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Iya Mohammed, président de la Fécafoot :“Il faut de la solidarité et l’esprit d’équipe après cette élimination ” (08.02.2006)
Après l’élimination du Cameroun par la Cote d’Ivoire à l’étape des quarts de finale de la 25ème coupe d’Afrique des nations (Can) de football, le numéro 1 de la Fédération camerounaise de football a accepté de répondre aux questions du quotidien Le Messager ; portant sur ce faux pas des Lions Indomptables et du football camerounais aujourd’hui au creux de la vague sur tous les plans.
Pour la deuxième fois consécutive (Can 2004 et 2006), les Lions Indomptables sont éliminés au stade des quarts de finale de la plus importante des compétitions de football organisées par la Confédération africaine de football (Caf). Quel est votre sentiment ?
Si mes souvenirs sont bons, nous avions également été éliminés en quarts de la finale à la Can 1998 au Burkina Faso. Bon, cela fait partie du sport. On a perdu sans pour autant démériter. Quand il s’agit de tirs aux buts, c’est question de chance ; malheureusement on n’a pas eu cette chance face aux Eléphants de la Cote d’Ivoire dans notre match des quarts de finale. Souvenez-vous quand même qu’en 2000 au Nigeria et en 2002 au Mali, c’est à l’issue des tirs aux buts que nous avons remporté les finales de la Can. Bon, cette fois-ci, cela n’a pas marché mais, ceci ne doit pour autant pas nous décourager. L’erreur qu’on commettrait serait de tout remettre en cause parce qu’on ne s’est pas qualifié pour les demi-finales de cette Can 2006. Je pense que nous avons une très bonne équipe qui, à mon avis, doit continuer à travailler. On devrait, selon moi, continuer avec les mêmes joueurs, en y ajoutant quelques nouveaux. Je pense aussi que l’encadrement technique doit continuer à travailler sereinement sans remettre en cause le fondement même de l’équipe.
Le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep), Dieudonné Philippe Mbarga Mboa dit avoir tiré des leçons de cette élimination et annonce de nouveaux réglages à tous les niveaux. Quelles leçons avez-vous tiré et qu’annoncez-vous ?
A mon avis, ce serait une erreur de remettre en cause les choses. Chaque échec doit servir de leçon pour corriger des erreurs ou améliorer les choses. Je pense que ce dont on a besoin aujourd’hui après cette élimination c’est la solidarité, l’esprit d’équipe. Comme sur le terrain, on doit avoir une cohésion au niveau de la délégation camerounaise présente en Egypte pour la Can. Ce qui n’a malheureusement pas toujours été le cas. Maintenant, tout ceci ne doit pas nous amener à perdre de vue qu’aujourd’hui nous avons une équipe qui vient d’être renouvelée tant sur le plan de l’encadrement technique que des joueurs. Je pense qu’il faudrait, à la fois, encourager cette équipe d’encadrement et ces joueurs. Surtout que personne ne nous attendait à ce niveau. Et puis, perdre aux tirs aux buts face à une très bonne équipe de Cote d’Ivoire n’a rien de déshonorant.
Quelles répercussions cette élimination des Lions Indomptables peut avoir sur le football local au Cameroun et sur les partenariats entre la Fécafoot et ses sponsors ?
Pour ce qui concerne les sponsors, nous avons déjà renouvelé le contrat avec les Brasseries du Cameroun avec les conditions pratiquement identiques. Les négociations sont en cours avec Orange. Pour ce qui concerne notre équipementier Puma, ce dernier a, pour le moment, réitéré sa confiance à l’équipe nationale de football du Cameroun qui a une très grande réputation. Maintenant, il y a un autre équipementier, Nike, qui s’intéresse sérieusement à notre équipe. Cependant, je pense que nous allons renouveler notre contrat avec Puma, avec des conditions améliorées. Ce qui témoigne de la confiance que notre équipementier et même d’autres ont en notre équipe nationale de football qui, malgré cette élimination, est une sélection qui fournit une très belle prestation, un football de qualité reconnu mondialement. Je reçois vraiment les marques de sympathie de beaucoup de fédérations qui estiment que nous avons notre place dans ce carré d’as des demi-finales. Malheureusement, l’épreuve des tirs aux buts, très aléatoires, nous a barré la voie de ces demi-finales. Je pense que les encadreurs ont tiré toutes les leçons qui s’imposent après ce faux-pas.
Sur un tout autre plan, le championnat d’élite de football du Cameroun se joue depuis bientôt deux semaines sans directeur général censé tout superviser ?
Ce problème de directeur général de la Fécafoot sera définitivement réglé lors de la prochaine réunion du comité exécutif. Au plus tard en début du mois prochain. Pour le moment, je n’ai pas de nouvelles de Patrick Precheur qui occupait ce poste-là. Je donnerai, au comité exécutif, le contenu de la lettre que Patrick Precheur m’avait fait parvenir, rendant compte de ce qui s’est réellement passé.
Au jour d’aujourd’hui, la Fécafoot a d’énormes problèmes : crise dans la ligue provinciale de football du Littoral, problème de siège non acquis dans la ligue provinciale de football de l’Ouest… Comment pouvez-vous expliquer cette situation ?
Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ! Je constate seulement qu’au poste de président de la Fécafoot, je suis très combattu. Ces derniers temps, j’ai reçu de nombreux tacles, ai été victime de sabotages et autres calomnies. Je pense qu’il y a beaucoup de personnes qui, pour des raisons que j’ai du mal à expliquer, m’en veulent personnellement. Peut-être que j’ai une manière de gérer qui ne plait pas à beaucoup de personnes. Pour beaucoup de personnes, la Fédération c’est l’endroit où on se fait trop d’argent. J’estime pour ma part que nous n’avons pas assez d’argent. Le peu que nous avons, nous devons l’utiliser à bon escient. Ceci ne semble pas être l’avis de beaucoup de personnes. C’est pour cela que je suis combattu. En plus de cela, il y a des éléments extérieurs qui essayent de déstabiliser cette fédération. Vous constatez donc que ce ne sont que des problèmes. Toutefois, nous nous battons pour tenir tête. Notre mérite c’est d’exister déjà, de pouvoir assurer le fonctionnement normal d’une
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fédération. Nous persévérons dans cette voie-là. Je crois que je n’ai pas grand-chose à me reprocher.
Cela dit, tous ces problèmes des ligues provinciales de football, tant du Littoral que de l’Ouest, naissent tout simplement parce que les gens ne veulent pas respecter nos textes. Les gens dans la province de l’Ouest ont détourné de l’argent qu’ils ont débloqué pour acheter un siège. Que voulez-vous que je fasse ? Je ne peux que sanctionner. Maintenant, si c’est parce que j’ai sanctionné que certains éléments décident de se rebeller contre moi, contre la Fédération, je ne peux quand même pas croiser les bras et les applaudir. Idem pour ce qui se passe dans la province du Littoral où j’ai dit que, selon nos textes, ce n’est que l’Assemblée générale qui peut suspendre un membre du comité exécutif. Là aussi, je ne peux pas accepter que les gens ne respectent pas les textes ; alors, je les ai suspendus et cela restera ainsi. Nous n’avons pas de choix. Nous devons rester garants de nos textes et règlements. Je dois les appliquer à la lettre. Maintenant, si ceci ne semble pas plaire à beaucoup de personnes, je n’ai pas le choix. Tant pis. Il faudrait que des gens reconnaissent leur tort. Moi, je ne peux pas cautionner les torts et les manquements sinon, je risque d’être aussi considéré comme complice ; ce que je ne suis pas.
Près d’une centaine de jeunes footballeurs camerounais détenteurs de certificats de sorti signés par de hauts dirigeants de la Fécafoot moyennant de fortes sommes d’argent selon leurs témoignages, sont en vadrouille ici au Caire, sans clubs. Comment pouvez-vous expliquer cet autre faux imputé à la structure que vous dirigez ?
Vous n’êtes pas le seul à vous plaindre de cette situation. Le président de l’Association des clubs de première division (Acpd) s’est aussi plaint. Il m’a suggéré que nous puissions mettre sur pied une commission d’enquête pour les transferts. J’ai marqué mon accord et, je pense que, nous allons, très bientôt, créer cette commission pour vraiment examiner en profondeur la situation que je constate malheureusement avec vous. Elle n’est pas du tout réjouissante, dans la mesure où j’ai aussi été informé de la présence ici au Caire d’une centaine de jeunes qui sont arrivés ici d’une façon très irrégulière. Il faudrait maintenant confirmer ou infirmer cela.
Revenons sur un plan purement sportif. Pourquoi le football des jeunes n’arrive pas toujours à décoller au Cameroun ? Les personnes nommées pour l’organiser passent le plus clair de leur temps dans des querelles de clochers et, pendant ce temps, c’est le football des jeunes qui en souffre ?
Je suis tout à fait d’accord avec vous que ces batailles font souffrir le football des jeunes dans notre pays. Maintenant, sachez que, pour ce football des jeunes, il faut beaucoup de moyens. Moi, j’estime que nous n’assurons vraiment pas l’avenir. Pas seulement au niveau de la Fédération, mais aussi du gouvernement. Je pense qu’il faudra absolument des moyens. Moi, avec un budget de 60 millions par an pour l’ensemble du pays, je ne vois pas comment on pourra progresser. C’est très peu. J’estime que le gouvernement doit aussi faire beaucoup d’efforts pour ce football des jeunes. Je conçois mal qu’on donne assez d’argent à un seul joueur d’une équipe junior et finalement ne rien donner pour les équipes de jeunes. C’est une situation anormale. J’espère qu’on sera entendu cette fois-ci. Parce qu’il faut beaucoup plus de moyens. Mais, d’ores et déjà, cette année, les choses ont quand même bien démarré. Déjà, sur le plan organisationnel, les textes pour la catégorie jeunes, bien adaptés à la situation actuelle de manque de moyens, ont été élaborés. Nous allons organiser ce championnat de jeunes avec le très peu de moyens que nous avons.
Le championnat de D1 du Cameroun se joue sur des terrains déplorables – exemple du stade militaire de Yaoundé – qui font honte. Que pense-t-on à la Fécafoot pour résorber le problème d’infrastructures pour la pratique du football d’élite ?
Vous avez vu le stade militaire du Caire. Entre lui et celui de Yaoundé, il y a un grand fossé. Maintenant, il faut le dire, la Fédération n’a véritablement pas les moyens pour construire un stade digne de ce nom. J’ai toujours dit que nous allons faire des terrains. Et, nous avons toujours cette intention. Cette année, Mtn a mis en place 150 millions de francs Cfa pour les infrastructures. Et, je voudrais également rappeler que l’amende que la Fédération internationale de football association (Fifa) nous avait infligée dans le cadre de l’affaire des maillots nous sera restituée. Cela fait 80 millions de francs Cfa que nous allons recevoir de la Fifa. Maintenant, nous trouverons un moyen d’utilisation de ces 80 millions de francs Cfa plus les 150 millions de francs Cfa octroyés par Mtn. Cela fera quand même 230 millions de francs Cfa qui pourront être utilisés pour achever la construction du Centre technique national de football ou pour autres choses dont la création et l’aménagement des terrains avec des gazons ; tout ceci dans le cadre de la création des infrastructures. Toutefois, c’est le comité exécutif qui décidera de l’utilisation de ces fonds.
Arrive-t-il à la Fécafoot de penser à l’organisation d’une Can au Cameroun ?
Pour ce qui est de l’organisation d’une Can de football au Cameroun, la Fécafoot y pense vraiment. Nous avions proposé, du temps du ministre Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, l’organisation de l’édition de 2004 qui s’était déroulée en Tunisie. Bon, à l’époque, cela n’avait pas marché. Maintenant, je pense que nous pourrons toujours organiser une Can dans les années à venir.
Où en est-on avec la convention Fécafoot – Minsep ?
Au jour d’aujourd’hui, cette convention ne fonctionne pas pour des raisons multiples qui sont très longues à évoquer ici. Mais, de manière générale, cette convention n’est pas opérationnelle.
Par Entretien mené au Caire par Honoré FOIMOUKOM
Le 08-02-2006
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