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21.02.2006
Colonel Kalkaba Malboum : “ L’existence de la Course de l’Espoir est assurée ”
L’ancien président de la Fédération camerounaise d’athlétisme, auteur de la formule actuelle de l’ascension du Mont Cameroun, aujourd’hui président du Cnosc et de la Caa, jette un double regard – rétrospectif et prospectif – sur cet événement majeur du calendrier sportif national.
Vous avez été président de la Fédération camerounaise d’athlétisme. S’il vous était demandé de parler de la Course de l’Espoir en tant que événement sportif majeur d’athlétisme au Cameroun, qu’est-ce que vous direz ?
C’est un privilège pour la Fédération camerounaise d’athlétisme d’avoir à organiser un événement de ce type. D’abord, parce qu’en tant qu’événement sportif, il est spécifique et unique dans le monde. En même temps qu’il est spécifique et unique dans le monde, il a la reconnaissance des autorités qui dirigent l’athlétisme aussi bien au niveau du continent qu’au niveau mondial. J’ai déjà veillé à ce que personnellement, cela soit ainsi. Il intéresse donc les fédérations d’athlétisme des autres pays du monde entier qui ont une très grande visibilité à travers les médias dans le monde. Tous les ans, il se perpétue et s’organise comme étant une grande fête à l’endroit du sport, de la culture et du tourisme. La fédération nationale doit par conséquent organiser cet événement, améliorer son organisation et lui donner toutes les dimensions multiformes que l’événement central du sport apporte.
Vous êtes le père de l’Ascension du Mont Cameroun dans sa formule Course de l’Espoir. Est-ce qu’on peut savoir pourquoi vous avez décidé de rebaptiser cette course de montagne?
J’ai pensé à la reprise parce que l’Ascension du Mont Cameroun existait et était organisée par la société Guinness. Finalement, on n’a plus organisé l’Ascension du Mont Cameroun dans l’échéance qu’elle s’était donnée.1992 était la dernière ascension. Entre 1993 et 1995, il n’y a rien eu. J’avais perçu que la société Guinness avait laissé tomber cette course pour des raisons qui étaient liées à la conjoncture économique, c’est-à-dire à la crise économique qui était très aiguë. Et justement, à travers cette crise économique très aiguë, les Camerounais se sont laissés à une sorte d’immobilisme. Chaque fois que vous vous adressez à quelqu’un, il vous disait “ monsieur on ne peut rien faire à cause de la crise économique ”. Chaque fois qu’on allait chercher une solution, on trouvait prétexte à la crise économique pour ne pas résoudre le problème. Alors, je me suis dis : mais la crise économique n’est quand même pas une fatalité. Si les autres pays se sont développés, c’est grâce aux efforts des citoyens. Chacun dans son domaine d’activité doit travailler dur pour surmonter les difficultés. Alors, je voulais donner à la jeunesse camerounaise, et à travers la jeunesse camerounaise à la jeunesse africaine, une image d’effort intense, d’effort extrême pour surmonter une difficulté et transférer de ce fait l’exemple de ces athlètes sur le Mont Cameroun vers la jeunesse camerounaise pour qu’elle sorte de sa torpeur conditionnée par la crise économique ambiante.
Nous sommes en 1995. Cette année - là, je suis à Pékin à l’Assemblée générale du Conseil international du sport militaire. Le Conseil international du sport militaire voulait un événement pour célébrer le centenaire des Jeux Olympiques. La Grèce est proposée pour organiser le marathon sur l’itinéraire du soldat qui est parti de Marathon pour annoncer la victoire des Athéniens. J’ai dit non, en argumentant que le monde a évolué depuis 100 ans. J’ai expliqué que le marathon n’était plus une épreuve originale. Car, il y a le marathon de New York, le marathon de Paris, le marathon de Boston, etc. En clair le marathon ne cadrait pas avec l’évolution que le monde a subie. J’ai proposé le Cameroun, où un marathon est assez original, qui débute à peu près 700 m au niveau de la mer, va sur une montagne dont le sommet est à 4100 mètres. Nous pensions qu’en célébrant les 100 ans des Jeux Olympiques dans un environnement comme celui-là, non seulement ç’aura été quelque chose de nouveau après 100 années d’existence des J.o. Bien plus, c’était pour nous un signe de solidarité avec l’Afrique qui est en train de vouloir réveiller les consciences des jeunes Africains, en les invitant à se prendre en charge eux-mêmes par le culte de l’effort de développement.
L’Assemblée nous a passé au vote et j’ai gagné les élections. Et le Conseil international du sport militaire a soutenu financièrement et médiatiquement l’édition 1996 de la Course de l’Espoir. D’où la participation des militaires du monde entier à la première édition de 1996. Et du coup, je me suis également adressé à l’Unesco qui est un organisme qui travaille aussi pour le bien être de la jeunesse. L’Unesco a soutenu l’événement en lui donnant une reconnaissance par le directeur général de l’époque. L’Unesco a un agrément avec CNN à qui il a demandé de couvrir cet événement. Nous avons également organisé cet événement avec le soutien du président de la République du Cameroun. Nous avons signifié au chef de l’Etat notre démarche et des particularités relatives à l’organisation de l’Ascension du Mont Cameroun et nous avons sollicité son parrainage. Il a accepté de nous parrainer et il nous a adressé un message qui est d’ailleurs très significatif, invitant la jeunesse camerounaise à faire comme ces athlètes du Mont Cameroun pour surmonter les difficultés auxquelles le Cameroun est confronté et que chacun dans son domaine d’activité y mette des efforts. Il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas surmonter nos difficultés. Ainsi, la première édition a eu lieu au mois de février 1996. J’avais encore réussi à convaincre Guinness à nous accompagner dans cette aventure et Guinness s’est véritablement impliqué.
Nous constatons que cet événement que vous avez placé très haut à l’image du sommet de la colline la plus haute du Cameroun est en train de perdre de sa qualité du fait de la conjoncture. Le président n’a-t-il pas l’impression que les difficultés qu’il était question de braver vont finir par avoir le dessus sur cet événement?
Je ne crois pas. Je pense que le plus important est que l’événement continue à être organisé. Si l’événement est organisé, il peut avoir un environnement financier plus favorable. Mais un jour, les valeurs de cet événement vont triompher auprès d’un mécène, auprès de l’Etat même, auprès d’une entreprise pour en faire un événement véritablement couru. Parce que les Jeux Olympiques que toutes les grandes cités se disputent aujourd’hui n’avaient pas l’engouement d’aujourd’hui. Je crois que c’est dans les 20 dernières années que les Jeux Olympiques ont pu être vendus à des entreprises. Mais aujourd’hui, chaque entreprise internationale veut y entrer. Je pense que le Mont Cameroun aussi va certainement atteindre cet objectif et le plus important c’est que l’Etat ait accepté de soutenir l’événement. Fort de ce soutien, son existence est assurée. Il faudrait que nous ayons maintenant une gestion professionnelle dans l’organisation, une bonne planification, le respect des délais, toutes ces choses qui sont faites de manière à convaincre les entreprises à mettre de l’argent. Parce qu’une entreprise met de l’argent et n’attend pas un résultat artisanal.
Je suis optimiste quant à la reprise de l’Ascension du Mont Cameroun et la visibilité que cet événement devrait avoir. Je veux vous donner un exemple actuel. Pendant un temps je n’invitais plus les militaires du monde entier, puisque je ne m’occupe plus spécialement du sport militaire au niveau national. Le président de la Fédération nationale m’a saisit pour me demander de continuer à saisir les militaires à travers nos structures du Conseil International du Sport militaire pour qu’ils participent. J’ai donc lancé un communiqué et les réactions sont très positives. Même si cette année les militaires ne seront pas nombreux à participer, l’année prochaine, c’est sûr, les militaires participeront. Ce qui veut dire que l’événement intéresse encore les gens. A l’étranger, les gens connaissent l’importance de cet événement.
De votre posture de président du Comité national olympique et sportif du Cameroun, on constate quelque part que l’Ascension du Mont Cameroun véhicule l’idéal olympique. Quel regard portez-vous sur l’Ascension du Mont Cameroun ?
J’ai dis initialement que les valeurs que véhiculent l’olympisme se retrouvent dans la compétition qui est organisée au Mont Cameroun. Mais en même temps, il faut l’avouer, ce n’est pas un événement olympique au sens propre du terme. Aussi, n’avons- nous pas cru devoir saisir par exemple la solidarité olympique pour obtenir un soutien financier. Nous n’avons rien fait pour l’instant. Mais, si la fédération a la pérennité sur l’organisation de la manifestation, parce que c’est son événement, on verra.
Nous allons faire parler le président de Confédération africaine d’athlétisme. L’événement figure dans votre calendrier officiel de la saison. Est-ce qu’on peut savoir pourquoi ?
L’événement y figure parce que nous avons intégré au niveau de la Fédération internationale d’athlétisme les courses de montagnes parmi les événements d’athlétisme. Et l’Ascension du Mont Cameroun est bel et bien une course de montagne. Le président de la Caa de l’époque, Monsieur Lamine Diack, mon prédécesseur, était déjà venu honorer l’Ascension du Mont Cameroun. Il a été surpris par l’affluence et l’intérêt que cet événement avait dans le public camerounais. Maintenant qu’il est président de la Fédération internationale d’athlétisme, il continue à la soutenir. C’est pour cela que l’année dernière, nous avons pu contribuer à hauteur de 10.000 dollars. Ce n’est pas négligeable. Et cette année, nous avons inscrit au budget de la Caa 5.000 dollars pour soutenir l’Ascension du Mont Cameroun. Et le fait que cet événement soit inscrit sur notre calendrier (qui est approuvé à l’échelon international), permette que toute la grande famille de l’athlétisme soit au courant de l’existence de cet événement. Mais, je souhaite qu’on n’attende pas les derniers moments pour commencer à s’agiter dans l’organisation de l’événement. Il faudrait qu’on fasse un rétro planning qui parte d’au moins six mois avant pour sensibiliser, inviter, communiquer, etc. Comme cela, les gens aussi programment la participation à cet événement qui est devenu véritablement un événement sportif majeur au Cameroun.
Quels sont les efforts qu’il y a à faire au niveau de l’organisation pour que cet événement se rapproche des standards internationaux ?
Tout réside au niveau de la concertation entre les différents intervenants. Aujourd’hui, il y a trois grands intervenants : l’Etat, c’est à dire le ministère des Sports ; la communauté locale de Buea ; la Fédération camerounaise d’athlétisme. Au lieu d’attendre un mois ou deux avant la tenue de l’événement pour commencer à travailler, il faut commencer la concertation très tôt, de manière à assainir toutes les divergences qui naissent. J’ai toujours été en difficulté avec les populations de Buea, l’autorité municipale notamment qui dit que l’événement s’organise à Yaoundé. Par ailleurs, elle pense qu’il y a beaucoup d’argent autour de cet événement qui profite à des individus qui ne sont pas du milieu. Ce qui était totalement faux. Il n’ y avait pas d’argent. Moi, j’avais un seul objectif : être en accord avec ma passion qui était celle de faire passer le message dont j’ai parlé précédemment. Je crois qu’il est bon maintenant, avec du recul et pour faire de cet événement un véritable événement touristique, culturel, sportif bien organisé et attrayant, de voir des gens qui viendraient d’Amérique, de l’Europe, etc. Une bonne planification, dans un esprit de concertation et de dépassement des petites considérations matérialistes pour laisser place à un événement, pourrait honorer l’événement et notre pays.
Est-ce que le président de la Caa, un amateur de la chose sportive, va prendre part à la marche de santé qui est programmée en marge de la compétition le jour de l’événement ?
Je participe à toutes les activités qui me permettent de maintenir ma forme physique. Mais cela dépend dans quelle condition je serai au moment de l’événement. Si je suis en bonne santé, alors il n’ y a pas de problème, je marcherai
Quel message pour tous les Camerounais, pour tous les participants qui viendront à Buea ou qui suivront cet événement ?
Mon message est simplement celui de la solidarité, et j’invite la jeunesse à croire en ce que l’effort seul peut permettre à une personne de surmonter les difficultés dans la vie. Au lieu d’attendre que tout vous tombe du ciel et se pose sur la main, il faut travailler. Travailler et être convaincu de ce qu’on fait et de cette façon, on peut résoudre les problèmes.
Par Interview conduite par Thierry Ndong
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