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Paul Bahoken :« Les fond et système de jeu des Lions doivent être revus » (26.06.2008)
L’ancien international camerounais ayant fait partie de la grande équipe des Lions indomptables à la Coupe du monde de football de 1982 en Espagne, analyse les performances de l’équipe nationale de football du Cameroun, évoque sa carrière de footballeur et d’entraîneur, et lève un pan de voile sur les affaires qui justifient sa présence dans son pays natal.
Il y a longtemps, on ne vous a pas vu, ni même entendu. Au fait, que devient Paul Bahoken ?
Tous les ans, je suis là (au Cameroun, ndlr). Je suis parti en Europe comme la plupart de mes frères et sœurs. Au terme de ma carrière de footballeur professionnel, je me suis reconverti dans la parfumerie. A ce jour, je suis préparateur en parfumerie. Je n’ai pas coupé le pont avec le football, puisque j’entraîne des équipes amateurs de très bon niveau en France.
Peut-on avoir les noms de ces équipes ?
Il y a eu entre autres Mouans-Sartoux, une équipe qui jouait en division d’honneur, il y a deux ans. La réserve de Grasse a aussi bénéficié de mes services. Il faut également préciser que Grasse est en division d’honneur. A côté de ces équipes, j’ai aussi prêté main forte à d’autres clubs.
Quelle lecture vous suggèrent les prestations des Lions indomptables engagés dans les éliminatoires couplées Can/Coupe du monde 2010 ?
Dans un premier temps, c’est le résultat qui compte. Même ceux qui n’ont jamais joué au football pensent comme moi que le jeu de l’équipe nationale n’est pas celui qu’on est en droit d’attendre. Dans cette équipe, il n’y a pas un leader. Je l’ai toujours dit. Le fond de jeu manque, il y a beaucoup de choses qui handicapent cette équipe. Si je le dis, ce n’est pas pour faire de la critique pour la critique. Je parle ainsi juste pour attirer l’attention des personnes en charge de notre sélection, afin qu’elles trouvent des moyens pour que le Cameroun puisse jouer autrement. Non seulement pour avoir des résultats, mais aussi en y mettant de la manière, car il faut plaire. Le football est un spectacle et les spectateurs y viennent pour tirer une satisfaction. Samedi dernier, le Cameroun a certes gagné face à la Tanzanie au stade omnisports Ahmadou Ahidjo mais bon nombre de spectateurs et autres observateurs avertis n’étaient pas convaincus par la manière. Il faut revoir le système de jeu au sein de cette équipe.
Qu’est-ce qui a changé fondamentalement entre votre époque et celle d’aujourd’hui ?
Il faut savoir que de nos jours, le football est devenu un business. Les joueurs savent qu’ils ont ce qu’ils veulent à la fin d’un match ou d’une compétition, je veux parler du salaire. Qu’ils jouent ou pas, ils seront payés. A notre temps, il y avait très peu d’argent, mais on jouait par amour. Il y avait du bon jeu, de l’entente. Il y avait pas mal de choses qui faisaient en sorte que les résultats suivaient et la qualité de jeu était tout aussi présente. Aujourd’hui des interrogations subsistent. Est-ce la faute des entraîneurs ou c’est une volonté de la part des joueurs qui n’arrivent pas à donner au public un bon football de qualité ? Je n’en sais pas grand-chose.
Au Cameroun, il y a en permanence une guéguerre entre la Fédération camerounaise de football et le ministère chargé des Sports. Vous en avez sûrement eu vent. Quel est votre point de vue au sujet des relations qui devraient exister entre la tutelle et la Fécafoot ?
Allons droit au but. Je pense que c’est une question d’intérêts. L’année dernière, j’ai sollicité un poste pour entraîner la sélection nationale parce que j’en suis capable. Ceux qui viennent coacher les Lions ne sont pas plus capés que nous. Les diplômes qu’ils brandissent, nous les avons également. C’est avant tout une affaire d’intérêts. Chacune des parties veut placer son pion pour pouvoir mieux gérer la suite des évènements. Voilà tout le problème à mon sens. Je peux vous recruter comme entraîneur de la sélection nationale du Cameroun et je
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vous gère à ma manière.
Vous avez assisté à l’inauguration de l’immeuble siège de l’Association des footballeurs camerounais. Quelles sont vos attentes en tant qu’ancien footballeur ?
Je pense que c’est une très bonne initiative. C’est vrai que je ne faisais pas partie de ceux qui ont eu l’idée de créer une association comme celle là, non pas que je ne voulais pas, mais tout simplement parce que j’étais éloigné. Le fait d’avoir créé un tel organisme fera du bien à pas mal d’anciens et de nouveaux footballeurs. Il me semble que cette association pourra subvenir aux besoins de ceux qui, après leur carrière, auront envie de s’intégrer dans le monde du football au Cameroun, je veux parler de la Fécafoot et du ministère en charge des Sports. Cette porte leur sera probablement ouverte. Je crois que c’est l’une des missions de cette association.
Quels sont vos meilleurs et mauvais souvenirs en tant que footballeur?
Mon meilleur souvenir … c’est un peu l’histoire d’un jour où j’écoutais la radio et on appelait les noms des sélectionnés qui devaient aller en Chine. C’était, probablement en 1976 et mon nom était parmi les sélectionnés, j’étais le 17e de la liste. C’est comme cela que mon aventure a continué. A l’époque je jouais dans Stade de Douala. Le mauvais souvenir… bon je suis un garçon honnête. C’est pour cela que je bénéficie de l’estime auprès de plusieurs personnes. On va jouer au Soudan dans le cadre des éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations que la Côte d’Ivoire a abrité en 1984. On joue un match très laborieux, où les Soudanais ont passé le clair de leur temps à blesser nos joueurs. A la fin du match, 7 des nôtres étaient touchés. Le lendemain, je demande où est passé le médecin. On me fait savoir qu’il est allé faire ses courses. Il fait des courses alors qu’il y a des blessés. J’ai dit : « Vous savez, les gens qui aiment se faire voir… » Je m’étais exprimé exactement de cette manière à l’époque. On est allé le rapporter au Dr Motazé. De retour au Cameroun, il s’en est plaint auprès du ministre Mbombo Njoya Ibrahim qui m’a convoqué. Je lui ai relaté exactement ce qui s’était passé. Je n’avais pas insulté ou dénigré. Du coup, moi qui étais à l’origine de la qualification pour la Can, la veille, on ne me sélectionne pas. Je n’ai jamais digéré cet état de choses.
Qu’est-ce qui justifie votre présence au Cameroun en ce moment?
Je suis au Cameroun pour des raisons familiales. Maman est entre la vie et la mort à l’heure où je vous parle. C’est pour cette raison que je me suis précipité au Cameroun. J’ai profité de cette présence pour assister à la cérémonie de l’inauguration du siège de l’Association des footballeurs camerounais (Afc) qui s’est déroulée le 23 juin 2008 à Douala. C’est autant de mobiles qui m’ont poussé à être au pays.
Nous avons entendu que vous avez des problèmes de titre foncier du côté de Soa à Yaoundé. Qu’est-ce qu’il en est exactement ?
Je ne le cache pas. Cela fait 25 ans que cette histoire dure. Je ne comprends pas qu’à Kribi où je possède trois terrains, j’ai obtenu des titres fonciers et qu’à Soa où je me suis installé depuis 25 ans, je ne puisse pas avoir mon titre foncier. Je ne comprends pas. Ce n’est pas faute d’avoir fourni tous les dossiers ou mis tout le monde à l’aise. Ce qui me gêne, c’est qu’à chaque fois que j’arrive au Cameroun, je m’évertue de donner tous les documents qu’il faut et en retour, on me dit c’est bon. Dès que je tourne le dos, on me dit M. Bahoken, il y a un papier que vous n’avez pas fait signé. Le dossier fait du sur place. Quand je reviens un an plus tard, on va dans les vieux placards et on me dit, M. Bahoken, on ne retrouve pas votre dossier. Il faut reconstituer un nouveau dossier. Cette année, j’ai dit que je ne rentrerai pas sans mon titre foncier. Et si je n’ai pas mon titre foncier, je vais porter plainte contre X.
Par Entretien avec Honoré FOIMOUKOM
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