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Course de l’Espoir : Sarah, la déesse (28.02.2005)
Sarah Etonge et Dominique Tegejem, deux anciens vainqueurs de la course ont remporté l’épreuve en messieurs et dames.
Le speaker annonce l’arrivée de Sarah Etonge. Le décor se plante. Photographes, cameramen, les officiels et le public se lèvent pour réserver une standing ovation à la déesse de la montagne. Les ministres Philippe Mbarga Mboa, Adoum Garoua, Baba Hamadou, Elvis Ngole Ngole, Achuo Hillman, le président de la Confédération africaine d’athlétisme, le colonel Hamad Kalkaba Malboum et Ange Sama, le président de la "fédé" sont debout. Chasse-mouche à la main, le Paramount Chief de Buea, Chief Endeley quitte la tribune pour accueillir sa "petite fille" Sarah Etonge. Elle rentre d’un voyage de plus de cinq heures de chez les ancêtres. La jeune dame, la quarantaine alerte, vient se jeter dans les bras de son grand-père. Le stade Molyko de Buéa exulte. Pour les autochtones, l’ascension du Mont Fako, au-delà du folklore, a une autre signification. On en profite pour échanger avec les défunts. Pour la septième fois, Sarah Etonge vient de remporter l’épreuve de l’ascension du Mont Fako dans la catégorie dames. Elle peut monter sur le podium. Les mauvaises langues, au passage, peuvent alors escorter son sacre par les commentaires nourris par la superstition.
Une heure plus tôt, Dominique Tegejem descendait de la montagne après 4h 20’ 58’’ de souffrance et d’endurance. Le vainqueur de la course succède ainsi à Ngonghapongha Charles, relègué au deuxième rang. Le char des dieux a reconnu hier les siens: ses anciens clients. Apres une absence de trois ans pour cause de maladie, Tegejem a repris le bien qui avait été récupéré par Kongnuy Shey en 2002 et par son dauphin d’hier Charles Ngonghapongha en 2003 et 2004. Le vainqueur avait le triomphe modeste. Il n’exultait pas. " Je reviens de
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loin", s’est-il tout simplement contenté de dire. Suffisant pour éveiller la curiosité. Qui est donc ce maillot jaune?
Dominique Tegejem n’est pas très grand. Il mesure 1, 67m. Il n’est non plus très gros. Il pèse 64 Kg. Il a un teint noir. Né en 1970 à Batié Bapa, un village des Hauts-Plateaux, le jeune homme va à l’école comme tous les enfants de son âge. Il décroche le "Bac". S’ensuit alors pour lui une folle course vers l’emploi. Couché sur un matelas, pendant que les infirmières lui administrent des soins, c’est le lauréat lui-même qui égrène les péripéties de sa vie. Il réussit à décrocher un boulot d’instituteur vacataire avant de se faire signifier un matin son licenciement. Commence alors pour lui une "véritable traversée du désert". Heureusement, il trouve du réconfort auprès de son épouse et son enfant. Il commence à courir, juste pour garder la forme. En 2001, il vient à la recherche du bonheur au pied du Mont Fako. L’affaire mord. Tegejem remporte le sacre. A son retour au village, commence alors pour lui un "véritable chemin de croix". Il connaît tout: le chômage, la maladie, la galère. Le jeune homme est même fauché et pommé. La poisse ne le laisse pas. Comme si cela ne suffisait pas, jeudi dernier, sa licence d’athlète, délivrée par la ligue provinciale de l’Ouest à laquelle il appartient, disparaît entre Batié et Buéa. Sa participation à l’épreuve est compromise. Un autre calvaire commence pour lui. Les choses finissent par s’arranger. Dans le bon sens. Tegejem peut alors prendre la "revanche" sur la vie, le destin et les hommes. En lui remettant le trophée, Philippe Mbarga Mboa, le ministre des Sports et de l’Education physique a du lire quelque chose dans le regard de cet homme de 35 ans qui renaît à la vie grâce à cette course. Tegejem retrouve l’espoir au sommet de la montagne.
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