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Rallye Dakar : Des morts à toute vitesse (16.01.2006)
Les décès des deux dernières étapes ouvrent la polémique sur la nécessité de cette course.
Priscille G. Moadougou
Du sang et des larmes pour deux enfants de nationalité guinéenne et sénégalaise. Leur présence pendant le passage du rallye dans ces deux pays, leur a été fatale. Le premier, 10 ans, a été tué par le véhicule de l`un des concurrents alors qu`il traversait la piste, tandis que le second, 12 ans, a été tué heurté par un camion d`assistance au Sénégal. Des décès qui ont endeuillé les deux dernières étapes de la 28e édition du rallye raid Dakar 2006, qui s`est achevée hier, dimanche 15 janvier 2006, au bord du lac rose, à Dakar (Sénégal). La tragédie n`a pas laissé insensible les organisateurs du rallye puisque la dernière étape, la spéciale longue de 31 km, n`a pas été chronométrée.
Une course qui a également été endeuillée, pendant la 9e étape en Mauritanie, par le décès du motard Andy Caldecott. A 41 ans, l`Australien est le 23e concurrent à trouver la mort depuis la création du rallye et presque autant de civils, puisqu`on compte 47 décès depuis la création de la course, en 1978. Des pertes en vie humaine qui vexent le Collectif anti-Jeux Olympiques (Cajo). Vendredi dernier, pour exprimer leur mécontentement, les militants de ce groupe se sont rendus au siège d`Amaury Sport Organisation (Aso), société organisatrice du rallye raid, afin de remettre aux promoteurs de la course le "Prix de l`indignité humaine" symbolisé par un pneu maculé de sang. Selon Cajo, cet acte est justifié par les drames que le Dakar provoque quasiment chaque année: "Encore une fois, cette caravane médiatico-publicitaire a utilisé les pays africains comme terrain de jeu. Encore une fois, le gaspillage des ressources aura été la règle. Encore une fois cette course absurde aura tué. Nous devons mettre fin à ce massacre !", assène un communiqué de l`association, excédée par le mépris qu`affiche le
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rallye vis à vis des populations locales.
C`est également l`avis du sociologue du sport, Michel Caillat, qui considère que le rallye raid Dakar "est l`utilisation comme terre de compétition sportive d`un continent qui est à la fois meurtri par la disette, le surendettement et le Sida. Et finalement, en face vous avez quoi ? Une poignée de nantis qui ne sont pas une chance pour les pays d`Afrique. Parce que le Dakar à l`évidence n`apporte rien aux pays traversés. Ce que je considère comme une insulte", soutient-il dans une interview accordée à l`agence de presse, Gabonews. Longue de 9.043 kilomètres, la 28e édition du rallye raid Dakar est partie de Lisbonne (Portugal) et a conduit les concurrents à travers le Maroc, la Mauritanie, le Mali, la Guinée et le Sénégal.
Du côté de l`organisation, on insiste sur les efforts pédagogiques fournis: "Un très gros travail de prévention avait été effectué en amont auprès des populations des pays traversés", se justifiait Etienne Lavigne, le directeur du rallye, dans les colonnes de L`Equipe, après le drame de vendredi. Pourtant, au départ de Lisbonne, le 31 décembre 2005, les organisateurs avaient fait le pari d`un Dakar moins risqué que les précédents. L`ambition s`est transformée en total échec avec un désastreux bilan de trois morts, pour une course remportée en auto par le Français Luc Alphand (Mitsubishi), suivi du Sud-Africain Giniel De Villiers (Volkswagen), l`Espagnol Nani Roma (Mitsubishi) occupe la troisième place. En motos, l`Espagnol Marc Coma (Ktm) est le vainqueur, il succède au Français Cyril Despres, deuxième cette année. L`Italien Giovanni Sala prend la troisième place. Par ailleurs, sur la route de l`aéroport de Dakar, les organisateurs ont inauguré une stèle à la mémoire de Thierry Sabine, le créateur de l`épreuve décédé le 14 janvier 1986 dans un accident d`hélicoptère avec quatre autres personnes, dont le chanteur Daniel Balavoine.
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