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Roulez, jeunesse ! (16.02.2004)
Emmanuel Gustave Samnick, à Tunis
La Can 2004 qui s’est achevée samedi dernier en Tunisie nous aura permis d’avoir et de voir
La Can 2004 qui s’est achevée samedi dernier en Tunisie nous aura permis d’avoir et de voir, en trois semaines, un football africain de haute qualité, plaisant et plein de vitalité, que les débordements de quelques joueurs indisciplinés et d’une poignée de supporters attardés n’ont pu masquer. Nous sommes particulièrement heureux de constater que cette vitalité est venue de l’intérieur de l’Afrique ou de sa jeunesse pas encore pervertie par un vedettariat factice.
Au terme du premier tour, plusieurs observateurs, notamment des anciens internationaux, que nous avons rencontrés sur les terrains de la Can 2004, soulignaient le manque de révélations dans cette compétition abritée par la Tunisie, estimant que les joueurs qu’on avait vus (en dehors de deux ou trois) étaient déjà connus en Europe ou en Afrique. Ils devraient sans doute nuancer davantage leur analyse à la fin de la compétition, en tout cas, à notre sens, il y a lieu de saluer cette jeunesse aussi fougueuse que talentueuse qui a sorti ses crocs en terre tunisienne. Il en est ainsi de jeunes protégés de Badou Zaki dans l’équipe du Maroc. Jouao Zaïri (22 ans) joue bien à Sochaux, en D1 française, mais il n’avait pas encore marqué les esprits avant cette Can.
Quant à Youssef Mokhtari (25 ans), il fallait être un initié marocain pour aller le dénicher à Brughauzehn. Et si El Yaagoubi émarge à Osasuna (D1 Espagne), c’est ici qu’on a découvert ses dribbles chaloupés. La même remarque vaut pour l’excellent Kényan de 19 ans Denis Oliech (pro à Al-Arabi au Qatar) et pour l’attaquant nigérian de La Louvière en Belgique, Osaze Odemwingie (23 ans), qui a surpris par son aisance et son sang froid en entrant en jeu contre l’Afrique du sud. Lesquels Bafana Bafana nous ont fait admirer un brillant libero, Mbulelo Mabizela (23 ans), qui évolue à Tottenham en Angleterre.
Comment ne pas tirer un grand chapeau aux sélectionneurs qui ont su faire confiance à des joueurs évoluant
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en Afrique, et démontrer qu’il ne suffisait pas de s’exiler dans un championnat de deuxième division confidentiel en Europe pour avoir un statut enviable d’international. A ce sujet, Roger Lemerre, le patron des Aigles de Carthage mérite une mention spéciale. Il a lancé, et avec quel bonheur, les latéraux Karim Hagui (20 ans, Etoile du Sahel) et Anis Ayari (22 ans, Stade tunisien) ; sans oublier de faire du capitaine Badra (Espérance de Tunis) son relais sur le terrain. L’équipe de Tunisie est l’illustration parfaite de ce que l’on peut faire une sélection à base d’un bon dosage entre joueurs locaux et professionnels expatriés en Europe.
Le Nigeria, qui est sans doute le pays africain qui possède le plus de joueurs à l’étranger, l’a compris aussi en faisant confiance au jeune et brillant gardien de Enyimba FC, Vincent Enyeama, l’un des hommes clés des Super Eagles tombeurs des Lions indomptables en quart de finale, élu meilleur gardien de la Can 2004. L’unique buteur malien lors du match de classement contre le Nigeria, Sedonoune Abouta, est attaquant au Djoliba de Bamako et meilleur buteur du championnat malien. Les Fennecs d’Algérie, eux, nous ont servi la plus grosse sensation du premier tour, un garçon de 25 ans nommé Hocine Achiou. Ce dernier, auteur du but exceptionnel qui bat l’Egypte fut déjà l’homme de l’égalisation contre le Cameroun, avant de délivrer la passe décisive qui a failli éliminer le Maroc à quatre minutes de la fin du quart de finale. Cet homme providentiel évolue à Usm d’Alger.
Il n’y a que le Sénégal et le Cameroun (qui ne se ressemblent pas uniquement par le nom de la sélection) pour ne manifester aucun respect pour le football qui se joue dans leurs territoires, sauf pour boucler la liste avec les deux gardiens remplaçants venus, de Diaraf et Jeanne d’Arc (Sénégal) et de Tonnerre et Coton Sport (Cameroun). On imagine que ces deux sélections sont très fières de leurs performances à la Can 2004, puisque, ici comme là, on a fait savoir que l’on continuera sur la même lancée avec les mêmes entraîneurs. Le football est finalement trop compliqué !
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