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Chrono : Il y a des sports mineurs . (24.09.2004)
Emmanuel Gustave Samnick
La situation fort rocambolesque, digne des aventures de Tintin au Congo...
La situation fort rocambolesque, digne des aventures de Tintin au Congo, que vivent les deux athlètes camerounais devant prendre part aux Jeux paralympiques 2004, nous amène à reposer le problème de la participation des sportifs camerounais aux compétitions internationales, et celui sous-jacent de la considération accordée aux différentes disciplines homologuées par les pouvoirs publics dans notre pays. Les Jeux paralympiques, le pendant des Jeux olympiques version sport pour handicapés, se sont ouverts samedi dernier à Athènes, en Grèce. Alors que plusieurs pays comptabilisent déjà des dizaines de médailles, les participants camerounais à cette haute compétition sont toujours bloqués sur place à Yaoundé. Le plus sidérant, c`est qu`ils espèrent toujours qu`ils vont participer à la compétition. Leur foi est admirable, mais il ne faut pas qu`ils oublient que nous sommes au Cameroun, un pays où la norme n`existe pas et où l`improvisation est devenue, paradoxalement, la règle de gouvernance.
Il faut déjà adresser de vives félicitations à la Fédération camerounaise de sports pour handicapés, qui dispose d`un siège fonctionnel, privilège rare qui appartient au tiers de la trentaine des fédérations sportives agréées à ce jour par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Il faut se féliciter ensuite de ce que cette fédération sportive parvient à organiser des activités et des compétitions, au point de postuler à une participation aux Jeux olympiques pour handicapés, malgré le fait que son domaine ne fait pas recette tout comme il n`attire ni foule ni sponsors. Il faut se réjouir enfin de ce que, une catégorie de Camerounais défavorisés par la nature, ne s’apitoie pas éternellement sur leur sort et ont compris l`intérêt qu`il y avait à s`épanouir à travers la pratique du sport. Au temps où Paul Biya, président de la République du Cameoun depuis 22 ans, faisait encore des discours pleins de sens, il affirma un jour que, dans son pays, "il n`y a pas de sport majeur, ni de sport mineur,
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ni de sport réservé". Cette incantation est restée un slogan creux, que des zélateurs du régime qui nous gouverne, en mal d`inspiration, brandissent à la moindre occasion qui leur est offerte.
Un slogan qui ne renvoie plus à la moindre réalité, au vu de ce que l`on observe dans le traitement par les pouvoirs publics des différentes disciplines sportives au Cameroun.
Les exemples sont légion, et il serait ridicule de vouloir les énumérer tous. Où, l`on se rend compte qu`au Cameroun, il y a le football et les autres sports. Il n`y a qu`à voir comment, en 1998, on réserva un accueil triomphal à une sélection du Cameroun qui venait de se faire éliminer au premier tour de la Coupe du monde France 98. Nos haltérophiles, nanbudokas et boxeurs ont beau faire sensation sur la scène mondiale, ils ne représentent rien aux yeux des autorités gouvernementales et de leurs suppôts, face à l`équipe nationale de football cadets du Cameroun qui a échoué royalement au premier tour de la Coupe du monde de cette catégorie. Qu`on se rappelle qu`il y a quelques années, le Cameroun est devenu champion d`Afrique de volley-ball masculin, après avoir manqué de peu de prendre part, au Nigeria voisin, à cette compétition, faute d`argent.
Les internationaux camerounais de volley-ball rallièrent alors Port-Harcourt par bateau, avant de revenir au bercail en héros, fêtés en grandes pompes par ce gouvernement-là qui ne trouva pas assez de ressources pour mettre cette équipe en mission, grâce à la médaille d`or arrachée de haute lutte en territoire nigérian. D`autres exemples de "deux poids, deux mesures", dans la gestion officielle du sport national, existent mais ne sauraient être tous étalés ici sur la place publique. La morale de toute cette histoire, c`est que la réalité rattrappe le dicours propagandiste sur l`égalité des chances des sports au Cameroun. Il n`en est absolument rien. L`Etat ne s`occupe que de ce qui peut lui apporter, dans l`immédiat, médailles, trophées et gloriole. Il n`est d`ailleurs pas du tout prêt à investir durablement pour récolter ces fruits mûrs. Ce qui est proprement scandaleux.
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