|
La crise du foot business. (13.04.2004)
Source : Le Monde (Edition du 4 avril 2004)
Rarement match de football aura été suivi avec autant d`intérêt, à la Bourse de Londres...
Rarement match de football aura été suivi avec autant d`intérêt, à la Bourse de Londres, que la rencontre entre Manchester United et Arsenal, en demi-finales de la Coupe d`Angleterre, samedi 3 avril 2004 à Villa Park. En cas de victoire, "Man U", le club le plus riche du monde, pouvait sauver une saison marquée d`une pierre noire. Celle-ci a été affectée par des déboires sportifs - élimination en huitièmes de finale de la Ligue des champions, perte quasi certaine du titre de champion d`Angleterre -, mais aussi financiers : rumeurs d`offre publique d`achat de l`homme d`affaires américain Malcolm Glazer, départ du directeur général Peter Kenyon. "Man U" est aussi éclaboussé par le scandale des énormes primes versées aux agents qui ont réalisé le transfert, pour le compte du club, du gardien de but Tim Howard. L’un des intermédiaires en cause n’est autre que Jason Ferguson, le fils de Sir Alex Ferguson, le manager du club. Certes, "Man U" a pu annoncer le 30 mars avoir dégagé, sur le premier semestre de son exercice, un bénéfice imposable de 26,8 millions de livres (environ 268 milliards de F Cfa). Mais cette performance est d`abord le résultat de la cession de ses deux stars, David Beckham et Juan-Sebastian Veron.
Manchester United est certes moins à plaindre que d`autres clubs britanniques. Croulant sous les dettes, en cessation de paiement, Leeds, à la dernière place du classement de la Premier League, a été sauvé à la dernière minute de la banqueroute par un groupe d`investisseurs du Yorkshire. Les performances boursières de Tottenham Hotspurs, Sunderland ou Millwall ont été plombées par leurs résultats décevants sur le terrain. Quant aux clubs privés, ils vivent aux crochets de milliardaires étrangers tels Roman Abramovich (Chelsea), Mohammed Al-Fayed (Fulham) ou Milan Mandaric (Portsmouth). Un sort que pourrait connaître Liverpool, convoité par le premier ministre
|
thaïlandais, Thaksin Shinawatra, l`homme le plus riche de son pays. Un groupe d`investisseurs vénézuéliens lorgne sur Aston Villa, tandis que le Britannique Ken Bates, chassé de Chelsea par M. Abrarnovich, a jeté son dévolu sur Sheffield Wednesday. En Italie, les clubs cotés en Bourse – la Juventus de Turin et les deux équipes de la capitale AS Rome et la Lazio - ne sont guère mieux lotis. Cosnsidéré comme : le deuxiéme: club le plus riche du monde, après Manchester United, selon le cabinet Deloitte & Touche, la Juventus ne renouvellera pas ses exploits de 2003. Champion d`Italie sortant et finaliste de la Ligue des champions, le club avait enregistré des revenus de 251,4 millions d`euros, essentiellement grâce aux droits télévisés (116 millions d`euros).
La survie de la Lazio est encore plus précaire. Son action est suspendue depuis le 16 mars, " pour une durée indéterminée", à la Bourse de Milan. Ancienne propriété du groupe Cirio, dont le président Sergio Cragnotti est en prison, la Lazio a annoncé une perte record de 68,1 millions d`euros au second semestre 2003, réduisant le capital de la société à néant. Autre cas désespéré : l’équipe de Parme, l`un des actifs dont la nouvelle direction de Parmalat cherche à se débarrasser, serait en situation de se qualifier pour la prochaine Ligue des champions si le fisc italien, à qui le club doit 54 millions d`euros, n`avait pas bloqué tous ses comptes en banque...
Les grands clubs anglais semblent mieux armés que les italiens pour affronter la tempête. La formidable popularité à l`étranger, en particulier en Asie, des Manchester United, Chelsea, Liverpool ou Arsenal attire les sponsors. L`équipe d`Alex Ferguson peut compter sur plus de 50 millions de supporteurs sur la planète. Le club a bien diversifié ses recettes entre billetterie (40%), droits télévisés (33%) et merchandising (27%). Et, à l`inverse de ce qui se passe en Italie, les clubs anglais sont propriétaires de leur stade, qu`ils louent aux organisateurs de concerts ou autres manifestations culturelles.).
|
|
|
|
|
|