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18.01.2006
Engelbert Mbarga, entraîneur national adjoint des Lionceaux : “Le Cameroun doit se placer en outsider dans cette Can 2006 ”
Technicien de football ayant, à l’Ecole de football des Brasseries du Cameroun (Efbc), entraîné de nombreux Lions dont Rigobert Song Bahanag, Jérémie Njitap Fotso, Salomon Olembe, Daniel Ngom Komè, Samuel Eto’o Fils, Jean Hughes Bilayi Ateba, Eric Djemba-Djemba et Guy Armand Feutchine qui font partie des 23 sélectionnés du Portugais Artur Jorge pour la prochaine coupe d’Afrique des nations (Can) de football en Egypte, ce membre de l’encadrement technique de l’équipe nationale de football junior (moins de 20 ans) du Cameroun analyse les forces et les faiblesses des Camerounais dans cette compétition de l’élite africaine. Il jette aussi un regard sur les potentialités des adversaires des Lions Indomptables dans le groupe B, ainsi que sur les autres groupes du tournoi.
Quel regard jetez-vous sur le groupe B de la Can, comprenant le Cameroun, la Rdc qui a déjà remporté cette compétition à deux reprises, et les mondialistes Togo et Angola ?
C’est le sort qui a voulu que nous tombions dans un groupe qui a deux mondialistes, le Togo et l’Angola, et un ancien baron du football africain, la Rdc qui reste quand même une équipe redoutable, qui est en train d’essayer de se relever. La première lecture que nous faisons de ce groupe est qu’il sera très ouvert. Même si, sur le papier, le Cameroun apparaît comme le grand favori, il faut quand même relever que les Lions Indomptables qui n’ont pas pu se qualifier pour la prochaine coupe du monde de football ont pris un sacré coup. Avec effet contraire pour leurs adversaires qui ne les trouvent plus aussi redoutables qu’ils étaient il y a quelques années. Le Togo et l’Angola, deux équipes qualifiées pour le prochain Mondial, ont un avantage psychologique. Même si je pense que, malgré cet avantage, le Togo et l’Angola n’ont pas encore les moyens de se classer sur le toit de l’Afrique ; c’est-à-dire être champions d’Afrique. Se qualifier pour la coupe du monde c’est autre chose. Maintenant, il y a la Rdc qui peut gêner n’importe quelle équipe dans ce continent. Je pense enfin que le résultat de cette poule sera dépendant de la faculté du Cameroun à réagir sur le plan psychologique, pour se relever de l’élimination malheureuse du 8 octobre 2005 à Yaoundé. Ce sera le cas du Cameroun et de quelques autres équipes pour lesquelles la non-qualification pour le Mondial allemand est un véritable drame national. Je pense au Nigeria, au Sénégal et au Maroc qui, comme le Cameroun, avaient les moyens d’aller à la prochaine coupe du monde de football.
Parlant justement de l’aspect psychologique, ne pensez-vous pas que le fait pour le Cameroun d’avoir déjà remporté quatre Can pourrait l’amener à avoir le complexe de supériorité – néfaste – face à ses adversaires du premier tour ?
Il y a effectivement cette sensation d’être rassasié qui peut, à un moment donné de la carrière d’un sportif s’afficher dans ses résultats, son comportement, son attitude. Donc, il faut un travail psychologique de longue haleine. Ceci est très important dans la carrière d’un joueur et la survie d’une équipe de football. Le Cameroun a certes remporté quatre Can dont deux d’affilé en 2000 et en 2002, mais il faut reconnaître qu’il est passé à côté de la Can 2004. Donc, il y a aussi ce sentiment de frustration et de revanche dans l’air. Je pense que si nous arrivons à bien digérer notre élimination, nous pourrons, en Egypte, présenter une équipe qui pourra aller jusqu’au bout ; c’est-à-dire être dans le dernier carré. Et, à partir du moment où nous sommes à ce niveau, c’est-à-dire des demi-finales, on peut facilement se qualifier pour la finale et remporter le trophée. Maintenant, je dois dire que l’Egypte qui est pays organisateur, même s’il a aussi raté la campagne des éliminatoires pour le mondial 2006, a une bonne équipe. La Côte d’Ivoire qualifiée pour le prochain Mondial a une très bonne équipe. La Tunisie, tenante du titre, est qualifiée pour la coupe du monde ; ce qui est pour elle un plus sur le plan psychologique. Le Ghana qui renaît a une bonne équipe qui est également qualifiée pour la coupe du monde. Pour moi, l’Egypte, la Tunisie, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont le moral et tout ce qu’il faut pour être les supers favoris de cette 25ème Can de football.
En tant que technicien ayant une idée des adversaires du Cameroun au premier tour, vous pensez que les Lions devront jouer dans quel registre à cette compétition ?
Je pense que, dans leur groupe, le Cameroun a intérêt à faire courir l’adversaire. Quand nous regardons le jeu développé par ces adversaires du premier tour que sont le Togo, la Rdc et l’Angola, nous pensons que le Cameroun devra les faire courir. Maintenant, sur un plan général, je pense que les Lions Indomptables doivent, dès la première journée de cette compétition, prendre le jeu à leur compte. Nous avons les moyens pour le faire. En gros, pour ce qui est de ce tournoi, je pense que nous devons nous placer en outsider. Je crois que c’est notre place actuellement sur l’échiquier africain. Il y en a qui ont le vent en poupe. Pour l’instant, nous ne l’avons pas. Nous sommes outsiders et, placés à cet endroit, nous pouvons surgir à tout moment. Il ne servira vraiment à rien de partir avec une très grande prétention ; faire croire à tout le monde que nous allons pour gagner la Can. On risque d’être désagréablement surpris. Par contre, si nous allons en se disant que nous sommes en train de nous relever, nous pourrons surprendre plus d’une personne. Pour moi, la meilleure stratégie après les matches de poule sera de se placer en outsider et, à partir de ce moment-là, nous pourrons surprendre tous nos adversaires. Si nous y allons en tant que favoris, nous risquons d’être coincés.
Aujourd’hui où les Lions évoluent comme une équipe sans âme, pensez-vous que la dynamique souhaitée puisse renaître à la Can égyptienne ?
Dans la vie de chaque équipe, il y a des cycles avec des joueurs qui peuvent durer. Et, il arrive un moment où il y a une fin de cycle avec des anciens qui vont partir et des jeunes arrivés. C’est un éternel recommencement. Pour l’instant, le Cameroun est à une phase assez délicate de la vie des Lions Indomptables où il faut progressivement intégrer des jeunes à la place de certains anciens qui commencent à partir ou à se fatiguer. Nous sommes donc dans une phase de reconstruction qui est tellement délicate et, de son résultat dépend la survie même de l’équipe nationale. C’est-à-dire que, si ce virage est bien négocié comme il l’a été en 1999-2000, on aura une très bonne équipe par la suite. Si ce virage est loupé, on sera dans le trou pendant quelque temps, le temps de se ressaisir. Je pense que ce sont les Lions Indomptables qui nous donneront la réponse à cette question pendant la Can égyptienne. Je crois par ailleurs que, si on s’était qualifiés pour la coupe du monde, cela allait nous donner la possibilité de voir à quel niveau nous nous trouvons aujourd’hui dans le brassage entre les jeunes qui arrivent et les anciens qui doivent partir. Bref, pour nous donner le visage de la future équipe nationale de football du Cameroun. Donc, cette Can va nous permettre de nous situer véritablement par rapport aux cinq prochaines années. La Côte d’Ivoire par exemple, on ne se pose plus des questions portant sur à quoi ressemblera les Eléphants au cours des cinq prochaines années. On sait quelle sera une très grande équipe.
Quel est votre pronostic pour cette Can 2006 qui, en raison de la qualité des équipes devant la disputer, s’annonce très relevée ?
Il serait bien malin d’annoncer un pronostic. Pour moi, les favoris sont l’Egypte, la Côte d’Ivoire, la Tunisie et le Ghana. Et maintenant le Cameroun, outsider numéro un.
Par Entretien mené par Honoré FOIMOUKOM
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