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La médecine des sports au Cameroun : Enjeux et défis d’un volet négligé (23.11.2005)
La question sur ce qu’est la médecine des sports, toujours posée aux responsables médicaux en charge des athlètes, ne semble pas être bien appréhendée.
Pour le Pr Guillaume Atchou, “ c’est une spécialité médicale qui demande une formation bien visée. Elle est aussi importante que n’importe quelle spécialité. Pour la pratiquer, il faut qu’on ait des bases en la matière. Ces bases-là passent par la connaissance de la morphologie et de la physiologie, la connaissance de toute la notion de bioénergétique, la connaissance du processus d’entraînement et la connaissance des actes à poser auprès des athlètes. Elle est beaucoup plus une médecine de prévention qu’une médecine de traitement ”. De son côté, le Dr Bissou Mahop Josué indique que “ la médecine des sports est la pratique de la médecine dans un corps sain en mouvement. Et ce sujet sain est prédisposé à des lésions. Lesquelles peuvent être traumatiques ou non traumatiques. Et il faille lever ces lésions et les soigner de manière à ce que l’athlète se retrouve dans les dispositions sportives comme s’il n’avait pas été malade ”.
En somme, le médecin des sports a pour devoir de savoir que les athlètes mis à la disposition des entraîneurs sont en bonne santé. Il doit s’assurer que ceux-ci se nourrissent correctement et de façon équilibrée. Le médecin des sports doit établir une relation de confiance avec l’athlète afin de savoir quels sont ses antécédents médicamenteux, ses problèmes, parfois même de famille afin de trouver une solution. Il est donc le pont entre les encadreurs, les joueurs et les spécialistes pour qu’au cas où il y a un problème, il sache à qui s’adresser. Il doit être en mesure de procéder à une réanimation d’urgence. Pendant la compétition, avec son regard de technicien, il est capable de détecter les signes de fatigue d’un athlète en plein mouvement. C’est à lui de dire à l’entraîneur que l’athlète est diminué de 10, 20 ou 30 %, qu’il a eu un mal qu’il cache ou qu’il n’est pas en mesure de poursuivre la compétition. Il doit être un bon conseil pour le staff technique. Il doit influencer positivement les remplacements des joueurs pour ce qui est des sports collectifs.
Le médecin des sports doit en principe être associé à la présélection des athlètes. Guillaume Atchou se félicite du fait qu’il soit consulté par les entraîneurs pour ce qui est du choix des joueurs. “ Artur Jorge l’entraîneur principal des Lions nous faxe la liste, nous demande des conseils pour éviter de convoquer un joueur malade. Il sait bien que nous sommes en contact avec les médecins des joueurs qui nous rendent compte de l’état de santé de nos joueurs. La veille de la compétition, on se concerte avec le staff technique pour donner notre point de vue sur l’état des 18 joueurs à retenir. Nous ne sommes pas dans les secrets techniques. Mais nous leur disons ce qui est utile pour la bonne performance. Notre avis est très souvent pris en compte avant que les 18 ne soient sélectionnés”. Si cela n’est pas une simple déclaration, ça y ressemble un peu. Car, l’on a vu des entraîneurs camerounais convoqués des joueurs malades et in opérationnels dans leurs clubs. Le cas le plus récent est celui de Deumi qui avait été convoqué contre la Côte d’Ivoire alors qu’il était souffrant. Les exemples sont d’ailleurs très nombreux.
Le diktat de la Fifa
Il est difficile de parler avec exactitude de la date d’entrée de la médecine des sports au Cameroun. Puisque cette spécialisation n’est pas la plus sollicitée par les Camerounais. Seulement, nous pouvons dire que la présence des médecins aux côtés des sportifs date
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d’une trentaine d’années. Pour le Pr Guillaume Atchou, médecin principal des Lions Indomptables de football, qui affirme prendre le train de la continuité dans l’équipe des Lions Indomptables du Cameroun, “ mon patron de thèse qui est aussi mon maître, le Pr Tsala Mballa (ndlr il est mort il y a quelques mois), est l’un des précurseurs de la médecine des sports au Cameroun. Il l’a fait avec les Lions, avec Tonnerre de Yaoundé il y a quelques décennies ”. Mais combien de médecins de sports trouve-t-on au Cameroun ? “ Je ne peux pas vous donner avec exactitude le nombre de médecins diplômés en médecine des sports qu’on trouve au pays. Je suis en train de répertorier tous ceux qui sont diplômés en médecine des sports. Ce répertoire me permettra de dire combien de médecins diplômés en médecine des sports nous avons au Cameroun, combien de kinésithérapeutes bien formés nous avons à disposition au Cameroun ”, précise le médecin des Lions du football.
L’évolution de cette partie de la médecine est non perceptible par ceux qui ne côtoient pas les sportifs. Des clubs s’entourent d’un corps médical n’ayant parfois qu’un infirmier comme responsable. On peut dire que c’est un pas de gagné. Au niveau national, le Cnosc a en son sein une commission dite médicale qui est dirigée par le Pr Guillaume Atchou. Sous l’impulsion du Cnosc, cette commission s’évertue à faire en sorte que chaque fédération sportive au Cameroun ait en son sein une équipe médicale. Lors des grandes échéances sportives, des dispositions sont prises pour que les athlètes soient entourés des spécialistes médicaux parfois sans matériel. Seuls les Lions Indomptables du football sont entourés de deux médecins et de deux kinés. Cette préoccupation semble répondre uniquement à la demande de la Fifa qui voudrait que chaque grande équipe ait en son sein non pas un médecin des sports ou deux kinés, mais un médecin des sports, un cardiologue et au moins deux kinés.
La médecine des sports au Cameroun fait face au manque de moyens de travail à bon niveau. Pour le Pr Atchou Guillaume, “ pour faire de la bonne médecine quel que soit le niveau, il faut des moyens. Et ces moyens ne sont pas du tout donnés. Nous ne sommes pas toujours capables même au niveau national, de nous équiper. Je vous prends un exemple. Un bon électrocardiographe coûte entre trois et quatre millions. On ne peut pas se le permettre. Pourtant se sont des instruments indispensables pour le bon encadrement des athlètes ”.
Le deuxième problème qui se pose est celui de l’acceptation de l’importance de la médecine pour l’encadrement des athlètes par les administratifs. Les responsables sportifs ne semblent pas suffisamment convaincus que l’encadrement médical est important. Comment une délégation sportive peut-elle quitter le pays sans même un kiné ? Comment peut-on organiser des activités sportives au pays sans l’implication du corps médical ?
Les dirigeants devraient être convaincus de l’importance de la médecine des sports quelle que soit la discipline. Si le Pr Atchou indique que : “ une luxation est une luxation pour tous les sportifs. Vous avez une entorse, le traitement est unique quelle que soit la cause. En terme de prise en charge médicamenteuse des traumatismes liés au sport, la thérapeutique est quasiment unique et superposable à tous les sportifs ”, il faut dire que les problèmes rencontrés par les athlètes diffèrent selon leurs activités. Dès lors, sur plusieurs points, ils n’ont pas les produits. A titre d’exemple, les produits interdits ne sont pas forcément les mêmes pour tout le monde.
Par S.N.
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