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Le degré zéro du Cameroun (24.06.2010)
Ainsi donc, l’aventure sud-africaine du Cameroun s’achève. Sur fond d’un retentissant fiasco. Il ne se faisait d’ailleurs aucun doute- je le disais dans cette même page il y a trois semaines – que l’équipe du Cameroun m’inspirait beaucoup de doutes, par opposition aux allégations des fans irréductibles et autres bluffeurs qui la voyaient remportant le trophée mondial. Sans doute aveuglés par des tours de prestidigitation où excellent nos dirigeants, ou parfaits ignorants des données objectives qui peuvent fonder de tels espoirs dans une compétition de l’envergure de la coupe du monde, ces derniers auraient pu trouver défaitiste mon attitude ou carrément anti-patriotique. Hélas ! mille fois hélas ! j’exprimais là un sentiment tel que depuis trente-huit (38) ans de métier je n’avais vu l’équipe du Cameroun sous un aussi mauvais visage à la veille d’une compétition de ce niveau. Déjà les résultats en coupe des nations en Angola étaient venus situer le niveau réel de notre équipe par rapport à la hiérarchie continentale. Et traduire clairement son état de déliquescence du fait des querelles bysantines qui la minent depuis la coupe des nations 2008 au Ghana.
Les exploits réalisés hier dans les arènes internationales par les Lions Indomptables que traduisent si bien leur triomphe aux jeux olympiques à Séoul en 1996, le quart de finale en 1990 en Italie (coupe du monde), la finale en coupe des confédérations en 2003 en France et même la coupe du monde 1982 en Espagne (les Lions Indomptables en étaient sortis sans essuyer le moindre revers) tiennent du miracle au vu de la préparation par trop équivoque qui a toujours précédé l’entrée en compétition de l’équipe du Cameroun certes, mais beaucoup plus de la valeur autant que des énormes potentialités techniques individuelles dont recelait l’équipe nationale. En Afrique du Sud, tout est allé très vite. Comme si la Nature ne voulait point se faire complice de la gestion alambiquée qui caractérise notre gouvernance. La sortie précipitée de la compétition par des adversaires qu’on voyait pourtant largement à la portée de notre équipe est, s’il en était encore besoin, le signe prémonitoire de l’inéluctable déclin d’un système. Lequel a à tout jamais opté pour la navigation à vue, et qui doit survivre en se servant d’expédients. Pour cela, l’équipe nationale de football n’a jamais été qu’une belle passerelle. Comment diantre aurait-on pu penser à Yaoundé de se servir durablement d’un « outil » (Lions Indomptables) ne disposant d’aucune véritable base structurelle ? Depuis près d’une décennie, les Lions Indomptables n’ont cessé de donner des signes de désagrégation qui n’ont pourtant jamais ému les dirigeants de football. Du sommet à la base, tout le monde est resté impavide et la situation s’est empirée. A tel point que l’équipe du Cameroun aujourd’hui est plus réputée par des querelles et autres cloisonnements entre d’une part les joueurs entre eux et, d’autre part entre ces derniers et leurs encadreurs. Une situation qui, comble de paradoxe, serait le fait de quelques éléments du groupe bien connus du reste mais face à qui les dirigeants, à défaut de baisser peut-être la culotte, se sont toujours trouvés impuissants pour prendre les sanctions susceptibles de servir à la bonne marche du groupe. L’impunité, à laquelle il faut joindre le laxisme et l’apathie chroniques de nos gouvernants ont conduit l’équipe du Cameroun vers des dérives sublimes, non sans donner naissance à une sorte d’idolâtrie vis-à-vis de certains joueurs. Pour avoir seulement « marmonné » quelques mots à l’endroit de Raymond
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Domenech, le sélectionneur de l’équipe de France après la défaite, Nicolas Anelka a été sommé par la fédération française de plier bagages et de quitter le groupe. On n’oserait pas le faire en équipe du Cameroun aujourd’hui. Quand bien même les propos du joueur seraient d’une extrême gravité. Aussi nos responsables sportifs ont-ils toujours bu comme du petit lait, les déclarations à la limite belliqueuses (…) de Samuel Eto’o à l’endroit de l’équipe nationale. « Donnez-moi 4 jours, je vais réfléchir et voir si j’irai à la coupe du monde… ». Il n’est pas question de recenser ici certaines autres déclarations de même nature du capitaine de l’équipe du Cameroun, (que l’on trouverait aussi au centre du tumulte permanent que celle-ci connaît actuellement), mais sous quels cieux pareils propos laisseraient-il impuni son auteur ?
Le ressort s’est réellement cassé. Il faut tout reprendre à zéro ; avec les bases d’une véritable fondation susceptible de permettre l’érection, d’ici la prochaine CAN en 2012, d’une équipe du Cameroun bien en jambes, digne de répondre au nom (Lions Indomptables) qu’elle semble plutôt mal porter aujourd’hui. Car après la déculottée en Afrique du Sud, des voix se font de plus en plus fait entendre, qui appellent à débaptiser l’équipe.
Revenons à nos moutons pour dire que la nouvelle fondation devra tenir compte des vertus essentielles qui sont les qualités fondamentales du sportif : l’humilité, le sens du dépassement, de l’honneur et le fair play. Il est question de bâtir une équipe du Cameroun sur le modèle de sa devancière dont les exploits découlaient en bonne partie de l’esprit de combativité des joueurs, leur rage de vaincre, le fighting spirit qui les caractérisaient sur le terrain. En un mot comme en mille, l’équipe du Cameroun doit redevenir cet ensemble soudé et les joueurs des modèles tant sur le stade qu’en dehors. Ceci doit se faire non plus en faisant en toute hâte un assemblage d’éléments disparates sous le prétexte fallacieux de sélection, mais en procédant dans la durée, à un rassemblement méthodique de joueurs devant la constituer. Cela suppose qu’il y ait un entraîneur-sélectionneur qu’il ne soit pas nécessaire d’aller chercher ailleurs, des techniciens blancs plus ou moins qualifiés qu’on paye à prix d’or pour un travail approximatif, alors que le pays dispose de cadres outillés. Il est temps que chez nous, l’on se débarrasse d’un tel complexe qui frise le ridicule, lorsqu’on sait en outre que Paul Le Guen aura à peine passé une ou deux nuits à Yaoundé, parce que ayant amené nos responsables sportifs à lui concéder de résider plutôt en France. Une exclusivité bien camerounaise qui a le chic de compliquer davantage un travail qui nécessite une disponibilité de tous les instants surtout lorsqu’il est question de construire un groupe homogène et solide.
Pendant que le Mondial en Afrique du Sud fait son bonhomme de chemin, laissant sur le carreau le gros du contingent africain (5 pays sur 6 ont déjà été retournés à la maison-une véritable hécatombe), l’heure est au bilan au Cameroun. Puisse l’aventure sud-africaine (si heureuse finalement parce qu’elle nous aura dévoilé notre équipe dans toute sa nullité et dans toute sa nudité) apporter des enseignements susceptibles d’éclairer les responsables du football camerounais dans la perspective d’une réorganisation de notre sport roi et de l’équipe nationale qui d’ici la fin de la coupe du monde va tanguer dans les 30è–35è rang au classement mondial. On ne vous dit pas ce qu’il y a comme grain à moudre.
Par germain.ekwe.koumb
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