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Lions – Reporters : le ping-pong (04.06.2008)
La nouvelle affaire Eto’o, même si elle consiste en un incident fâcheux, pose plus largement le problème de la relation entre les joueurs de l’équipe nationale de football du Cameroun et les journalistes. Les Lions ne veulent pas rencontrer les reporters en dehors de cadres formels comme les conférences et points de presse ; les journalistes refusent de parler aux joueurs parce qu’ils manifestent du mépris pour leur profession en érigeant un mur derrière lequel ils se cachent lors de regroupements au pays.
Officiellement, les Lions et leurs encadreurs justifient le refus de rencontrer les journalistes par la concentration dont ils ont besoin pour préparer les rencontres. Mais sous cape, ils relèvent avec insistance l’obstination de certains journalistes à toujours les arnaquer. “ Ils veulent de l’argent ; c’est tout ”, lancent-ils en aparté. A la vérité, certains journalistes sont souvent mêlés à des transactions immorales. Un comportement si récurrent chez certains reporters qu’il pousse des observateurs à l’inférer sur l’ensemble de la profession. Mais si des journalistes portent une responsabilité dans ce genre de relation, il est évident que le mal prend parfois ses racines dans le comportement des joueurs eux-mêmes.
Les joueurs aussi…
Vous êtes dans votre rédaction. Un joueur évoluant à l’étranger, encore peu connu du grand public, vous appelle pour vous demander d’écrire un article sur ses prestations. Il accompagne volontairement sa demande d’un transfert d’argent à votre nom. Vous prenez l’argent et faites le papier. Son intention est que l’encadrement technique des Lions sache qu’il existe et l’appelle dans l’équipe nationale. De nombreux joueurs faisant partie des équipes senior, junior, cadets, … l’ont fait.
Vous allez au stade. Vous rencontrez un président de club, un directeur d’école de football ou alors un entraîneur qui vous présente un joueur et vous dit : “ Il vient de passer un test dans un club à l’étranger ; on attend de voir son évolution pour le prendre. Si vous faites une bonne communication sur ses performances, il y aura des retombées et tout le monde pourra en bénéficier. ” Plus incisifs, certains dirigeants vont jusqu’à promettre une somme d’argent qu’ils vous donneront chaque fois que vous parlerez de son poulain dans votre support.
Vous recevez un coup de fil. C’est le parent d’un joueur qui vous appelle. Il vante les mérites de son “ fils ” qui a besoin de visibilité pour que sa carrière décolle véritablement. Quand vous prenez rendez-vous à votre rédaction, il arrive, parfois avec de faux documents, et vous convainc de publier un article sur ce joueur. Il
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appuiesa demande d’une enveloppe que vous n’avez pas demandée. Le papier passe. Le jour où son fils de joueur arrive au pays et que vous demandez à le rencontrer, ce parent est le premier à dire : “ On le connaît ; il veut l’argent. Il suffit de lui en donner pour qu’il dise ou écrive ce que tu veux ”.
A partir de ces exemples, on peut s’imaginer qu’une relation véritablement professionnelle ne pourra plus s’établir entre le joueur, l’encadreur ou le parent qui a fait la proposition, et le journaliste qui l’a acceptée. Que les joueurs affirment donc que les journalistes leur prennent de l’argent, c’est peut-être vrai. Mais rejeter la responsabilité exclusive de ces actes sur les reporters relève probablement de la malhonnêteté.
Nécessaire proximité
Aujourd’hui, le malaise est profond. Ce qui est sûr c’est qu’au cours d’une assise, les journalistes ne manqueront pas de formuler ces griefs. Cette dénonciation pourra déboucher sur un imbroglio qu’il sera difficile de gérer par la suite. Le report, lundi 02 juin, de la rencontre dite de réconciliation sous l’égide du ministre des Sports… Thierry Augustin Edjoa, entre les Lions et la presse, a ainsi momentanément permis d’éviter qu’on en arrive là.
Au-delà du tort que les journalistes et les Lions se rejettent, on peut se demander ce que seraient les Lions sans la presse ou, à l’inverse, ce que serait la presse sans les Lions. Dans ce jeu, les choses se tiennent. Ne pas approcher les Lions c’est priver le public d’informations qu’il attend. Et refuser d’accorder des entretiens à presse, c’est “ manger le légume sur son propre couscous ”. D’où la nécessaire proximité qui devrait exister entre les Lions et les journalistes. Pourquoi cette proximité est-elle maintenant compromise ?
Pour les journalistes, les Lions, l’encadrement technique et la fédération ont peur qu’ils dévoilent les scandales dont ils sont souvent les acteurs. Grands jouisseurs pour la majorité, les joueurs de l’équipe nationale sont souvent mêlés à des histoires de mœurs que l’on découvre lors des regroupements. Les journalistes dévoilent certaines et cachent d’autres. Mais aussi, souvent, des journalistes “ francs-tireurs ” racontent des histoires sur des joueurs ou leur font carrément du chantage. Les dénonciations, quand elles sont justes, ont le mérite de faire améliorer. De ce point de vue, la presse tiendrait bien son rôle de chien de garde car l’objectif, au final, c’est que l’équipe nationale se porte bien et qu’elle réussisse. Il serait donc important de mieux organiser la communication autour des Lions pour éviter certains éceuils.
Par Alexandre T. DJIMELI
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