|
|
Décès d’un grand maître : Le dernier “ Kata ” de Me Bikout (29.09.2005)
La grande famille camerounaise des arts martiaux est en deuil. Elle vient de perdre un grand karatéka, classé parmi les précurseurs du “ full contact ” au Cameroun.
Les pratiquants des disciplines de combat au Cameroun sont, depuis la nuit du vendredi 16 septembre, inconsolables. Cette nuit-là, aux environs de 22 heures, un des leurs, Me Jean-Luc Bikout, ceinture noire 7ème dan en karaté, vice-champion du monde, ô sensei, est passé de vie à trépas à l’hôpital Laquintinie des suites d’une courte maladie. La levée de corps de cet éminent pratiquant des arts martiaux a lieu ce jeudi 29 septembre à partir de 14 heures 30’ à la morgue de la formation hospitalière dans laquelle il s’est éteint. Suivra ensuite la mise en bière et une procession des clubs d’arts martiaux en compagnie du corbillard transportant le corps, à travers des artères de la ville de Douala.
La dépouille mortelle du grand maître Jean-Luc Bikout sera transférée dans son village natal Ndokononoho par Ndikinimeki le lendemain, vendredi 30 septembre, à partir de 3 heures du matin. Ce grand sportif, classé parmi les précurseurs du “ full-contact ” au Cameroun, sera inhumé dans son village samedi 1er octobre. Me Jean-Luc Bikout dont les pairs rencontrés par Le Messager reconnaissent que ce décès est une très grande perte pour les arts martiaux camerounais. Le défunt rejoindra ainsi, dans l’au-delà, nombre d’autres spécialistes des disciplines sportives de combat l’y ayant précédé : Mes Samuel Tchouante dit “ Mauvais grain ”, Gilbert Nsangou, Martin Nséké, Georges Dimitras, Bezon…
Un vide difficile à combler
“ Il était un très grand sportif, bon dans les coups de pied ” reconnaît Me Georges Songouayen, ceinture noire 6e dan, proche et grand ami du défunt, en dissimulant mal sa peine. “ Côté humain, c’était un rassembleur, intègre et toujours prêt à partager. Son départ laisse un vide dans le monde des arts martiaux ”, poursuit-il, tout en faisant un vœu très significatif : “ Puisse son esprit guider les nouvelles générations des karatékas ! ” Ces propos de Me Georges Songouayen qui, à une époque fût entraîneur national de karaté au Cameroun, sont confirmés au quotidien Le Messager par nombre d’autres spécialistes des arts martiaux ayant côtoyé Me Jean-Luc Bikout de son vivant.
C’est vers la fin des années 70 que Me Jean-Luc Bikout embrasse les arts martiaux, grâce aux films chinois dont l’une des finalités à l’époque était la promotion d’une nouvelle discipline sportive, le karaté. Marqué par la dextérité,
|
larapidité, bref les techniques des Chinois qu’il assimilait à travers les films le détermineront à se lancer dans le karaté. Confrontés aux difficultés de la vie parce que issus de la couche défavorisée de la société, le jeune Jean-Luc Bikout et certains de ses amis, témoigne un de ceux-ci, “ établissent leur quartier général près de Cinécam où étaient projetés à longueur de journée des films chinois dont ils raffolaient. ”
A la sortie de chaque séance de cinéma, il faut passer à la phase pratique par des démonstrations à la Bruce Lee. Jean-Luc Bikout se fait alors remarquer par ses frappes, sa dextérité, sa résistance et la maîtrise des “ kata ”. Toutes choses qui facilitent son recrutement par Sonel Karaté club, l’un des tout premiers clubs d’arts martiaux de la ville de Douala. Sous la supervision de feu maître Nsangou Gilbert, Jean-Luc Bikout gravira les échelons jusqu’à la ceinture noire. Ce qui le propulse dans la cour des grands maîtres de karaté. D’abord de la capitale économique, puis du Cameroun.
Du karaté au full-contact
Travailleur et ambitieux, il séduira à chacune de ses sorties, au point d’amener le très grand maître Samuel Tchouante dit “ Mauvais grain ”, de regretté mémoire, à le féliciter en public. C’était au cours de son passage au grade de ceinture noire 2ème dan, aux côtés des Mes Alain Maurice Ekotto, Victor Youmbi, Dominique Eyene et Georges Songouayen. Il s’envolera ensuite pour la Côte d’Ivoire, puis des pays d’Europe et les Etats-unis où, en marge de ses affaires privées, il continuera avec les arts martiaux. Il entrera aussi en contact d’une autre discipline des arts martiaux, le full-contact. Aux Etats-Unis, aux côtés de très grands karatékas, Me Jean-Luc Bikout, tout en améliorant sa technique, va glaner des trophées.
Le trophée de la 3e place du championnat nord-américain lui sera remis par le célèbre Chuck Norris en personne ; celui d’instructeur international par Me John Rhee (ceinture noire 10e dan). De retour au Cameroun, Me Bikout Jean-Luc sera l’un des initiateurs de la nouvelle discipline dont il a pris connaissance aux Etats-unis: le “ full contact ”. Instructeur d’arts martiaux dans plusieurs entreprises au Cameroun, il va former une nouvelle génération de karatékas alertes et aguerris. La quarantaine largement dépassée, et à la suite des maîtres Nsangou Gilbert, Nseke Martin, Dimitras Georges, Bezon…, la mort a eu le dessus sur lui le 16 septembre dernier… Salut l’artiste !
Par Bernard BATANA et Honoré FOIMOUKOM
|
|
|
|
|
|
Hits: 2943 | lemessager.net
| | | Toutes les ( 0 ) Réactions
|
|
|
Pour réagir, vous devez être connecté. Enregistrez vous et connectez vous.
|
Première page
Toute l' actualité
|
|
|
|
|
| |
|