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Remise en forme : Multiplication demande régularisation . (30.07.2004)
Benoît Léty (Stagiaire)
La Fécaspt peine à recenser tous les centres et à mener sa politique de légalisation.
Les salles de remise en forme à Yaoundé, c`est l`antre des beaux corps et des machines de travail fraîchement repeintes, c`est aussi l`antre des vieux appareils d`occasion, dans des locaux plutôt réduits, et, à chaque fois, avec un personnel plus ou moins qualifié. Les gros bras viennent pour soigner leurs muscles, les clients plus âgés cherchent à garder la forme, d`autres à perdre du poids, ou faire du sport pour se détendre, tout simplement. Les moniteurs sont là pour donner des conseils, dire de ralentir, de se décrasser, pour guider vers un appareil particulier, ou pour pointer la montre afin de faire comprendre qu`il est l`heure de s`en aller.
À Yaoundé comme à Douala, des salles de remise en forme ont été créées un peu partout, dans les centres-villes et dans les quartiers. Le phénomène atteindrait même, à un degré moindre, Bafoussam, Bamenda ou Maroua. Depuis 1999, il existe pourtant une fédération qui devrait assurer la coordination de ces salles : la fédération camerounaise de sport pour tous (Fécaspt). Elle doit chapeauter toutes les activités sportives dites de loisirs, c`est-à-dire tous les groupes et associations ne participant pas à une compétition.
Pour l`instant, il n`existe pas de véritable harmonisation, la majorité des salles ne sont pas agréée par le ministère de la jeunesse et des sports (Minjes), et pire, la Fécaspt peine à les recenser toutes. Pourtant, la législation est claire : les centres doivent être agréés, et pour cela, le personnel doit être formé, avoir un diplôme, une attestation. La loi régissant ces centres est la charte des activités physiques et sportives, du 5 août 1996. Selon l`article 38 : "l`enseignement des activités physiques et sportives peut être assuré en dehors des grands centres urbains en l`absence des qualifications requises. Auquel cas, le postulant au titre d`enseignant, d`entraîneur ou de moniteur est tenu de produire une attestation délivrée au terme d`une formation ou d`un stage organisé par un établissement national de formation habilité, une fédération sportive civile ou par un établissement étranger réputé équivalent". Pour Jean-Georges Bissene, chargé d`études au Minjes, "il faut un exercice physique approprié. Le moniteur qui vous fait faire des mouvements pourrait vous esquinter. L`encadrant doit avoir les notions pédagogiques."
Exercice libre
Dans les différentes salles de Yaoundé, cette réglementation n`est pas vraiment connue. Les fédérations relayent le Minjes pour l`exécution de la législation. Vu la jeunesse de la Fécaspt, ces règles ne sont pas appliquées. La majorité des salles emploient des moniteurs, certes sportifs, mais non officiellement qualifiés. Doutant de leur légalité, le personnel des salles reste souvent très discret sur les formations qu`ils ont suivies et ne souhaitent pas trop en parler aux médias. Le club Carter body and fitness center, place Repiquet, est ouvert depuis un mois, toujours en période d`essai. Le club semble soigner une image de marque avec du matériel neuf, apparemment inédit en Afrique centrale, et des moniteurs largement musclés recrutés dans les autres grands centres de la capitale. Pourtant, Albert Medjo, le superviseur général, affirme qu`il ne recrute pas selon les diplômes mais selon les compétences constatées. "Nous voulons que les moniteurs aient de l`expertise ;
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c`est là dessus que j`embauche." Ainsi, Marco Tanga, ancien culturiste et moniteur au club Carter, affirme s`être formé par la lecture et par un stage d`une semaine dans son ancien club, le club olympique à Bastos, aujourd`hui fermé.
"Il y a une commission qui venait d`Europe avec deux moniteurs haltérophiles et culturistes." Albert Medjo se défend en minimisant l`importance de la fédération: "nous sommes certifiés sur le plan légal général. Les fédérations peuvent juste nous reconnaître efficaces pour qu`elles nous envoient leurs membres. Le comité olympique a déjà dit que l`on est apte à entraîner n`importe quel sportif." La situation est plus critique quant à la qualification des moniteurs dans les centres de quartiers. Ils ne portent pas de nom et affichent des services tels que les massages, les soins esthétiques, l`aérobic, la musculation ou les soins du corps. Certains clament même les bienfaits médicaux de leurs traitements. Au centre de remise en forme de la direction des Impôts, par contre, tout est en règle : les professeurs connaissent toute la législation et ont été formés à l`Institut national de la jeunesse et des sports (Injs). Le centre est ouvert le soir, en priorité pour les employés et familles des employés du ministère des Finances et du Budget.
Les clients utilisent peu les appareils et écoutent plutôt les moniteurs pour de petits exercices physiques. Avant de s`inscrire au centre, ils se soumettent même à un examen médical pour connaître leurs besoins ou incapacités spécifiques. Le Minjes avait contrôlé le site à l`ouverture, voici quatre ans. Henri Mbappe, responsable de la salle, avoue ne pas se rappeler un autre contrôle depuis. Le centre Vital Plus, près de la Banque des États d`Afrique centrale (Beac), présente une situation médiane. Il dispose d`appareils d`occasion en libre service, d`une petite piscine, d`un sauna... La seule intervenante permanente est l`esthéticienne. Mais pour les cours de gym, ce sont des professeurs agréés, employés temporaires, qui se déplacent au centre tous les soirs. Michel Pouani, directeur de ce centre, fait partie de la commission que la Fécaspt a consultée pour établir les nouveaux dossiers d`agrément et d`adhésion à la fédération.
Après trois ans d`existence, la Fécaspt est toujours dans une démarche d`approche et de sensibilisation : "Nous avons d`abord une politique d`attrait ; que les centres viennent vers nous.", explique Jean Esperat Mama Mboa, secrétaire général de la Fécaspt. Depuis sa création, cette fédération a un projet de régularisation et d`harmonisation des centres, mais celui-ci n`aurait pas été réalisé jusqu`à présent faute de temps. Aujourd`hui, ses dirigeants semblent vouloir agir rapidement : "On va refaire descendre les dossiers ; on leur donne deux mois pour qu`ils se formalisent". Par ces dossiers, la fédération camerounaise du sport pour tous souhaite faire adhérer les clubs et leur assurer l`agrément auprès du Minjes. Pour les clubs n`ayant pas de personnel formé, "nous avons trouvé un palliatif pour convenir à tout le monde, pour former les gens qui encadrent actuellement avec des stages d`une semaine ; on leur délivre un diplôme. On a déjà formé 70 encadreurs à Douala, suite à deux stages." Le secrétaire général affirme que la fédération passera au stade de la répression, toujours par le biais du Minjes, si des centres refusent de se mettre en règle. Une déclaration confirmée par Jean-Georges Bissene du Minjes.
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