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François Omam Biyick : « Aucun joueur n’est exclu » (27.09.2010)
L’intégralité de la conférence de presse de l’entraîneur adjoint des Lions Indomptables vendredi 24 septembre dernier à Douala.
Qu’est ce qui justifie la présence de Franck Songo’o et Aloys Nong dans la liste des joueurs convoqués alors qu’ils sont sans club ?
Pourquoi le choix de Aloys Nong ? Parce que c’est un joueur que je suis, avant même d’être nommé sélectionneur. Je le suis en Belgique depuis un certain temps, depuis qu’il joue à Malines. On a pas la possibilité d’avoir Jacques Zoua, qui est blessé et out pour quelque temps. On a trouvé une occasion pour voir ce que Nong peut apporter pendant ce stage. En ce moment, c’est intéressant de voir un joueur qui coûte près de 2 millions d’Euros. On espère qu’il va pouvoir apporter quelque chose dans cette sélection. En ce qui concerne Franck Songo’o, il a résilié son contrat avec Saragosse. En ce moment, il a signé un contrat avec Aris Salonique, un club grec. Nous avons choisi de l’amener parce que nous avons voulu maintenir la cohésion de groupe qu’on a eue à l’Ile Maurice. Non seulement, on a été satisfaits par beaucoup de joueurs, mais on a voulu avoir cette continuité.
Vous aviez promis de rencontrer Achille Emana, Alexandre Song, Idriss Carlos Kameni et même Landry Nguemo. Où en êtes-vous avec ces cas ?
Nous avons promis de le faire, il faut le dire. Nous ne l’avons pas encore fait parce qu’on a trouvé que le temps entre le match de l’Ile Maurice et celui contre le Congo était assez court pour pouvoir démarrer une telle négociation. Vous savez que c’est un sujet assez délicat. Alors, nous voulons prendre le temps et mener cette mission jusqu’au bout. Donc, nous avons choisi de les rencontrer après le deuxième match. Du 09 octobre au mois de mars, on a le temps vraiment de s’asseoir, d’écouter tout le monde et de voir ce que ces joueurs peuvent nous apporter. Nous ne voulons pas nous précipiter et échouer. C’est pour cela qu’on n’a pas voulu le faire entre deux matches. Aujourd’hui, je me rends compte qu’il y a aussi Nguemo dans cette liste. Il y a un mois, il n’y était pas. Au prochain rassemblement, vous allez m’amener encore Idrissou, Webo, Kana-Biyick, tout le monde. Non ! Non ! Non ! On l’a dit, on nous a laissé la liberté de sélectionner les joueurs qu’on voulait. Il se trouve que ces joueurs-là, en ce moment, ne font pas partie du groupe. Je ne dis pas qu’ils sont congelés ou qu’ils sont suspendus. Ni la Fédération, ni le ministère des Sports ne l’ont dit. Aujourd’hui, on a trouvé un groupe qui s’est bien comporté en amical en Pologne. On a maintenu le même groupe sur les deux matches suivants. Donc, après, on espère élargir le groupe. Il y a un match amical au mois de novembre. On a fait une liste de joueurs qu’il faudra aller rencontrer, discuter avec eux, pour en avoir plus d’informations.
Y a-t-il une bonne ambiance dans le groupe et les jeunes joueurs s’expriment-ils librement désormais ?
Je pense qu’on est dans un pays démocratique où la liberté d’expression est totale. Si un joueur n’arrive pas à s’exprimer, ce n’est pas parce qu’on l’a bloqué quelque part. C’est peut-être qu’il ne se sent pas capable de s’exprimer ! Aujourd’hui, il est facile pour moi de vous dire que l’ambiance est extraordinaire. Ceux qui ont été à l’Ile Maurice peuvent en témoigner. On est en train de recréer un groupe, on est en train de recréer quelque chose de nouveau. Il faut du temps. L’ombre de l’Afrique du Sud plane toujours sur cette équipe. On espère qu’avec des résultats, avec notre manière de communiquer, notre façon de donner à chaque joueur, jeune ou vieux, sa place dans le groupe, on pourra offrir encore plus au plan de la convivialité. On leur a dit que chacun est libre de donner son opinion. On les incite à parler, à communiquer. Parce que si on ne sait pas ce qu’ils ont dans la tête, on ne peut pas avancer. Le stage préparatoire au match contre l’Ile Maurice était le premier. Il y a des jeunes qui se sont exprimés, d’autres pas. On espère qu’au fil du temps, nous allons être avec eux, ils vont retrouver la confiance et les choses vont revenir à la normale.
On sait à peu près ce que gagne Javier Clementé. En ce qui vous concerne, êtes-vous satisfait quant à votre traitement salarial ?
Ceux qui ont suivi mes interventions depuis ma nomination savent que j’ai toujours dit que pour travailler au Cameroun, l’aspect financier n’était pas le plus important. Même s’il faut reconnaître que pour ce qu’on m’a proposé, à moi un Camerounais, je suis largement bien loti. Combien ? Je ne pourrais pas vous le dire. Si vous voulez savoir, allez voir le ministre, allez voir le président de la Fédération. Ils vous donneront plus d’informations. Mais moi, je ne veux pas communiquer là-dessus. Mon souhait, c’était de pouvoir apporter mon expérience au football camerounais.
Vous êtes en route pour Pointe Noire au Congo pour la Coupe Cemac, c’est pourquoi faire, alors que les joueurs locaux ne semblent pas beaucoup vous intéresser ?
En ce qui concerne mon voyage à Pointe Noire, le souhait c’est de pouvoir voir les joueurs locaux. Le championnat n’a pas encore commencé, mais il y a un programme qui a été donné au ministère et à la Fédération jusqu’au mois de décembre. On ne peut pas dire qu’on n’a pas sélectionné de locaux. On a déjà un gardien de buts qui fait partie des 23. Je vais regarder un peu les A’, les juniors aussi. C’est aussi le vivier du football camerounais. On a envie de donner leur chance à tous ces joueurs. Si on trouve des joueurs intéressants qui peuvent apporter quelque chose à cette sélection, oui, nous les appellerons. Nous sommes ouverts à tous. Aux locaux et aux professionnels. C’est aussi une source de motivation pour les joueurs locaux, qui se doivent de continuer à travailler et atteindre leur objectif qui est celui de côtoyer l’équipe nationale senior.
Quelle logique a présidé au choix d’Hugo Nyamé, l’unique joueur local qui figure dans votre liste, alors qu’il n’est pas titulaire à Astres?
(long moment d’hésitation) On a eu cette discussion avec Jacques Songo’o. Il a eu les deux gardiens en sélection quand Paul Le Guen était ici, lors du regroupement des locaux. A partir de là, il a défini les critères. Et nous aussi, on tient compte de la sélection A’. Il ne faut pas non plus les laisser sans joueurs majeurs. Il a choisi d’emmener Hugo parce qu’il trouvait que les qualités de ce gardien correspondaient à ce qu’il recherchait. Cela ne veut pas dire que le gardien titulaire d’Astres est éliminé. L’équipe A’ a besoin d’un titulaire aussi pour pouvoir continuer sa préparation.
Selon nos informations, vous avec eu Landry Nguemo au téléphone pour le match contre le Congo et, finalement, il n’est pas sélectionné. Fait-il partie des bannis ?
J’ai eu Landry Nguemo au téléphone plus d’une fois. Parce qu’il se demandait s’il était, entre guillemets, dans le groupe des supposés écartés. On ne m’a jamais parlé de cela. D’ailleurs, on ne m’a jamais parlé de joueurs écartés. C’était, effectivement, pour lui dire qu’on comptait sur lui, comme j’appelle tous les joueurs que nous suivons depuis un certain temps pour leur dire « écoutez les gars, on compte sur vous ». On aura le temps d’aller les voir. J’ai eu Pablo Correia, l’entraîneur de Nguemo, au téléphone J’en ai discuté avec lui. On peut avoir des contacts avec quelqu’un, sans toutefois l’appeler le lendemain pour la sélection. Javier Clemente a eu Webo au téléphone. Il est allé le voir, ils en ont discuté. On n’exclut personne. On l’a dit : tout joueur camerounais qui joue dans un club est sélectionnable. On n’exclut personne. Maintenant, vous pouvez ne pas être satisfait des explications que je
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vous ai données sur les trois joueurs que vous avez nommés. Qui vous dit que ces trois joueurs, s’ils viennent, ne vont pas apporter encore plus d’ambiance dans le groupe ? On veut bien avoir une bonne ambiance dans le groupe, mais ce qu’on veut plus, c’est gagner des matches. On sait que ces joueurs-là ont des qualités. S’ils sont à 100%, ils peuvent relever le niveau de l’équipe.
Allez-vous résider au Cameroun ?
Je suis rentré au Cameroun définitivement hier (jeudi 23 septembre 2010). Je vais m’installer petit à petit. J’ai quelques missions que je vais devoir aller effectuer en Europe et en Afrique. Mais je suis définitivement de retour au Cameroun. Pour le moment, sans domicile fixe (rire).
On est un peu gêné que l’oncle de Jean Armel Kana-Biyick soit entraîneur du Cameroun et que son neveu joue pour la France… Où en êtes-vous aussi avec le cas Ngog ?
En ce qui concerne Jean Armel Kana-Biyick, je l’ai dit : un joueur, pour être sélectionné en équipe du Cameroun, doit avoir envie de venir. Apparemment, à ce jour, son état d’esprit a changé. Maintenant, on l’a dit, après le match du 9 octobre, nous programmerons des visites chez ces jeunes joueurs. Maintenant, on ne sait pas s’il va être sélectionné dans les prochains matches. Il y a un processus à suivre. Le dossier avance. Je préfère aller doucement, donner les informations les plus sûres. Il est dans un état d’esprit favorable pour rejoindre la sélection du Cameroun. Il nous reste maintenant à aller le rencontrer, à rencontrer ses parents, et si tout est conclu, aux autorités de faire le nécessaire pour que le processus avec la Fifa soit conclu le plus tôt possible.
Avec David Ngog, c’est encore plus compliqué. On n’a pas avancé positivement par rapport à ce qu’on a fait avant la Coupe du Monde, mais on n’exclut pas de retourner à Liverpool rencontrer personnellement encore le gamin et reprendre contact avec ses parents.
Pensez-vous que l’équipe que vous avez en main aujourd’hui, peut nous donner les émotions que votre génération nous a données ?
Pour ce qui est des sensations, il faut gagner les matches. Pour avoir des sensations, il faut marquer des buts. On travaille là-dessus. Aucun entraîneur ne prépare son équipe pour qu’elle perde. On a envie que cette équipe revive les moments de Coupe d’Afrique que le Cameroun a gagnés, les Coupes du Monde qu’il a jouées.
On a envie que cette équipe soit en communion avec le peuple camerounais. On a besoin de vous aussi les journalistes pour amener le peuple camerounais à croire en cette jeune génération qui a du talent et à qui il faut peut-être laisser le temps de mûrir. Maintenant, ils savent ce que c’est qu’une Coupe du Monde, ce que c’est qu’une Coupe d’Afrique. Il faut qu’on leur mette un peu de pression quand même pour qu’ils sautent le pas. On espère que l’avenir va être rose.
Comment avez-vous accueilli le code de discipline des Lions ?
C’est un code de discipline surtout fait pour les joueurs. Il y a les sanctions, ce qu’on a le droit de faire, ce qu’on n’a pas le droit de faire. Ce qu’on risque si on contrevient au code. Personnellement, quand j’ai présenté mon projet, j’ai émis le souhait de mettre en place un règlement intérieur. Aujourd’hui, on l’appelle code de discipline. Chacun peut le nommer comme il veut, il y a une règle minimum : quand on est déjà deux, il y a des règles à respecter. Ces joueurs les respectent dans leurs clubs, pourquoi ne les respecteraient-ils pas en équipe nationale ? La signature en elle-même est un acte plus médiatique qu’autre chose. Les joueurs ont lu le code. Certains ont commencé à signer. Lors des retrouvailles du 04 octobre, on devrait avoir les signatures de tous ces joueurs ainsi que des encadreurs…
La liste des 23 que vous nous avez présentée est de Jacques Songo’o et vous ou de Clemente ?
Depuis que Clemente a pris ses fonctions, on ne peut plus faire la liste. C’est lui qui fait la liste. Depuis qu’on s’est rencontrés, Clemente et moi, on est tous les jours en contact. On s’appelle pour prendre des informations, pour donner des informations, pour parler des joueurs, de l’équipe nationale, de tout. On s’est concertés pour sortir cette liste. Donc, la liste est de l’équipe technique à la tête de laquelle se trouve monsieur Clemente.
Pourquoi Javier Clemente ne se trouve pas dans cette salle pour expliquer ses choix ?
C’est une première qu’un entraîneur commente ici au Cameroun une liste de joueurs. Il a demandé qu’on le fasse, on peut lui dire bravo ! Clemente n’est pas là parce qu’on ne pouvait pas le faire venir pour 45 minutes de conférence et repartir puis revenir pour le match. Il a dit lui-même que quand il sera là, il va donner une conférence de presse le premier jour du stage et à la veille du match. Si vous avez des questions, vous les lui poserez. Il sera là pour réexpliquer ses choix, si vous voulez. Donc, moi, en tant qu’entraîneur, je suis bien à ma place. Je suis numéro 2, on m’a confié une mission pour deux ans. J’espère bien la mener à terme. Si je suis là, c’est parce que j’ai eu cette autorisation de l’entraîneur principal de venir commenter cette liste que nous avons confectionnée ensemble. J’ai été consulté et je sais pourquoi tel joueur n’a pas été appelé et pourquoi tel joueur a été appelé. C’est pour cela que je me présente aujourd’hui à cette conférence de presse.
Le secrétaire général ne nous a pas dit exactement pourquoi le match contre la Rd Congo se joue à Garoua. Pouvez-vous nous l’expliquer ?
Parce que l’équipe nationale appartient à tous les Camerounais. Et pas qu’au peuple de Yaoundé. Quand on était à l’Ile Maurice, les joueurs ont, par la voix de leur capitaine, souhaité la délocalisation de leurs matches, pour communier avec le peuple camerounais. Aujourd’hui, on a cette possibilité d’aller jouer là-bas, on va en profiter. Le terrain de Garoua est réglementaire, on a un beau centre pour notre préparation. Nous allons vivre une semaine importante à Garoua. La prochaine fois, ce sera peut-être Douala, Bafoussam, pourquoi pas ? Il faut que l’équipe nationale aille aussi en province et que nous communiions avec les autres. Le regroupement doit se faire lundi 04 octobre à Yaoundé et, mardi matin, nous prendrons la direction du Nord.
Avez-vous pris le temps de suivre les performances des joueurs avant de les convoquer ? Parce que vous avez des joueurs comme Stéphane Mbia, Sébastien Bassong, Nicolas Nkoulou qui ne sont pas au top de leur forme en ce moment.
C’est vrai qu’il y a beaucoup de joueurs camerounais, en ce moment, qui ne sont pas titulaires dans leurs clubs. C’est pour ça que nous avons élargi la liste. On a une quarantaine de noms. Nous devons aller voir ces joueurs dans leurs clubs, aux entraînements et en matches. Il y a certains qui jouent en Belgique, qui sont titulaires dans de grands clubs là-bas. Il faudra les voir. Maintenant qu’on a plus le temps et les moyens pour se déplacer, on aura peut-être de nouveaux joueurs lors du prochain regroupement. Mais, on incite nos joueurs à continuer à se battre dans leurs clubs pour retrouver la compétition. Parce qu’un joueur qui ne joue pas en club…peut-être que dans les années 80, à notre époque, était productif en équipe nationale, mais aujourd’hui les choses ont changé, il faut qu’ils jouent. En ce moment, on a besoin de gars qui jouent. On a besoin de résultats maintenant. Pour le moment, je le répète, on a choisi cette continuité parce qu’on a été satisfaits et on veut les voir sur un autre stage, sur un endroit différent et, les prochains mois, nous aurons peut-être d’autres choix à faire.
Propos recueillis par
Pierre Arnaud Ntchapda
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