ACTUALITE |
12.08.2005
Profils bas
Emmanuel Gustave Samnick
Chrono
La Fédération camerounaise de football (Fécafoot), qui n`a de cesse de s`arrimer à la modernité, se fait un devoir désormais, chaque soir de championnat national de 1ère division, de communiquer par courriel aux journalistes, les résultats des différentes rencontres qui se sont jouées sur l`ensemble du territoire national. La bonne idée se heurte, malheureusement, et de plus en plus, aux tristes réalités du terrain. Depuis au moins quatre journées en effet, les résultats officiels que communique la Fécafoot aux médias sont incomplets, plusieurs combinaisons étant suivies de la mention : «interrompu à la 84è minute». Et la gangrène semble s`être durablement installée dans les moeurs des clubs affiliés au championnat national de football 1ère division. Pour mémoire, lors de la 22ème journée, le match Mont Cameroun-Union de Douala fut arrêté à la 87ème minute, à cause de l`envahissement de l`aire de jeu par le public. Lors de la 23ème journée, la dernière en date, c`est le choc Tonnerre-Coton Sport qui est interrompu à la 81ème minute, toujours par la seule volonté du public. Dans l`un et l`autre cas, on remarquera que le club local était mené au score par le club visiteur.
Que pense la fédération de tous ces mic-macs? Eh bien, sa commission d`homologation, qui ne voit toujours pas l`urgence de statuer immédiatement sur ces genres de situations, a décidé, en citant il est vrai les règlements généraux de la Fécafoot, de reprogrammer certains matches perturbés sur leur fin, donnant ainsi raison aux spectateurs mauvais perdants, qui ont trouvé une géniale astuce pour éviter la défaite à leur équipe chérie: envahir l`aire de jeu à quelques poussières de minutes du coup de sifflet final.
Quelles que puissent être les dispositions prévues dans la réglementation en vigueur, nous pensons que reprogrammer en entier un match qui est interrompu par le public favorable au club qui reçoit, à trois minutes de la fin du temps réglementaire, est un tacle par derrière fait au bon sens commun. Dans le contexte camerounais, où les déplacements ordinaires sont un casse-tête permanent pour les dirigeants des clubs, cette disposition paraît davantage hors des limites du terrain. Et l`on s`étonne que les arbitres, déjà peu brillants, n`aient pas le courage, à leur petit niveau, de mettre fin à la comédie en sifflant souvent la fin de ces matches que veulent absolument perturber des esprits malins. Quelle garantie a-t-on en effet que, une fois le match recommencé, les supporters locaux ne l`interrompront pas à nouveau à quelques minutes de son terme, tant que leur équipe sera défavorisée au niveau du tableau d`affichage et que, malgré des actes repréhensibles récuurents, les stades de football seront difficilement suspendus au Cameroun?
On peut bien sûr évoquer la qualité minable des infrastructures qui accueillent les rencontres du championnat national de football au Cameroun. En eux-mêmes, ces pseudo-stades sont une source inépuisable d`insécurité: seule une ligne mal tracée à la chaux ou au couscous sépare les spectateurs des joueurs et des arbitres, les vestiaires sont inexistants, et la clôture d`enceinte n`est souvent qu`une vaine formalité dont se moquent les resquilleurs. On est en tout cas, au Cameroun, très loin des minimas exigibles pour la pratique du football de compétition.
Il faudrait néanmoins nuancer la responsabilité du délabrement des stades camerounais dans l`exacerbation de la violence en cours. Les grilles autour de l`aire de jeu ne sont guère une meilleure garantie de sécurité des matches de football. D`ailleurs, la tendance dans le monde entier est à la suppression des grillages dans les stades, parce qu`en cas de bousculades dans les gradins, les dégâts seront encore plus énormes ! On voit bien que les stades anglais, au pays des Hooligans, par exemple, n`ont pas de grillages. C`est donc davantage d`une culture de sport qu`il s`agit: les spectateurs doivent se faire à l`idée de venir au stade pour voir le spectacle football, et non pour imposer la victoire de leur équipe, quelles que soient par ailleurs les circonstances du jeu. La violence n`a jamais résolu un problème dans la durée sur un terrain de football.
A quelques jours d`un rendez-vous crucial qui l`attend le 4 septembre 2005 à Abidjan, le football camerounais n`a pas montré un visage reluisant ces dernières semaines, avec ces matches qui se terminent, comme on dit, «en queue de poisson», à cause uniquement du manque de fair-play de certains acteurs. Heureusement que de temps à autre, jaillit une étincelle dans la nuit noire, pour nous gonfler à nouveau d`espoir. Comme ce transfert prometteur du non moins prometteur international junior camerounais, Alexandre Song Billong, de Bastia (D2 française) à Arsenal (l`un des majors de la Premier League anglaise). A 19 ans, ce neveu du capitaine des Lions indomptables représente l`avenir du football camerounais, qui n`est pas passé, hélas, par notre championnat de D1trempé de violence et de mauvais jeu à répétition.
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