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Le match des ego* (03.06.2011)
Une autre affaire Alexandre Song a tenté d’ébranler le monde du football cette semaine, éclipsant, au moins en partie, l’audition du président de la Fecafoot, Iya Mohamed, à la division de la police judiciaire sur une affaire de gouvernance dont on a toujours du mal à s’expliquer qu’elle veuille s’emballer aujourd’hui. Une affaire dont on aurait pu se passer volontiers si le milieu de terrain de Arsenal, pour donner suite à l’accord trouvé avec le staff technique des Lions indomptables, de renouer avec la sélection nationale, avait opté pour un minimum de communication directe.
Tout a en effet été dit sur une « blessure» de Alexandre Song que d’aucuns ont vite fait de qualifier de « blessure diplomatique», allusion au fait que le «Gunner» n’a accepté que du bout des lèvres de revenir en sélection, alors même que son club n’a jamais indiqué que l’international camerounais était officiellement blessé. Un communiqué de sa part depuis Londres en début de semaine, une déclaration à la Bbc ou à Rfi (et pourquoi pas dans une radio ou une télévision camerounaise), mais surtout une conférence de presse depuis qu’il est arrivé mardi après-midi au Cameroun, n’auraient-ils pas suffi à taire toutes les polémiques et à clarifier le jeu ? Il aurait alors mis les points sur les «i», quitte à envisager, dans le cadre d’une vraie blessure, une contre expertise de la Fécafoot et le staff médical des Lions indomptables, comme le stipulent les règlements de la Fifa en pareille circonstance. On ne doit pas l’oublier en effet : le refus de se rendre à une convocation de la sélection nationale sans motif valable et dûment constaté est passible de sanctions à la fois pour le joueur et son club.
On se plaint souvent de ce que nos hommes politiques et quelques hauts fonctionnaires carriéristes ont du mal à s’adapter aux méthodes modernes de communication. Mais, même nos joueurs de football, qui ont évolué depuis longtemps dans un environnement où, pratiquement au quotidien, on doit faire le point avec les médias et le public pour éviter rumeurs et malentendus, ont fini par devenir pires que ces hommes politiques, se fermant dans un étonnant mutisme. Et même lorsque, quelques rares fois, ils acceptent de parler, c’est parfois pour se rétracter le lendemain et nier même avoir accordé tel ou tel entretien !
Faute de parler aux Camerounais, de « clarifier son jeu», Alexandre Song pousse les uns et les autres à replonger dans les supputations, dont certaines remontent à bien longtemps avant la coupe du monde catastrophique d’Afrique du Sud en juin 2010, d’où il est sorti,
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avec Achille Emana et Idriss Carlos Kameni, dans le groupe peu fréquentable des « bannis». A fouiller dans l’ambiance délétère de South Africa 2010 pour se souvenir de ce dernier match Cameroun-Pays Bas où Alexandre Song, annoncé comme titulaire, déclara forfait peu avant le début du match, poussant une titularisation de dernière minute de Aurélien Chedjou.
Et ceux qui adorent les intriguent remonteront jusqu’à certains matches amicaux, notamment celui du 03 mars à Monaco contre l’Italie, où l’international camerounais avait lâché quelques phrases révélant un mouvement d’humeur sur le nouveau statut de Rigobert Song, capitaine déchu des Lions indomptables, lui qui a, entre temps, quitté les Lions sur la pointe des pieds et que certains voient derrière les reculades de son «neveu». Le fait pour lui d’avoir choisi, ce jour-là, de jouer avec le numéro 4, célèbre dossard de «Rigo», n’allait pas arranger l’ambiance.
Pourtant, sur le plan sportif, l`absence de Song Bilong, (31 matches cette saison en championnat, 4 buts) s`est fait ressentir dans l`entrejeu des Lions... En bon relayeur, et avec le volume de jeu qu’il a pris au sein du club anglais (qui s’est malheureusement effondré en fin de saison après avoir présenté un profil de champion), il se présente désormais comme la courroie de transmission idéale entre la défense et l`attaque, dans cette équipe des Lions qui manque de joueur créatif. Spécialiste du jeu court, au sol, et ayant gagné en vitesse dans ses passes et ses accélérations, les conditions sont réunies pour qu`il s`entende bien avec Samuel Eto`o, leader technique de l`équipe.
Mais la situation demeure la même : manifestement, Alexandre Song n’a pas réglé ses problèmes d’ego avec Samuel Eto’o Fils, et les deux ne semblent pas prêts à évoluer ensemble. D’où la préoccupation : pourquoi avoir accepté de revenir, avoir déclaré qu’il retrouvait les Lions pour battre le Sénégal s’il n’était pas encore prêt dans sa tête et s’il est incapable de communiquer ses choix (ou ses états d’âmes) aux Camerounais ? Mais si ce n’est qu’une question d’ego, fut-il surdimensionné, va-t-il prendre le pas sur une carrière internationale et par ricochet, sur une sélection nationale qui reste prestigieuse et qui est, tous ces joueurs le savent, l’un des meilleurs tremplins d’exposition pour de futurs contrats encore plus juteux ?
Ce qui est regrettable et grave, c’est que toute cette semaine, on n’aura presque pas parlé du match en lui-même contre le Sénégal, qui aura lieu maintenant dans 8 jours. Quelle histoire !
Par Alain B. Batongué
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