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Chrono : Le temps d`agir (04.11.2004)
Emmanuel Gustave Samnick
Les Lions indomptables se portent au plus mal dans leur groupe 3 des éliminatoires couplées Coupe d`Afrique des nations/Coupe du monde 2006. Seulement troisièmes derrière la Côte d`Ivoire et la Libye, et talonnés par une quatrième équipe qui se nomme l`Egypte. C`est dire clairement que, si la pauvreté du jeu qu`ils développent depuis le début de l`année perdure, les Lions indomptables sont sûrs de regarder la prochaine Coupe du monde de football à la télévision. Et n`eut été le fait que l`Egypte est le pays organisateur de la Coupe d`Afrique des nations 2006, même leur participation à la prochaine Can ne serait guère assurée.
Voici donc une situation suffisamment préoccupante, mais qui est gérée par les principaux acteurs du domaine avec un mélange de sans-gêne, de faux-fuyants et de poncepilatisme.
Le sélectionneur national, Winfried Schäfer, ne se gêne pas, au moment où des flèches empoisonnées fusent au-dessus de sa tête, de dire qu`il nourrit encore de "grandes ambitions" à la tête des Lions indomptables.
Conséquence: il est optimiste quant à la qualification de son équipe pour la Coupe du monde qui se déroulera dans moins de deux ans dans son pays, et n`envisage nullement de démissionner. Mais, le refus de donner sa démission n`a jamais été un programme sportif, et son équipe est toujours à la recherche de son lustre perdu. Le ministère de la Jeunesse et des Sports, recruteur et employeur des entraîneurs nationaux au Cameroun, joue sur une partition qui renforce plutôt son discrédit et dilue son autorité. Après avoir enfin trouvé un logement à M. Schäfer à Yaoundé, trois ans après son recrutement, la tutelle de l`équipe nationale ne cesse de marmoner depuis quelques semaines après le sélectionneur national. Sous la pression du public qui ne se reconnaît plus en son équipe, et de la presse qui dénonce l`apathie du Minjes, ce dernier organise en interne une petite agitation sourde autour de la question de l`entraîneur des Lions indomptables.
Le chef de la cellule administrative provisoire des équipes nationales a dénoncé le manque de collaboration de M. Schäfer dans les colonnes du Messager; des réunions se tiennent et des contacts ont même été déjà pris avec d`autres techniciens étrangers. Mais, tout cela reste diffus, et le ministre Siegfried David Etame Massoma, patron en théorie (après le chef de l`Etat) de la sélection
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nationale, ne donne aucune indication claire sur la voie qu`il entend prendre pour sortir les Lions indomptables de l`impasse actuelle. A la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), au moins les langues se délient. "Je constate que l`entraîneur n`a pas d`autorité sur les joueurs", tranche Jean René Atangana Mballa, le secrétaire général. Avant d`avouer: "Nous avons profil bas devant les joueurs (...) C`est celui qui donne l`argent qui est pris en considération". Il reste que c`est la fédération qui est allée chercher Schäfer, quand elle participa au complot du Minjes pour chasser Lechantre. C`est encore elle qui a milité pour la reconduction de son contrat après le Mondial 2002 et avant la fin de la Can 2004. Elle doit rester solidaire de ce choix aux conséquences désastreuses aujourd`hui.
Le sélectioneur se bombe le torse, le ministère murmure et la fédération se lave les mains. Cependant, tous lestrois acteurs de ce film apocalyptique misent sur le temps. Winfried Schäfer compte les mois, et espère que le vent des résultats va tourner au mois de mars avec un faux pas des Eléphants et un réveil accidentel des Lions indomptables. La victoire étant de retour, qui osera encore lui faire le moindre reproche? Siegfried David Etame Massoma est sur le même tempo. La trève de six mois après le match Soudan-Cameroun lui donne du répit, lui qui doit surtout se considérer, à tort, comme un intérimaire qui attend une confirmation après la présidentielle avant d`avoir le courage de prendre des décisions qui s`imposent.
La Fécafoot a longtemps espéré que le temps fera son effet: après les échecs successifs au Mondial 2002 et à la Can 2004, elle a continué à clamer sa confiance à un entraîneur dont on parlerait désormais au passé dans un autre contexte. Pendant ce temps, les Lions patinent. Ils ne livreront le 17 novembre contre l`Allemagne, que leur deuxième match de préparation de l`année, leur entraîneur n`ayant trouvé comme sparring-partner qu`une équipe corporative d`une marque de savon. Les trois associés, par la reconduction du contrat de Schäfer avant la fin de la Can 2004, ont voulu gagner du temps, anticiper sur la période nuageuse à venir. Ils s`y sont manifestement mal pris et ont aujourd`hui le dos au mur. Le temps qui reste, hélas, pour renverser le sablier de la vie des Lions, est à la fois très mince, insaisissable et infini. De toutes les façons, le temps de jouer au malin est passé.
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