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Fédérations sportives: A quoi servent les Dtn (24.12.2004)
Bertille M. Bikoun
Les nombreux dysfonctionnements sont à l`origine des tensions avec la hiérarchie fédérale et la tutelle.
Il y a quelques années encore, être directeur technique national (Dtn) d`une discipline sportive ne signifiait rien du tout. Très peu de fédérations sportives nationales, à l`instar de la Fécafoot, disposaient d`une Dtn au sein de sa structure. C`est avec l`arrivée, en 2000, de Bidoung Mkpatt, à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports, que cette fonction prendra de l’envergure. L`ancien Minjes nommera systématiquement des Dtn dans toutes les associations sportives. Il leur attribuera par ailleurs des missions précises et un budget de fonctionnement. En son temps, l`initiative avait été bien accueillie par nombre de dirigeants sportifs. Mais, comme il fallait s`y attendre, des dissensions sont tout de suite nées entre les bureaux fédéraux et les directions techniques. Puis, entre ces dernières et la tutelle.
"Le flou est parti tout d`abord des attributions du ministère, déclare alors Georges Mekongo, Dtn de la Fédération camerounaise de basket-ball. Sur le plan administratif, il y a un vide. Le Dtn n`est pas présenté comme le patron des entraîneurs nationaux. Nous ne savons pas si nous avons rang de directeur ou de sous-directeur de l`administration".
Son homologue du volley-ball, Joseph Nane Eoné, se réjouit d`abord que "le Minjes leur ait confié des tâches, car cela n`existait pas avant. Mais ils ne sont pas allés jusqu`au bout". D`après ce dernier, il y a des fédérations qui n`étaient pas habituées à fonctionner avec un Dtn. Et aujourd`hui qu`on en a nommé, elles le prennent comme une charge, voir un obstacle. "Ce qui fait que les fédérations exploitent la vacuité des textes et le fait que nous ne possédons pas des moyens pour financer nos projets. Conséquence: nous ne pouvons pas atteindre les objectifs qui nous ont été fixés".
Dysfonctionnements
Responsables de la politique sportive nationale, chacun dans sa discipline, les Dtn ont entre autres missions : la conception et le suivi des programmes élaborés, la formation des sélections et le suivi des athlètes en rapport avec les politiques fédérales, la formation des cadres. Toutefois, déclarent-ils en choeur, leur rôle n`est pas encore bien perçu par les fédérations. D`après Mvondo Etoga, le Dtn de la Fécajudo, "le suivi d`un programme est hypothétique, car chaque entraîneur essaye, au niveau des clubs, de faire son programme. Celui-ci doit être validé par le Dtn. Ce qui n`est pas le cas". De même, poursuit J. Nane Eone du volley-ball, "il arrive très souvent qu`un entraîneur convoque un stage et informe juste le Dtn. Alors que cette opération, ils doivent la faire ensemble". Une insubordination des entraîneurs et sélectionneurs nationaux
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quedéplore également Robert Corfou, le Dtn de football.
Toujours dans le chapelet de récriminations des Dtn, on note l`influence des présidents dans la conception des calendriers fédéraux, leur ingérence dans la formation des sélections nationales où l`entraîneur n`a pas d`autorité, la confiscation des opportunités de voyage qui "sont parfois l`occasion pour les Dtn de s`informer et/ou de se recycler sur l`évolution des techniques". Le résultat est que très peu de directions techniques nationales entretiennent des "relations cordiales avec leur hiérarchie", comme c`est le cas à la Fédération camerounaise de lutte. "Avant de nous retrouver dans cette structure, nous entretenions déjà des relations amicales, franches. C`est peut-être la raison pour laquelle nous n`avons pas de problèmes. Il n`y a pas d`empiètement au niveau des missions dévolues à chacun. Nous travaillons en collégialité", rapporte son Dtn Bienvenu Binyame. Selon lui, il existe de nombreux blocages ("ils sont d`ordre financier et matériel"). Mais ceux-ci ne relèvent pas de la fédé.
Ses homologues et lui estiment qu`il revenait à la tutelle, non seulement de bien ficeler les textes, mais aussi de leur donner des moyens pour mener à bien leurs missions. Les subventions qui leur avaient été directement accordées étaient accompagnées d`un cahier de charges. Les uns et les autres étaient d`ailleurs tenus d`en rendre compte à la direction des Sports du Minjes. Cela avait été à l`origine d`une autre tension. Les présidents des fédés auraient souhaité que la tutelle définisse avec eux les priorités de l`heure, et qu`ensuite, la subvention soit remise aux différents départements des finances, qui se chargeraient alors de la mettre à la disposition des Dtn.
Il faut cependant dire que la nomination des Dtn, à l`époque, souffrait des mêmes maux que celle des entraîneurs des équipes nationales. Rares étaient ceux qui possédaient une expérience dans la discipline concernée au moment de leur intronisation. Il s`agissait parfois d’étudiants fraîchement sortis du cycle de Dess de l`Injs, nommés par complaisance, très souvent sans que les responsables fédéraux aient été consultés. Aussi, dans certaines fédérations comme en athlétisme, l`on a vu le Dtn outrepasser les directives de sa hiérarchie fédérale pour se référer uniquement au ministère.
Par ailleurs, à part peut-être le volley-ball, le handball et, dans une moindre mesure l`athlétisme, aucune Dtn n`a de sélections véritables hormis celles des seniors. Très peu sont les Dtn qui effectuent de la détection à travers tout le pays. Ils se limitent très souvent à Yaoundé et Douala; et quelque fois à Bafoussam. Autant de raisons pour lesquelles l`on observe des dysfonctionnements au sein des fédérations. Sans que cela n`émeuve la tutelle.
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