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01.09.2005
Mbom Ephraïm : une fin de match difficile
L’ancien latéral gauche vit au quartier Nkongmondo.
Il est midi. C’est l’heure du déjeuner chez les Mbom Ephraïm. Un remue-ménage s’est emparé de la salle de séjour. Assis sur un canapé, le chef de famille assiste aux scènes de vie qui se déroulent sous ses yeux. Le visiteur, introduit par la génitrice du footballeur installée sur la véranda devant un petit comptoir garni de chaussures fait son entrée sous une ambiance de bruits de plats et de petits éclats de voix. Un homme, de teint noir, le visage visiblement marqué par les épreuves et les intempéries de la vie, se lève de sa chaise péniblement comme s’il traînait une infirmité. Il vient à la rencontre de son hôte surprise. En matière de bonnes manières, l’ancien latéral gauche ressemble à l’écrasante majorité des footballeurs de sa génération. Les gens bien dans la tête et surtout dans les jambes. Celles de l’enfant du Nyong et Kellé étaient faites pour le soccer.
Depuis dix sept ans, l’homme s’est retiré des stades mais le virus du football continue à le ronger. Il encadre des jeunes dans une école de football à Douala. C’est ce boulot qui occupe actuellement l’ancien sociétaire de Rail de Douala, club où il fit ses premiers pas de footballeur en 1972 avant d’être transféré à Eclair puis à Léopard. Mbom Ephraïm écrit ses plus belles pages avec le Canon de Yaoundé. Il se souvient encore de la formidable épopée africaine des Mekok me Ngonda. Quelques rencontres restent vivaces dans sa mémoire. La finale de la coupe d’Afrique des clubs champions qui oppose le Canon au Hafia de Conakry en 1978 ou encore la grande finale Canon-Bilima du Zaïre de 1980, sans oublier le Canon-Gor Mahia du Kenya de 1979, constituent les souvenirs impérissables de sa riche carrière. Ceux-ci viennent cependant se loger, un étage au-dessous des émotions vécues par le latéral gauche lors de la coupe d’Afrique des nations et de la coupe du monde de 1982. Il ramène les plus " beaux moments de sa carrière " de Libye et d’Espagne. Juste consécration pour un joueur de l’équipe nationale dès 1980. Il rejoint la sélection à l’occasion du match Cameroun-Togo, comptant pour les éliminatoires de la coupe d’Afrique des nations de Tripoli. Membre de la " dream team " du Kpa-Kum, Mbom Ephraïm est également considéré comme l’un des éminents cadres de l’équipe nationale qu’il quitte malheureusement en 1984, sur une civière quelques semaines avant la coupe d’Afrique des nations en Côte d’Ivoire. Le défenseur se blesse lors du stage préparatoire. Le joueur garde d’ailleurs un très mauvais souvenir de cette fracture, le "plus mauvais " de toute sa carrière.
Malgré ce malheureux coup de sort, Mbom continue néanmoins sa carrière en club et dépose ses valises dans le Dragon de Yaoundé après sa guérison. En 1986, il retourne rapidement faire une pige d’une saison dans Rail, le club de ses " premières amours ". Les sirènes du Canon l’appellent de nouveau en 1987. Les jambes commencent à peser. Mbom Ephraïm est obligé de tout laisser tomber. Le plus dur commence. Il faut négocier la sortie et la reconversion. Le footballeur retrouve son boulot à la Regifercam, une société qui compte également un autre ancien Lion dans ses effectifs. Ndjeya René. Mbom ne résiste malheureusement pas au plan social, mis en route cinq ans plus tard par les dirigeants de la société. Le voilà au quartier. A Nkongmondo où il est une véritable curiosité pour son entourage et les jeunes du quartier qui, en voyant comme l’ancien Lion se bat pour la suivie, commencent à s’interroger sur la troisième vie des footballeurs d’antan et leur retraite. Le cas de Mbom Ephraïm est à la fois un véritable cas d’école et un bon thème de dissertation philosophique construit sur la Condition humaine d’André Malraux.
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