ACTUALITE |
19.06.2010
Au Cameroun, les esprits s`échauffent
Après sa défaite face à au Japon (1-0), l`équipe du Cameroun est sur la sellette, notamment l`entraîneur français Paul Le Guen, accusé par le quotidien Mutations d`avoir fait de mauvais choix tactiques.
Emmanuel Gustave Samnick | Mutations
Paul Le Guen attend que ses joueurs terminent de prier avant de lancer l`entraînement, Durban, 10 juin 2010.
Paul Le Guen l’a dit et répété : toutes les décisions qu’il prenait, c’est pour le bien de l’équipe du Cameroun pour laquelle il s’est engagé corps et âme. Car, disait-il, il ne connaissait pas un entraîneur au monde qui puisse vouloir du mal à son équipe. Ces propos de Paul le Guen [ex-joueur et entraîneur du PSG], sélectionneur des Lions indomptables, sonnent désormais faux au lendemain du désastre de l’entrée de son équipe dans la Coupe du monde, dont il porte l’entière responsabilité. Il y a des entraîneurs qui peuvent jouer contre leur camp et celui du Cameroun, c`est désormais manifeste, en fait sans nul doute partie !
Un entraîneur qui veut le bien de son équipe doit tirer tout seul les leçons de ses échecs.
Paul Le Guen a surfé d’emblée sur la vague du succès après son embauche comme sélectionneur du Cameroun, réussissant un parcours sans faute : quatre matchs sans défaite qui ont permis aux Lions indomptables d’effacer le traumatisme de l’élimination de la Coupe du monde 2006 et d’obtenir leur ticket pour le Mondial. Mais, immédiatement après, l’équipe est retombée sur terre [éliminée par l’Egypte en quart de finale de la CAN]. Cet échec a montré que Le Guen ne connaissait pas encore suffisamment les joueurs qu’il avait lui-même sélectionnés. Il a aligné quatre équipes différentes en quatre matchs. Les faits sont suffisamment graves pour que le coach des Lions comprenne qu’il est sur une fausse route. Le Guen doit revoir ses certitudes et son approche de la compétition.
Pendant les deux semaines de stage préparatoire à la présente Coupe du monde, on l’a encore vu balbutier, faire des essais étonnants, jusqu’au dernier match amical de préparation. De passage à Yaoundé avec son équipe en route vers l’Afrique du Sud, le sélectionneur a affiché toute sa sérénité, répétant à l’envi qu’il venait de faire une préparation de rêve et que les fans ne devaient pas s’émouvoir des mauvais résultats des matchs amicaux, dont l’objectif n’était nullement la victoire. “Rassurez-vous, je sais exactement où je vais”, clamait-il avec un brin d’arrogance, alors que la presse relayait les inquiétudes du public.
Après la gifle du 14 juin contre le Japon, on sait donc où mène la course du papillon : droit dans le mur ! On ne peut pas comprendre autrement cet entêtement à appliquer le 4-3-3 que ses propres joueurs refusent parce qu’il ne correspond pas à leurs qualités actuelles. Par amour-propre et par autoritarisme, il a puni l`équipe en la privant de ses rares valeurs sûres (Alex Song, Rigobert Song, Gérémi Njitap, Achille Emana). Tout ça pour aligner une équipe expérimentale en Coupe du monde. Il ne l’avait même pas essayée, même à l’entraînement. Il l’a reconduite après la pause contre le Japon alors qu’elle était menée, façon de dire “tout va pour le mieux”. Dites-nous encore que cet homme veut le bien de l’équipe qu’il entraîne...
http://www.courrierinternational.com/article/2010/06/19/au-cameroun-les-esprits-s-echauffent
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