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Iya Mohamed : Nos finances prennent un sérieux coup (13.01.2006)
Le président de la Fécafoot dresse le bilan de la saison 2005 et évoque les enjeux de 2006.
Recueillis à Garoua par Dieudonné Gaïbaï
Quel bilan faites-vous de la saison sportive 2005 ?
Je dois dire que la saison qui s’achève a été très difficile compte tenu des problèmes administratifs, organisationnels et surtout financiers. On peut dire que c’est un bilan moyen ou peut être mitigé dans la mesure ou nous n’avons pas pu respecter à la lettre tous les objectifs que nous nous étions fixés au début de la saison dernière. Nous avons eu à gérer les difficultés de fonctionnement de certaines ligues notamment celles du Littoral et de l’Ouest. Sur le plan financier, nos comptes ont été bloqués de manière régulière. Sur le plan sportif, les résultats n’ont pas suivi. Que ce soit sur le plan des équipes engagées en compétitions africaines ou encore de l’équipe nationale de football.
Le Cameroun participe dans une semaine à la Coupe d’Afrique des Nations en Egypte. Comment est –ce que la Fécafoot a préparé cette participation? Avez-vous été en synergie avec le ministère des Sports ?
Moi je pense qu’entre le ministère des Sports et la fédération, il n’y a pas de problèmes concernant notre participation à la Coupe d’Afrique des Nations. Compte tenu de la modicité de nos moyens, nous avons tout de même organisé deux matchs amicaux, un stage à Tunis et nous avons convoqué et encadré les joueurs. Ce qui porte à croire que nous aurons une belle prestation.
Vous ne redoutez pas les adversaires de la poule du Cameroun?
Ce sont des adversaires de taille, puisque l’Angola et le Togo se sont qualifiés pour la coupe du Monde. Il y a aussi la RDC qui est une habituée des grands rendez-vous sportifs. Je pense quand même en toute humilité que le Cameroun pourrait tirer son épingle du jeu.
Le championnat de 1ère division démarre le 28 janvier prochain. Doit-on s’attendre à des innovations majeures dans son déroulement?
Innovations majeures…non ! Mais on espère qu’au cours de la saison 2006, il n’y aura pas de cacophonie puisque les textes ont été clarifiés en ce qui concerne le championnat et la Coupe du Cameroun. Aussi, nous aurons un nouveau stade, celui de Foumban, qui devrait accueillir les matchs de D1. Sinon, nous sommes tous conscients des torts que nous avons créés sur l’image du football camerounais. Je pense que tous les acteurs en sont conscients et on doit s’attendre à un championnat empreint de sérénité. L’esprit du fair-play devrait prévaloir.
L’insécurité dans les stades a jeté du discrédit sur le déroulement de la saison dernière. Des mesures spéciales ont-elles été prises pour y remédier cette année ?
Il faut rappeler quand même que, s’il y a eu des désordres la saison dernière, c’est en partie en raison de la crainte d’une éventuelle descente en D2. Un tiers des clubs de D1 devaient théoriquement descendre en division inférieure. Ce qui a fait monter les enchères, la pression. Les équipes ayant évolué avec la peur dans le ventre. Vu le nombre d’équipes appelées à descendre nous espérons que cette année sera plus sereine sur le plan sécuritaire.
Au cours de l’année 2005, les relations entre l’exécutif fédéral et les ligues provinciales, notamment celles du Littoral et de l’Ouest n’ont pas été sereines. Quel est l’état de ces relations aujourd’hui ?
Je ne peux pas dire que nous avons eu des problèmes de fonctionnement avec les ligues du Littoral et de l’Ouest. Il s’agit de quelques individus qui ont des fonctions dans ces ligues. A notre niveau, nous avons été très fermes. Des responsables des ligues suscitées ont été sanctionnés. Des sanctions confirmées au cours de la dernière réunion du comité exécutif. Ce qui veut dire que nous ne badinerons plus avec la discipline. Je pense que pour ceux qui sont de bonne foi, nous avons été justes dans les sanctions que nous avons infligées à ces acteurs de notre football. Cela pourrait servir d’exemple pour l’avenir. Il est regrettable que certains responsables pour des raisons obscures puissent désorganiser le fonctionnement de leurs ligues.
La Fécafoot débute l`année sans budget, quelles sont les raisons qui justifient cet état de choses?
La raison est que nous n’avions pas des éléments tangibles permettant d’élaborer le budget de la fédération. Dans la mesure où les contrats avec nos partenaires sont arrivés à terme. Mtn, qui est l’un des grands sponsors, n’avait pas au moment de la réunion du comité exécutif, les éléments pouvant déterminer sa contribution. Je suis d’ailleurs heureux d’annoncer à travers vos colonnes que nous nous sommes déjà entendus avec les responsables de Mtn qui s’engagent cette année encore à nous apporter leur appui. Nous allons dans les tout prochains jours renouveler les contrats avec Les Brasseries du Cameroun, le Pmuc et d’autres sponsors éventuels…Ce qui devrait être fait au retour de la Can. Au mois de mars, nous serons à mesure de convoquer l’assemblée générale afin d’élaborer le budget, de fixer le chronogramme des activités.
Au cas où les participations des top sponsors des Lions sont revues à la baisse, quelles sont les nouvelles sources de recettes que vous entendez créer?
Vous savez les sources de revenus, c’est toujours les sponsors. Peut-être pas les mêmes! C’est l’occasion de signaler que nous sommes en train de négocier avec les Américains qui manifestent un intérêt certain pour le championnat de D1. Nous nous attèlerons à poursuivre ces négociations. Ce qui va dans la logique de la diversification des sources de revenus ou du moins de leur multiplication. Ce qui est sûr, c’est que le budget sera en baisse relativement à celui de l’année dernière puisque nous ne sommes pas qualifiés pour la coupe du Monde. Nous n’aurons pas aussi droit aux recettes de la coupe des Confédérations. Logiquement, nous allons réduire nos charges d’exploitation.
De nombreuses dispositions du nouveau statut de la Fécafoot ne sont pas encore appliquées notamment celles relatives à l`équipe nationale de football et à la direction technique. Ces deux entités entreront-elles dans le giron de la Fécafoot dès cette année?
Je dois avouer que lors de la dernière réunion du comité exécutif, nous avons mis sur pied un comité de réflexion sur l’avenir
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dufootball camerounais. Il a pour missions d’aborder tous les aspects de notre football : problèmes d’infrastructures, de sécurité, les difficultés institutionnelles. De même que les relations entre le ministère et la fédération, sans oublier la clarification des fonctions au sein de l’équipe nationale des Lions indomptables et même de toutes les autres catégories d’équipes nationales.
J’espère que ce comité fera son travail. Lequel travail sera soumis à la tutelle. Les choses vont donc se clarifier, mais ce ne sont pas toutes les dispositions qui vont être mises en application. Certaines le seront progressivement. Ce qui est sûr c’est que nous allons nous conformer aux standards de la Fifa. J’estime que nous avons suffisamment souffert de nos querelles, de nos divergences. Le ministre a d’ailleurs manifesté sa volonté d’aplanir ces difficultés. Ce qui est déjà rassurant.
Le football camerounais est en recul sur le continent. On en veut pour preuve le fait que tous les clubs camerounais engagés en compétitions africaines doivent disputer le tour préliminaire ce qui n`était pas le cas il y a quelques années. Ceci apparaît comme un échec de votre équipe…
Si nous devons participer aux tours préliminaires, ce n’est pas parce que nous ne sommes pas performants. Il y a cette année plusieurs clubs engagés en compétition africaine. Sur l’ensemble du continent, il n’y a que trois équipes qui ne disputeront pas les tours préliminaires. Même Eyimba du Nigeria qui une des valeurs sûres du football en club sur le continent va se soumettre à cette épreuve.
Mais vous avez tout à fait raison, puisque aucun club camerounais n’a franchi l’étape des 1/8e de finale la saison dernière, c’est très inquiétant. Ce que je dois dire, c’est qu’il y a beaucoup de problèmes : infrastructures, moyens matériels, absence de budget. Pour prétendre gagner une compétition africaine, il faut avoir un budget qui se chiffre en terme de milliards. Ce qui n’est pas notre cas.
Même pour Coton Sport de Garoua…
Evidemment, il y a deux ans le club a atteint la finale. Les joueurs qui avaient réalisé cette performance sont aujourd’hui partis. Ils jouent dans les grands clubs maghrébins ou européens. Ces joueurs qui avaient 200.000francs de salaires sont en ce moment payés à coût de millions de francs. Vous le voyez, nous n’avons pas les moyens pour retenir nos grands joueurs. Nous avons des lacunes. On ne peut pas prétendre gagner les coupes africaines dans ces conditions. C’est pourquoi, nous devons mener des réflexions. Ces clubs doivent être restructurés. Les dirigeants doivent avoir des cahiers de charges. On ne peut pas avoir un club qui n’arrive pas à payer au moins 50.000francs à chacun de ses joueurs et espérer remporter le championnat du Cameroun et une coupe africaine.
Soyons sérieux, quand on reçoit ici des équipes du Maghreb, elles viennent avec leurs avions qui passent deux jours avec l’équipe pour les attendre. Ils n’ont pas de temps à perdre. Ils apportent aussi avec eux de la nourriture. Ce sont donc des clubs nantis et c’est tout à fait normal qu’ils gagnent. Vous ne pouvez pas avec un budget de trois cent millions rivaliser avec ces derniers. Les Camerounais doivent cesser de se faire des illusions. Il faut avoir des moyens. L’Etat doit nous aider. Mais vous savez qu’il rencontre de nombreuses difficultés ces derniers temps. Notre grand mérite aujourd’hui est d’avoir évité des forfaits. Ce qui est bon pour le football est aussi bon pour les autres disciplines sportives.
Peut-on avoir une idée de l`évolution des travaux de construction du centre d`entraînement de haut niveau, situé dans la périphérie de Yaoundé?
Les travaux ne sont pas terminés, ils sont au ralenti, faute de moyens. Nous recherchons encore les financements. Nous avons revu nos ambitions à la baisse. Au lieu d’avoir trois terrains, nous allons nous contenter d’un grand terrain qui aura à côté un autre petit stade. Notre projet initial de réaliser un grand centre d’entraînement ne pourra être réalisé. Parce qu’à l’époque, on avait évalué le dollar à 700F Cfa. Alors qu’il est tombé à certains moments à 500F Cfa. Le taux de change ne nous favorise donc pas.
L’aide de la Fifa, convertie en francs Cfa, est amputée 25% environ. Mais le projet est très avancé. Il y a déjà des bâtiments dont les murs sont achevés. Il ne reste plus que les travaux de finition. Pour la clôture, elle est terminée à 75%. A propos du terrain de football, nous en sommes au terrassement et bientôt il sera gazonné. En tout cas, nous ne pourrons nous arrêter en si bon chemin. Nous souhaitons trouver dans un futur proche des sponsors qui pourraient s’intéresser à la construction de ce centre.
La communication à la fédération, elle se modernise ?
Nous avons fait des efforts énormes dans ce secteur. Nous allons poursuivre cela au cours de cette saison.
Que dire du football des jeunes ?
Nous sommes en train de le réorganiser. Mtn dans l’enveloppe qu’elle alloue à la Fécafoot cette saison a prévu 70 millions pour ce football des jeunes. La phase préparatoire est en train de s’achever. Nous allons lancer dans les provinces le championnat qui devrait déboucher sur la phase nationale qui se jouera à Yaoundé ou à Douala. Elle devrait regrouper les dix champions provinciaux. Le financement sera permanent et je profite de l’occasion pour remercier Mtn.
Et le football féminin alors…
Nous n’avons pas encore trouvé des sponsors spécifiques intéressés par ce football féminin. Mais je tiens à saluer l’effort déjà fourni par la commission du football féminin. Cette année nous nous attèlerons à organiser le championnat national de cette catégorie.
Les Camerounais attendent bien plus de la Fécafoot...
Nous avons des difficultés. Sachez qu’avec la non-qualification pour la Coupe du Monde, nos finances prennent un sérieux coup. Il est tout à fait normal que nos activités connaissent une baisse de régime faute de moyens. Sinon du côté de la Fécafoot, nous nous battons pour s’assurer de la continuité de certaines de nos actions. Le fait de ne pas se qualifier pour la Coupe du monde ne signifie pas la fin de nos compétitions locales, encore moins celle de la Fécafoot. Dès lors, les activités qui seront menées recevront l’appui nécessaire.
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