ACTUALITE |
17.01.2002
Fallait-il intégrer les locaux dans la liste des 22 ? (Cameroun-info.net)
Des voix s’élèvent pour dénoncer ce que certains ne manquent pas d’assimiler à un scandale...
Yaoundé, le 16 janvier 2002 : Le débat avait été lancé il y a quelques semaines par l’entraîneur de Fovu de Baham, Bonaventure Djonkep (aujourd`hui entraineur de Coton Sport de Garoua). L’ancien international camerounais tenait à dénoncer les méthodes de l`entraîneur allemand des Lions indomptables, M. Winfried Schäfer qui, selon lui, n`accorde pas "trop d`importance" aux amateurs dans la mise en place de la sélection nationale.
"Lorsqu`un entraîneur va en compétition avec 22 joueurs, très souvent, il utilise au maximum 18", avait-t-il déclaré, expliquant que dans une sélection de 22 joueurs on devrait réserver, "en signe de gratitude", une ou deux places à des joueurs ayant rendu service, trois ou quatre places à des joueurs amateurs qu`on prépare pour le futur, et une quinzaine de places pour ceux-là qui doivent effectivement être titularisés."
Pour l’entraîneur vainqueur de la Coupe du Cameroun ainsi pour une bonne frange de l’opinion publique camerounaise, le sélectionneur national devrait incorporer aussi les amateurs parce que c`est eux qui sont l`avenir du football. Selon Djonkep, "Le football camerounais prend corps au Cameroun et non à l`extérieur. Il est insensé à mon avis de faire une sélection de 22 joueurs camerounais sans la moindre place pour les amateurs".
Il faut dire que bon nombre d’observateurs du dernier championnat national ont du mal à comprendre pourquoi, par exemple Daniel Wansi (photo ci-contre. Source: Fecafoot), le crack d’or (meilleur joueur) de la saison 2000/2001 de la compétition nationale ne figure pas sur la liste des 22. Bonaventure Djonkep affirme qu’un Mokake ou encore un Zock mériteraient cette récompense.
Pour le staff technique national, on ne voit pas les choses de la même façon. Winfried Schäfer affirme ne pas avoir besoin de figurants dans son effectif. Il n’hésite pas à dire à qui veut l’entendre que les 22 joueurs qu’il amène avec lui au Mali doivent être prêts et aptes à entrer sur le terrain à n’importe quel moment, répondre présents pour les missions qui leur seront confiées. Le technicien allemand sait qu’aucun faut pas ne lui est permis et pour cela, il a besoin d’hommes en jambe. Il a, selon lui, l’intime conviction qu’il sera appelé à utiliser la quasi-totalité des joueurs qui feront le voyage. La composition des équipes qui ont affronté le Burkina et la Tunisie ainsi que les séances de démarquage effectuées lors des entraînements le laissent présager. Schäfer n’hésite pas non plus à rappeler aux uns et autres que la plupart des équipes qui visent le sacre final ont fait le plein de leurs joueurs professionnels. Non sans mal rétorquent certains.
Phénomène restreint dans un premier temps, la participation à la CAN des joueurs expatriés avec leurs sélections respectives est de plus en plus importante, mais elle n’a pas toujours l’impact escompté en terme de résultats. Plus, les grands clubs européens s’en mêlent et empêchent leurs joueurs africains de rejoindre leur sélection.
En 1967, la CAF décide que chaque fédération peut utiliser un maximum de deux joueurs expatriés; jusque-là, seuls les "locaux" pouvaient disputer la CAN. Dans un premier temps, en 1968 et 1970, la participation des "pros" ne permet pas de faire la différence. Il faut attendre 1972 à l’occasion de la CAN organisée dans notre pays pour constater leur influence. François M’Pelé (Ajaccio) est alors la pièce maîtresse du Congo Brazzaville qui remporte le trophée.
C’est en 1982 que la CAF permet à tous les Africains de l’étranger de renforcer leurs sélections. Au fil des phases finales, leur nombre passe à 30 en 1990 à Alger, puis à trois fois plus en 1992 au Sénégal. En 1996, on en compte 119 et en 1998, 177, c’est-à-dire une moyenne de 11 joueurs par équipe.
Dans l’histoire récente de la participation massive de ces joueurs expatriés, trois pays seulement y ont trouvé leur compte : le Cameroun en 1984, 1988 et 2000, le Nigeria en 1994 et l’Afrique du Sud en 1996.
L’échec le plus retentissant reste celui du Sénégal en 1992 malgré sa brochette de pros. Les Bocandé, Mendy, Youm et Sené ne dépassèrent pas le stade des quarts de finale à domicile. A l’inverse, en 1998, les Egyptiens ont remporté leur 4e titre continental avec seulement 3 pros. La Tunisie, elle, a atteint la finale en 1996 sans aucun pro.
Posséder des pros est une chose, en disposer pour la CAN en est une autre. Voilà le casse-tête des sélectionneurs. Jusqu’en 1988, la mise à disposition des joueurs était obtenue par des négociations entre les clubs et les pays. Il a fallu que la FIFA s’en mêle et établisse des règles à partir de 1990 pour obliger l’équipe concernée à libérer son ou ses joueurs sélectionnés pour au moins 14 jours lorsqu’il s’agit d’une compétition officielle comme la CAN. En dépit de la réglementation, les clubs employeurs ont recours à des artifices pour empêcher les joueurs de rejoindre leur sélection. On a aussi remarqué que la peur des blessures a souvent mis un frein à l’ardeur des pros africains.
Le dernier artifice c’est choisir la période rapprochée de la CAN pour... entamer des négociations de renouvellement de contrat... Enfin, les clubs interviennent directement pour dissuader les joueurs de jouer avec leur pays et que c’est leur intérêt de rester pour ne pas perdre leur place dans l’équipe.
|
|
Hits: 1 | Source:Cameroun-info | |
|
|
|
|
| |