|
|
Françoise Mbango Etonè : Les regrets d’une championne (17.05.2004)
Christian LANG
A quelques mois des Jeux olympiques d’Athènes, la championne
camerounaise que convoite la France est abandonnée à elle-même.
Une rumeur persistante sur le changement de nationalité de Françoise Mbango, ces derniers jours, a nourri l’actualité sportive. La vice-championne du monde du triple saut allait-elle opter pour la nationalité française, et pourquoi ? Le week-end dernier, Françoise Mbango qui prenait part à la cinquième édition du Yelaim a osé en parler. « Pourquoi tout le monde me demande sous quelles couleurs je vais participer aux prochains jeux olympiques ? », s’interroge t-elle, en ajoutant «attendez les jeux olympiques, vous verrez sous quelles couleurs je vais évoluer. La seule chose que je demande au Cameroun c’est la bénédiction, pour que je puisse enfin gagner une médaille d’or ! »
Françoise Mbango Etonè dont les bonds ne laissent personne indifférent a eu des propositions des autorités sportives françaises. Elles lui demandaient de se naturaliser française. Une sollicitation qui prenait cependant les allures d’un chantage couplé de menaces. « Les Français m’ont demandé de signer la nationalité française. Pour eux, je ne suis pas vice-championne du monde grâce au Cameroun, mais grâce à la France, et ils m’ont avertie que si je refusais de prendre la nationalité française, ils allaient me retirer l’entraîneur français avec qui je travaillais », révèle-t-elle.
A prendre ou à laisser ! Par amour pour son pays, elle n’a pas voulu céder au chantage, malgré la multitude de lettres de menaces qu’elle recevait. Lors des derniers championnats du monde d’athlétisme, l’athlète a arboré les couleurs du Cameroun. « J’ai porté les couleurs du Cameroun lors de ces championnats pour montrer aux Français que j’aimais mon pays. Mais aujourd’hui, je le regrette », affirme Françoise Mbango, sur fond de mélancolie et de gène visibles. Car à quelques mois des prochains jeux olympiques, la vice-championne du monde est littéralement abandonnée à elle-même. La sauteuse n’a plus d’encadreur. « Je m’entraîne seule depuis le mois d’avril pour les jeux olympiques, car je n’ai plus d’entraîneur. J’ai contacté un entraîneur russe qui m’a demandé beaucoup d’argent. Je peux bien payer ; mais j’ai une vie et une famille dont il faut s’occuper », soutient-elle.
Françoise Mbango a un moral quelque peu entaillé.
|
Comment peut-on concevoir qu’une athlète potentiellement capable de remporter une médaille en or se mette à égrener un long chapelet de jérémiades ? Du côté de l’administration compétente, la fédération camerounaise d’athlétisme, l’on se dédouane sans euphémismes. En affirmant naïvement que la fédération n’a pas d’argent, argumentant en plus que les lignes budgétaires 1.5 millions Fcfa, frais de fonctionnement sont très squelettiques. En d’autres termes, la fédération ne peut pas prendre la préparation de Françoise Mbango en charge. Cette administration pense, à tort ou à raison, que c’est le ministère en charge du sport qui devrait s’en occuper. L’on se souvient cependant que cette même Françoise Mbango Etonè a toujours eu des problèmes de préparation ; qu’elle l’a souvent fait à ses propres frais, et que le ministère ne lui a jamais remboursé aucun radis.
Aujourd’hui Françoise Mbango subit des pressions de la part des autorités françaises qui lui demandent impérativement de changer de nationalité, si elle tient à sa carrière sportive. Une situation embarrassante qui procède du manque de politique sportive dans notre pays. Car l’on ne se contente que de claironner les victoires et les mérites de certains sportifs de chez nous qui, malgré les difficultés matérielles et structurelles sortent du lot et de l’anonymat. Sans se soucier de la mobilisation des fonds et de la viabilisation des infrastructures pour leur encadrement. Déjà victime de cet abandon, Hercule Matam a opté pour la nationalité française. Ce virtuose de l’haltérophilie a choisi la France après avoir été abusé par son pays, le Cameroun, auquel il a offert six médailles lors des jeux africains de Johannesburg en Afrique. Il a reçu, en guise de récompense, 45.000 francs Cfa… en compte gouttes. Dans ces conditions comment ne pas céder à la tentation du plus offrant qui, par ailleurs, dispose des structures d’encadrements idoines. Françoise Mbango ne va-t-elle pas aussi succomber à la proposition alléchante des Français, si elle tient encore à sa carrière sportive ? Même si elle affirme aimer son pays, le Cameroun, la vice-championne du monde du triple saut ne cache pas son regret quant à son entêtement lors des derniers mondiaux d’athlétisme au cours desquels elle a arboré les couleurs du Cameroun. Il est possible que ce regret conditionne son choix. Au détriment du Cameroun.
|
|
|
|
|
|
Hits: 4394 | lemessager.net
| | | Toutes les ( 0 ) Réactions
|
|
|
Pour réagir, vous devez être connecté. Enregistrez vous et connectez vous.
|
Première page
Toute l' actualité
|
|
|
|
|
| |
|