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Coupe du monde de football : Loin de Berlin, regard vers Pretoria (10.10.2005)
Le recrutement d’un nouvel entraîneur ne suffira pas à qualifier les Lions, avertissait Le Messager du jeudi 30 décembre 2004. Nous publions à nouveau ce texte qui, à l’époque, avait déjà fait couler beaucoup de salive. Et la realité nous rattrape. Finies les illusions !
Ouf ! La finale de la Coupe du Cameroun de football s’est donc finalement jouée. Avec elle s’achève la saison sportive 2004 qui ne laissera certainement pas à la postérité, des souvenirs impérissables. La saison 2005 devrait commencer tout de suite avec le recrutement d’un nouveau sélectionneur pour les Lions indomptables. Les Camerounais qui ont encore une certaine idée de leur pays s’étonnent à ce propos que le président et le secrétaire général de la Fécafoot soient allés jusqu’à Zurich et Paris, pour auditionner les entraîneurs candidats à ce poste. Un peu comme si le Cameroun a tellement perdu de sa valeur aujourd’hui, qu’il ne peut même pas convoquer à Yaoundé, des techniciens au chômage qui souhaitent s’occuper de son équipe nationale. Mais, cette pluie-là est tombée, elle ne peut plus se relever. On attend maintenant de voir quel entraîneur sera retenu et quelle mission lui sera confiée.
Apparemment, on voudrait lui demander de “ tout faire pour qualifier les Lions indomptables à la Coupe du monde 2006 ”. Bien de gens, autour de l’équipe nationale, rêvent encore de pouvoir aller parader en Allemagne dans deux ans. Le 17 novembre à Leipzig, après la sortie humiliante des Lions face à la Mannschaft, le directeur des Sports, Robert Ndzana a pris la parole dans une soirée dansante, pour remercier de leur accueil, les membres de la communauté camerounaise. Il a terminé son propos en leur donnant rendez-vous en 2006, après la qualification des Lions. Et l’assistance, bien qu’heureuse de partager cette soirée avec ses joueurs, n’a pas pu s’empêcher de pousser cette exclamation : “ Ah bon, ils vont se qualifier ! ”. Curieusement, aucun des joueurs présents n’a protesté. Lorsque M. Ndzana a regagné sa place, il n’a pas caché son étonnement devant la réaction de ses compatriotes d’Allemagne. “ J’ai raison, on peut encore se qualifier. Si on bat la Côte d’Ivoire à Abidjan, et si la Côte d’Ivoire fait un autre faux pas… ” Et Roger Milla d’acquiescer : “ Nous avons joué de malchance à l’aller. Mais, c’est un championnat, il y a encore toute une phase retour. Personne n’est à l’abri d’une mauvaise passe. Si la Côte d’Ivoire aussi joue de malchance … ”
Mission impossible
Avec des “ si ”, on pourrait évidemment refaire ces qualifications mal engagées pour la Coupe du monde 2006. On remarquera d’ailleurs que les joueurs ne partagent pas l’enthousiasme de leur entourage. Ils savent et ils le disent eux-mêmes, qu’ils ont déjà grillé tous leurs jokers. Les Lions accusent 4 points de retard sur la Côte d’Ivoire et 2 sur la Libye, sur les 15 qui sont encore à prendre. Il faut avoir le courage de le reconnaître, le Cameroun a désormais 99 % de chances de ne pas être en Allemagne en 2006. Sa qualification ne dépend plus seulement de lui. Le recrutement d’un nouvel entraîneur, aussi génial soit-il ne suffira pas. Il va encore falloir que nos adversaires nous aident à nous qualifier. Les Lions ne pourront en effet aller en Allemagne qu’à deux conditions : 1°) gagner impérativement (et largement) tous leurs 5 matches ; 2°) prier tous les dieux du Cameroun pour que la Côte d’Ivoire fasse au moins un faux pas, y compris en perdant contre les Lions au Stade Houphouët-Boigny le 2 septembre à Abidjan. Il va sans dire qu’au moindre faux pas, les Lions seraient définitivement éliminés.
Il faudra donc un vrai miracle pour que le Cameroun se qualifie. C’est vrai, de tels miracles ont eu lieu par le passé. Mais, ils ressemblaient étrangement à des coups de main de la Caf du compatriote Issa Hayatou. Que l’on se souvienne de cette qualification à la Coupe des nations en 1996 : il avait fallu à l’ultime journée des éliminatoires, un forfait fort miraculeux du Lesotho que tout le monde dans son groupe avait battu …, sauf le Cameroun. Que l’on se souvienne de cette autre qualification à la Coupe des nations en 2000 : il avait fallu que la Caf trouve l’ingénieuse idée de confier la co-organisation de cette compétition au Ghana qui, comme par hasard était leader du groupe du Cameroun, après avoir battu les Lions à Douala (1-3). Alors, on peut toujours croire aux miracles, si l’on veut. Mais, Hayatou n’est pas le patron de la Fifa.
Dynamique défavorable
La dynamique de ces éliminatoires n’est pas à l’avantage du Cameroun. Ce n’est pas notre Coupe du monde. Elle est trop favorable à la Côte d’Ivoire. Après sept tentatives infructueuses, les Eléphants ont cette fois-ci 99 % de chances de participer à leur première phase finale de Coupe du monde. Il n’y a visiblement aucune chance pour qu’ils ne saisissent pas toutes leurs chances. Ils ont une excellente sélection. Des joueurs à revendre. En dehors de Didier Drogba et Aruna Dindane, ils pourraient même prêter au Cameroun quatre bons attaquants pour épauler Samuel Eto’o. En plus, ils ont la foi. Ils croient à
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l’Allemagne. C’est presque tous des anciens pensionnaires de l’Academy de l’Asec d’Abidjan, programmés pour aller à la Coupe du monde 2006.
Ces jeunes joueurs talentueux ne sont plus très loin de l’objectif de leur carrière ; juste 5 matches dont trois à domicile. Ils recevront le Cameroun et l’Egypte, leurs plus sérieux concurrents à Abidjan où ils savent se montrer impitoyables. Ils ont deux matches plutôt abordables en déplacement, en Libye et au Soudan ; et ils ont démontré par le passé qu’ils savaient très bien voyager. Un fait a échappé au public camerounais lors de la fameuse affaire des maillots. Le président de la fédération ivoirienne de football s’était personnellement investi pour demander à la Fifa d’annuler sa sanction contre le Cameroun qui privait les Lions de 6 points dans ces éliminatoires. Lorsque la presse ivoirienne lui reprochait cette “ trahison ”, pour avoir prêté main forte au Cameroun, il répondait : “ Je ne voudrais pas me qualifier contre un Cameroun diminué par 6 points de pénalité. Je voudrais que nous partions sur les mêmes bases. Et vous verrez, les Eléphants termineront la compétition avec 6 points d’avance sur le Cameroun ”.
Pas une catastrophe
Peut-être conviendrait-il de dédramatiser l’enjeu allemand. Non, ce ne serait pas une catastrophe pour le Cameroun, que les Lions indomptables ne se qualifient pas pour la Coupe du monde 2006. Absolument pas du tout. Après tout, ce pays n’a pas été à la Coupe du monde avant 1982. Le Cameroun ne s’en portait pas plus mal. Notre absence en Allemagne ne serait une catastrophe que pour les tigres du ministère des Sports et de la Fédération qui ont déjà prévu de se construire de nouvelles villas avec les retombées financières de cette autre Coupe du monde. Alors, tant pis pour eux. Et comme le dit la sagesse populaire, à quelque chose, malheur est bon.
La non-qualification pour 2006 pourrait être propice à la reconstruction du football camerounais. Il n’y aura plus d’arbre pour cacher la forêt de notre amateurisme. On pourra enfin s’attaquer aux nombreux problèmes qui minent le football camerounais. Mieux, sans les 2 milliards de francs attendus de la Coupe du monde 2006, les tigres qui se nourrissent de l’argent des Lions s’éloigneront de la Fécafoot. La fédération reviendra peut-être à des bâtisseurs, à des hommes, et il y en a encore au Cameroun, qui inscrivent leurs actions dans le temps et non dans l’instant. Ceux – là, redonneront de la vie au football local et à notre championnat national, jadis pourvoyeurs de talents pour l’équipe nationale. Et ils mettront en place une gestion professionnelle des Lions indomptables.
2010 comme objectif
Le Cameroun peut manquer l’Allemagne en 2006, parce qu’il n’a rien fait pour mériter d’y aller. En revanche, il peut marquer l’histoire du football en Afrique du sud en 2010. Et 2010, c’est dans 6 ans. C’est déjà demain. C’est dès aujourd’hui que ça se prépare. Rêvons un peu : Dans 6 ans, Samuel Eto’o aura 29 ans. Il aura déjà été ballon d’or France football et sera au sommet de son art. Achille Emana aura 26 ans et beaucoup de maturité et d’autorité au milieu de terrain. Alexandre Song ne sera âgé que de 23 ans et déjà un des meilleurs défenseurs au monde. Qui doute que Idriss Kameni sera à cette époque le meilleur à son poste dans la planète foot ? Ces quatre-là peuvent être les leaders d’une sélection camerounaise conquérante en 2010 en Afrique du Sud. Une sélection qui prendra les Can 2006, 2008 et 2010 comme galops d’essai. Il faut dès aujourd’hui trouver les coéquipiers qui viendront compléter cette sélection.
C’est dans cette optique que devrait s’inscrire le recrutement du nouveau sélectionneur attendu : construire l’avenir avec un formateur, et non pas tenter avec un mercenaire un coup désespéré. Que l’on se souvienne donc de 1985, lorsqu’une sélection exceptionnelle de Zambie avait barré la route de la Coupe du monde mexicaine aux Lions indomptables. Ce ne fut point une catastrophe, mais l’ouverture d’un vaste chantier de reconstruction de l’équipe nationale. Mbombo Njoya, ministre des Sports de l’époque était allé dénicher un jeune entraîneur inconnu jusque dans son propre pays, un certain Claude Le Roy. Celui – ci avait l’idée de rebâtir à partir non pas des professionnels, mais du potentiel qui existait localement au Cameroun. Le gouvernement lui donna les moyens d’emmener 40 joueurs amateurs au Brésil pendant 40 jours. Parmi eux, Kana, Omam, Mbouh, Oumarou, etc. C’est cette reconstruction qui avait permis les succès enregistrés en Coupe afro – asiatique en 1985, à la Can égyptienne en 1986, à celle du Maroc en 1988 et au Mondial italien en 1990.
Arrêtons de croire aux miracles. Créons les conditions de nos victoires.
Par Ambroise EBONDA
camlions.com
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Coupe du monde 2006 : La Côte d’Ivoire a-t-elle été disqualifiée ? 
