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12.11.2009
Evocation : Ce jour-là à Kenitra…
ESSAMA ESSOMBA
Septembre 1981. Deux mois avant le match aller du rendez-vous décisif Maroc-Cameroun qualificatif pour la phase finale de la coupe du monde de football organisée en Espagne en juin-juillet 1982, la tension montait déjà sensiblement dans les deux pays. Au Maroc, Just Fontaine, coach de l’équipe nationale choisi personnellement par Sa Majesté Hassan II dont il clamait haut et fort l’amitié royale, auréolé du titre glorieux de meilleur goleador de la coupe du monde de 1958, ne tarissait pas d’éloges sur ses poulains. Dans un entretien dithyrambique avec l’hebdo sportif « Jeux d’Afrique » il affirmait péremptoirement disposer d’un excellent gardien (Badou Zaki), d’arrières latéraux complets, d’une charnière homogène, d’un milieu de terrain équilibré. Dans les rangs du Cameroun, seul l’impressionnaient, et encore moins que son escouade, Roger Milla et Paul Bahoken. Fort de ses entrées au palais royal, Just Fontaine avait d’abord fixé le théâtre du match à Casablanca. Puis, se ravisant pour fuir la foule qui avait hué son équipe éliminée de la phase finale de la coupe d’Afrique des Nations en février 1982 à Tripoli et à Benghazi, il proposa ensuite Rabat. Mais enfin, il opta définitivement pour Kenitra, afin d’y aller « couver » ses poulains et les éloigner du brouhaha frondeur des supporters persifleurs.
De son côté, le Cameroun, par une décision du ministre de la Jeunesse et des Sports André Ngongang Ouandji, avait choisi Cannes en France, comme tanière. A l’étranger. Une première. Après Cannes en France, ce fut Tunis en Tunisie pour son climat proche de celui du Maroc. L’ossature était celle de Canon de Yaoundé, champion d’Afrique 1980, détenteur de la coupe d’Afrique des coupes en 1981 : Nkono, Kundé, Mbom, Eboué, Mbida, Nguéa, Manga. Puis ceux de l’Union de Douala : Kamga, Doumbe Léa, Ekoulé… Ceux de l’étranger dont Bell, Milla, Tokoto, Kaham, Bahoken, Aoudou, Maya. Tout se déroula bien, sous la houlette d’une « équipe de coaches », aux côtés de qui le professeur de médecine Tsala Mbala, surnommé plus tard par les journalistes péruviens « le sorcier Maya Maya », impressionnait physiquement tout le monde.
Octobre passa. Puis novembre vint. Surtout le 15, le grand jour. Peu avant le match, quelques cassandres sensibles aux élucubrations du coach marocain, prédisaient un avenir radieux aux Lions, ceux de l’Atlas, contre une déconvenue aux Lions Indomptables. Mais ce jour-là à Kenitra, dans un stade et d’autant plus archi-comble que sa capacité d’accueil était faible, les Lions, ceux du Cameroun, c’est-à-dire les Indomptables, rugirent deux fois. Sans réaction adverse. Le sifflet final retentit, sous les clameurs de joie de quelques centaines de Camerounais présents. Et sans doute des millions de supporters au Cameroun. Ce jour-là à Kenitra, Just Fontaine annonça sa démission. Aussitôt dit, aussitôt fait.
Notre souhait : que le rendez-vous de Fès, samedi prochain, ressemble en tout point à celui de Kenitra en 1981. Quel beau rêve !
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Hits: 1 | Source:cameroon-tribune.cm | |
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