qui n’y croient déjà plus. Un groupe qui traîne encore les séquelles des fractures provoquées par l’affaire Fiorèse.
Les effets de ce long décrassage verbal, émaillé de plusieurs platitudes, restent forcément très incertains. « Cette réunion n’a intéressé personne », assurait-on dans l’environnement du PSG. D’autant que ce groupe a l’habitude de se parler, du moins en dehors du terrain. « L’an passé, les joueurs se parlaient moins, témoigne un proche du groupe. La gnac était là, naturellement. Chacun savait ce qu’il devait donner sur le terrain. » Halilhodzic, lui, sait-il encore où il veut aller ? Il aurait déjà décidé de recruter trois joueurs, un par ligne, lors du prochain mercato hivernal. À des proches, il aurait confié récemment un regret, celui de ne pas avoir conservé Frédéric Déhu. Plus qu’un taulier de la défense, c’est le patron d’un vestiaire aujourd’hui déboussolé que le PSG n’a pas encore su remplacer.
JÉRÔME TOUBOUL (L’Equipe)
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