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Cameroun 94, des Lions vraiment Indomptables (22.08.2011)
3e de la Coupe du Monde en 1986 avec l’équipe de France en tant que sélectionneur, Henri Michel vécut une World Cup 1994 catastrophique avec le Cameroun. Loin du visage rayonnant affiché en 1990 en Italie, les Lions Indomptables sabordaient leurs propres chances avant même d’affronter la Suède pour leur entrée dans le tournoi, au premier tour ... Deux heures avant le match, Henri Michel, loin d’aborder des problèmes tactiques avec ses joueurs, en était réduit à négocier les primes de victoire avec l’ensemble de la sélection camerounaise ...
C’est en 1982 que le Cameroun accède pour la première fois à la phase finale de la Coupe du Monde.
En Espagne, les coéquipiers de Roger Milla tombent dans la poule A, celle de l’Italie, du Pérou et de la Pologne.
Dans ce Mundial ibérique, les pays africains manquent l’exploit de peu ... Condamnée par la tricherie germano - autrichienne, l’Algérie de Madjer et Belloumi passe à la trappe malgré sa victoire légendaire sur la grande RFA, championne d’Europe en titre (2-1) ...
Qu’ils semblent loin les fastes de Rome en 1980 pour les coéquipiers de Rummenigge, dans la chaleur de Gijon, face aux fennecs algériens ... Du Capitole à la Roche Tarpéienne, il n’y a qu’un pas ...
Le Cameroun, lui, est victime d’une erreur d’arbitrage au premier tour. Affrontant le Pérou de Cubillas à la Corogne, le Cameroun fait match nul1-1, Roger Milla se voyant refuser un but valable par l’arbitre autrichien Woehrer.
Eliminé au goal-average particulier par l’Italie de Bearzot, le Cameroun perd une occasion unique de rencontrer les virtuoses Zico, Socrates, Falcao, clés du voûte du grand Brésil coaché par Tele Santana ...
Exit le Cameroun en 1982. Absent en 1986, le Cameroun revient en phase finale en 1990, auréolé de deux couronnes de champion d’Afrique remportées en 1984 et 1988 (le deux fois face au Nigeria).
En 1990, les Lions Indomptables seront l’épouvantail de la compétition. Sous l’égide de deux joueurs d’exception, le Cameroun crée la sensation d’un bien pâle Mondiale italien. Le premier est le gardien de but Thomas NKono. Finaliste de la Coupe UEFA en 1988 avec l’Espanyol Barcelone, N’Kono devient l’idole d’un adolescent italien rivé à son tube cathodique.
Par procuration, le jeune Gianluigi Buffon vit les exploits de N’Kono. Offensivement, c’est Roger Milla, phénix ressuscité après une saison aux oubliettes, qui fait du Cameroun la surprise du chef.
Tombeur de l’Argentine de Diego Maradona en match d’ouverture à Milan (1-0), vainqueur de la Roumanie d’un autre Maradona, celui des Carpates (alias Gheorghe Hagi), le Cameroun impose ensuite sa férule à la Colombie ....
Avec quatre buts (deux doublés face à la Roumanie puis la Colombie), Roger Milla est à 38 ans le héros de tout un peuple ...
En quarts de finale, les Lions Indomptables frôlent l’exploit contre l’Angleterremais le réalisme de Gary Lineker ramène les doubles champions d’Afrique à la raison. Le volcan de San Paolo, àNaples, entre en éruption pour un des rares matches d’anthologie de ce Mondiale 90 (3-2 pour l’Angleterre).
Comme en 1966 à Liverpool, l’outsider est ramené à la raison par le favori européen. A l’époque, la Corée du Nord avait plié puis rompu face au festival d’Eusebio. La vedette du Benfica Lisbonne, fort d’un quadruplé, avait renvoyé les surprenants Nord Coréens au pays (5-3)...
En 1994, Henri Michel conduit la délégation camerounaise aux Etats-Unis. Premier pays africain à avoir atteint les quarts de finale d’un Mondial en 1990, le Cameroun fait la fierté du continent noir, tout en proposant un football plein de panache.
Très attendu, le Cameroun n’était cependant pas en Tunisie au printemps 1994, éliminé par le Gabon en éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations. La CAN 1994 verra la victoire du Nigeria contre la Zambie. L’émergence du Nigeria de Yekini fait de l’ombre au prestigieux Cameroun, tandis que la Zambie de Kalusha Bwalya, plongée dans le chaos après le terrible accident d’avion de 1993 ayant tué18 joueurs au Gabon, a opéré une formidable rédemption.Star de l’équipe zambienne, Bwalya a échappé la mort, retenu en Europe avec son club, le PSV Eindhoven.
Mais quatre ans après l’euphorie de 1990en Italie, les Lions Indomptables vont vivre un calvaire aux Etats-Unis. Loin des espoirs des supporters, le Cameroun va échouer durant cette World Cup américaine. En 1994, au lieu de préparer sereinement son premier tour à Los Angeles contre la redoutable Suède de Ravelli et Brolin, demi-finaliste de l’Euro 92, le Cameroun est pris dans d’infernales tourmentes politiques ...
Les querelles entre joueurs et dirigeants vont miner l’autorité du sélectionneur. Dans une délégation qui sent le soufre, l’ambiance explosive rend la cohabitation impossible, et toute ambition sportive devient vite utopique pour Henri Michel.
La sélection camerounaise de 1994, fait alorscohabiter de jeunes espoirs comme Rigobert Song (18 ans), Marc-Vivien Foé (19 ans) et des vétérans tels que Roger Milla (42 ans), qui détrônera le gardienitalienDino Zoff comme plus vieux joueur de l’Histoire des Coupes du Monde, mais aussi Thomas N’Kono (38 ans) ou encore Joseph-Antoine Bell (40 ans). Le troisième gardien, Jacques Songo’o, qui est alors le portier du FC Metz, ferait presque figure de novice avec ses 30 printemps!
Henri Michel, au lieu de préparer mentalement ses joueurs à la compétition suprême que représente un Mondial, se trouve confronté à des problèmes extra-sportifs, loin de l’harmonie qu’il a pu vivre avec la fantastique équipe de France de
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1986, celle du carré magique Platini - Giresse - Tigana - Fernandez, tombeuse de deux triples champions du monde, l’Italie de Rossi et le Brésil de Socrates ...
Aux antipodes de son aventure mexicaine, Henri Michel n’en est même pas à aborder des considérations tactiques à quelques heures d’affronter les Suédois au Rose Bowl de Pasadena.
Ses joueurs sont obsédés par les primes, pris dans le tourbillon d’un conflit avec la Fédération camerounaise ...
Sabordant ses propres chances, le Cameroun néglige l’exigence professionnelle que représente une World Cup.
S’il fait illusion face à la Suède (2-2), encore au rodage, notamment grâce un but d’Omam-Biyik (le héros de San Siro en 1990 contre l’Argentine), le Cameroun explose au deuxième match face au Brésil de Carlos Alberto Parreira (3-0). L’hégémonie brésilienne se matéralise par trois buts de Romario,Bebeto et Marcio Santos.
Au troisième match, le Cameroun tombe de Charybde en Scylla. Non seulement la défaite cinglante contre la Russie (6-1) sonne le glas des espoirs camerounais, mais les joueurs d’Henri Michel paient au prix fort leur préparation bâclée d’avant World Cup ...
Le contraste est saisissant avec le Nigeria qui domine au premier tour la Bulgarie (3-0) et la Grèce (2-0). Battus par l’Argentine de Diego Maradona au premier tour (2-1), les coéquipiers de Yekini s’inclineront ensuite en huitièmes de finaleface à l’Italie de Roberto Baggio, le virtuose de la Juventus profitant du manque d’expérience des Super Eagles à ce niveau de la compétition. Cependant, le Nigeria a sauvé l’Afrique, le Maroc et le Cameroun ayant échoué au premier tour. Si le Maroc (pour sa troisième participation en 1970 et 1986) peut invoquer l’inexpérience, le Cameroun n’a pas d’excuses, même si la concurrence était rude avec le Brésil de Romario et la Suède de Brolin.
La médiocrité du parcours camerounaisest obscurcie par le double record vécu ce jour là à San Francisco face à la Russie (1-6), via le quintuplé d’Oleg Salenko, l’attaquant russe de Valence, et le but marqué à 42 ans par Roger Milla!
Sauvant l’honneur de la nation,le Vieux Liona pourtant la montré la voie à d’autres grands joueurs africains ... les Ghanéens Abedi Ayew Pelé (Olympique de Marseille)et Anthony Yeboah (Einthracht Francfort), le Libérien George Weah (Monaco, Paris SG, Milan AC), le Nigérian Nwankwo Kanu (Ajax Amsterdam), l’Ivoirien Didier Drogba (Olympique de Marseille, Chelsea), le Ghanéen Michael Essien (Lyon, Chelsea)et le Camerounais Samuel Eto’o (FC Barcelone, Inter Milan) continuent de porter haut les couleurs africaines en Europe ...
Orphelin de Roger Milla depuis 1998, le Cameroun s’est trouvé un autre attaquant de génie avec Samuel Eto’o, triple champion d’Europe des clubs en 2006 et 2009 avecles Dreams Teams du FC Barcelone, puis en 2010 avec l’Inter Milan de Mourinho.
Non qualifié en Allemagne en 2006, le Cameroun a mordu la poussière au premier tour en 1998 en France, en 2002 au Japon puis en 2010 en Afrique du Sud.
Indigne de ses exploits passés en Italie en 1990 et des promesses entrevues en Espagne en 1982, le Cameroun n’a plus gagné un seul match de Coupe du Monde depuis le 23 juin 1990 à Naples, face à la Colombie du fantasque gardien René Higuita.
Le déclin amorcé en 1994, par la faute d’une bien triste sélection, semble n’avoir pas de fin, tel un gouffre sansfond.
A nouveau champion d’Afrique en 2000 et 2002, médaillé d’or aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000, le Cameroun semble frappé du sceau de la malédiction en Coupe du Monde. Le beau parcours de 1990 semble être un héritage en forme de cadeau empoisonné pour les générations qui ont rêvé devant les buts de Roger Milla ... Indigne de son potentiel, sans cesse gangréné par les querelles de primes de match (l’édition 2002 n’a pas fait exception), le Cameroun végète.
Malheureusement pour l’Afrique, d’autres pays que le Cameroun vont condamner leurs chances en Coupe du Monde. Si le Sénégal réédite l’exploit d’aller en quarts de finale en 2002, le Nigeria a gaspillé ses chances en 1998. Vainqueur du favori espagnol au premier tour (3-2), en tête de son groupe, les Super Eagles sont laminés par le Danemark en huitièmes de finale (4-1). Les coéquipiers de Michael Laudrup écrasent une équipe du Nigeria méconnaissable ... La cause sera connue par la suite, Jay Jay Okocha et ses camarades ont passé la nuit en discothèque. Le boomerang est revenu en pleine face.
L’adrénaline laissée dans la nuit parisienne a manqué au moment de combattre les Vikings au Stade de France.
Quant au Ghana, en 2006, après s’être extrait d’un premier tour compliqué face à l’Italie et à la République Tchèque, il cède face au Brésil 3-0 en huitièmes de finale, corrompu par les mafias asiatiques de paris truqués ...
Pis encore, le rôle de leader du continent africain ne cesse de changer de pays ... Le Cameroun en 1994, le Nigeria en 1994 et 1998, le Sénégal en 2002, la Côte d’Ivoire en 2006, le Ghana en 2010, alors que l’Egypte gagne souvent la Coupe d’Afrique mais échoue presque toujours pour se qualifier en Coupe du Monde ...
L’Afrique verra-t-elle un jour un de ses pays en demi-finale de la Coupe du Monde? Outre l’Europe et l’Amérique du Sud, tous les autres continents ont réussi à atteindre ce cap. L’Amérique du Nord (Etats-Unis demi-finalistes en 1930) et l’Asie (Corée du Sud demi-finalisteen 2002) y sont parvenus.
par AxelBorg
http://www.sportvox.fr/article.php3?id_article=29660
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