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Karaté: Les salles de moins en moins pleines. (19.11.2004)
Dippah Kayessé
Les mauvaises conditions de travail ont contraint les clubs à fermer.
Tout le monde ou presque se souvient de la très forte prolifération des salles d`entraînement de cette discipline dans la métropole économique, Douala. C`était dans les années 70. Au cours de cette période, c`est tout naturellement qu`un quartier pouvait à lui seul compter trois à cinq salles destinées à la pratique du karaté. " Il faut dire qu`à l`époque, l`engouement pour cette discipline était dû aux projections de films chinois et japonais dans les salles. Au sortir des séances de projection, les spectateurs se dirigeaient tout droit vers les salles d`entraînement dans l`optique de mettre en pratique quelques enseignements reçus ", explique Me Julien Kamdem, ancien entraîneur de karaté à New-Bell. Selon quelques observations faites, New-Bell, Bépanda, Nkololoum, Ngangué, Bonadibong et Deido étaient les quartiers où on recensait le plus de salles du fait de la proximité de ces coins avec les salles de cinéma.
Ainsi, à la tombée de la nuit, dans une salle de fortune, autour d`un "Maître", de jeunes garçons torse nu, en short ou en jogging, s`affrontaient sans voir le temps passer. "A cette époque, nous n`avions qu`un seul souci, pratiquer le karaté. Le reste n`était qu`accessoire", précise Charles Mambingo. Dans les autres villes du pays, l`engouement tout aussi était pareil.
Fort de cet enthousiasme, la pratique de la discipline va prendre son envol avec quelques améliorations notoires. " Il fallait donc sortir de l`amateurisme qui privilégiait le nombre au détriment de la qualité ", se souvient Jean Pierre Bezong, secrétaire général de la ligue provinciale de karaté pour le Littoral à Douala. Des textes vont parfaire la pratique de la discipline et assainir le milieu. En lieu et place des salles de fortune, des infrastructures plus accueillantes vont voir le jour dans la deuxième moitié des années quatre-vingts.
Moyens de communiquer
En 1996, la nouvelle loi fixant la charte des activités physiques et sportives au Cameroun va détruire quelques poches de résistance. Dorénavant, pour disposer d`un club de karaté, les intéressés sont tenus de présenter, entre autres pièces : un agrément, un statut, un règlement intérieur, un cahier des charges, une police d`assurance, des professeurs de haut rang, etc. Le karaté longtemps considéré comme un sport de " brutes " va connaître de nouvelles considérations. "Le karaté développe de façon harmonieuse le corps et l`esprit, il permet aussi une meilleure socialisation des hommes tout en développant leur sens de responsabilité. Il faut dorénavant considérer le combat
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comme un moyen de communiquer", affirme M. Mingolé, vice président de la ligue provinciale et prédisent de la ligue départementale pour le Wouri. Cette métamorphose dans les esprits va attirer encore plus d`athlètes. Seulement, les nouvelles dispositions de loi dont le but est d`assainir le milieu, vont s`apparenter à un couteau à double tranchant. Incapables de répondre à ces exigences, beaucoup de salles vont finalement mettre la clé sous le paillasson alors que d`autres emprunteront les chemins de la clandestinité.
Le karaté va perdre quelques points. Aujourd`hui, de la trentaine de salles que compte la ville, seulement une poignée peut se vanter d`être plus ou moins moderne. Le reste évolue dans un amateurisme criard et ploie sous le lourd poids des difficultés de tous ordres.
Les salles, si elles ne sont pas à moitié vides, c`est des sportifs parfois chichement habillés qu`on voit se battre sur un sol rugueux. " Depuis une dizaine d`années, ma seule joie c`est le fait de retrouver tous les soirs les vieux amis sur le tatami. Faute d`être organisé comme le football, l`espoir d`aller un jour évoluer en Europe comme professionnel s`est dissipé ", reconnaît Alain Wakam. Faute de perspective dans la discipline, certains athlètes finissent par abandonner pour aller " tenter " leur chance ailleurs. Malgré le bon niveau des disciples, le déroulement d`un championnat de niveau acceptable de haut rang et la régularité des compétitions, tout le monde dans l`univers du karaté à Douala s`accorde à dire que la discipline se porte mal.
La Coupe du Cameroun remportée cette année par le club de karaté de Camrail semble être l`arbre qui cache la forêt. Le problème fondamental de la discipline à Douala, c`est l`absence de soutien financier. En l`absence des sponsors, les responsables de clubs sont parfois obligés de se saigner pour mener à bien leurs activités. " C`est d`énormes sacrifices que nous consentons dans cette discipline. Les frais perçus pour les inscriptions ne sont toujours pas en mesure de nous permettre de régler les factures d`électricité, d`eau ou de payer convenablement la location des lieux ", constate encore Me Happy, qui avait fini par fermer son club à Bonabéri. Considéré comme sport mineur au Cameroun, le karaté attire peu de spectateurs au cours des compétitions sportives; ce qui aurait pu être une manne pour les clubs. Les athlètes estiment ne pas être logés à une meilleure enseigne. L`environnement est presque hostile, les infrastructures inadaptées et insuffisantes, les équipements inexistants au point de se demander s`il existe réellement une politique de développement du karaté au Cameroun.
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