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Ecoles de football : Les parents entrent en jeu . (06.08.2004)
Brice R. Mbodiam
Ils ne lésinent plus sur les moyens financiers pour assurer l`éclosion du talent de leurs enfants.
Qu`elle est désormais lointaine! Cette époque où les jeunes gens subissaient quotidiennement des fessées mémorables, pour avoir abandonné les travaux domestiques, au profit d`une partie de football sur un terrain vague du quartier. Ou alors, quand ces adeptes précoces du ballon rond se pointaient au domicile familial, le jour des résultats, avec un bulletin de notes pas très reluisant. Il était d`ailleurs récurrent que le premier réflexe d`un parent, piqué par la colère à la suite d`un échec scolaire de son fils, soit de lui interdire purement et simplement de jouer au foot. Et puis vint l’été 90. Avec cette fameuse Coupe du monde en Italie. Au cours de ce rendez-vous mondial du sport roi, les Lions indomptables séduisent le monde entier. Mieux, les médias camerounais, au même titre que leurs confrères de l`Occident, que quelques compatriotes privilégiés peuvent déjà à l`époque recevoir par des antennes paraboliques, ne font aucun mystère du pactole engrangé par chaque joueur à la fin de la compétition.
Déclic. Les parents, comme par enchantement, changent de fusil d`épaule. Du coup, ils abandonnent le rêve de voir un jour leur fils dans la blouse blanche des médecins. Ou dans une robe d`avocat. La raison ? "Grâce aux médias, nous avons compris que les footballeurs avaient des salaires qui sont de loin supérieurs à ceux des enseignants d`Université", reconnaît Antoine Jietcheu Nganguen, Comptable à l`Ecole nationale supérieure polytechnique (Ensp), qui a fait inscrire ses deux enfants dans des écoles de football de la capitale.
A l`instar du comptable de l`Ensp, nombre de parents commencent donc à entretenir l`espoir, d`abord secret, puis clairement dévoilé, de devenir, un jour, le père ou la mère d`une star de l`équipe fanion du Cameroun. L`occasion faisant le larron, plusieurs Camerounais, opportunistes ou non, se lancent dans la création des centres de formation et autres écoles de football pour jeunes.
En somme, ainsi que l`affirme Pascal Atangana, président du Conseil d`administration du centre de formation de football semences olympiques (Cffso) de Yaoundé, "le football devient une véritable industrie" dans laquelle les parents des jeunes footballeurs constituent, par le biais de leurs enfants, la principale matière première. Puisque désormais, "ce sont eux qui viennent vers nous", soutient Thérèse Manguélé, promotrice du centre de formation "Emergence sport academy" à Yaoundé. Si cette dernière déclare qu`elle
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"formepour l`instant les enfants gratuitement", son collègue de "Semences Olympiques" avoue ne pas être "un partisan de la gratuité. Tous les parents aimeraient voir leurs enfants débarquer au pays et changer de voiture comme le fait Eto`o. Nous proposons aux parents un cadre propice à la réalisation de ce rêve. Mais, avant d`en arriver là, il y a de gros investissements à faire. Je dépense, pour le loyer et le téléphone, environ 7 millions de francs Cfa par an", révèle Pascal Atangana. Les parents doivent donc mettre la main dans la...poche. En guise d`exemple, le dernier voyage en Espagne de 24 pensionnaires du Cffso a coûté à chaque parent près d`un million et demi de nos francs.
Malhonnêteté
En plus, hormis la caution de 50 000 francs, remboursable au cas où un enfant de ce centre de formation n`a détruit ou fait disparaître aucun matériel, les parents des 87 stagiaires que compte le Cffso doivent débourser, annuellement, 175 000 francs chacun. Au titre de l`assurance, de l`inscription et autres frais de fréquentation. Sans compter que la structure met à la disposition des jeunes footballeurs des équipements à acheter. Obligatoirement. A la Kadji Sports academy (Ksa), les parents des stagiaires non boursiers débourseraient annuellement, selon des sources concordantes, plus du million de francs.
Des sommes faramineuses qui sont, aux dires des promoteurs des centres de formation, utilisées pour payer les salaires des entraîneurs et autres charges, puis à acheter ou renouveler les équipements et le matériel d`entraînement. Bon an mal an, les parents des futures gloires se soumettent à toutes ces exigences. Mais, avec des fortunes diverses.
Car, déclare Thérèse Manguélé : "Il y a beaucoup de malhonnête dans le milieu du football". En deux ans, Antoine Jietcheu Nganguen révèle qu`il a déjà dépensé en moyenne 4 millions de francs, pour ses deux enfants. Surtout parce que, lui-même, essaye de leur trouver des contrats à l`étranger. "Prétextant me mettre en contact avec un mécène, quelqu`un m`a pris 530 000 francs avant de s`évanouir dans la nature", affirme-t-il. Cependant, il ne lâche pas prise.
Celui-ci n`a d`ailleurs pas hésité, afin que son fils soit particulièrement suivi aux entraînements, à offrir le mobilier de bureau au promoteur du centre de formation de l`un de son enfant. Tout comme il n`a pas été réticent à "mettre les plantations en location au village, fait des prêts auprès des amis et des membres de la famille". Dans l`espoir qu`un jour, ces efforts seront récompensés. Que le rêve de devenir père d`un Lion indomptable se réalisera.
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