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La ronde des ministres (02.10.2006)
Augustin Edjoa est la cinquième personnalité en six ans, depuis l`an 2000, qui va diriger le ministère en charge du sport au Cameroun, venant après Joseph Owona, Bidoung Mkpatt, Siegfried David Etame Massoma et Philippe Mbarga Mboa.
Emmanuel Gustave Samnick
D`aucuns expliquent cette instabilité par le caractère sensible du département et le fait que tout le monde peut revendiquer une certaine connaissance de son centre d`intérêt, l`activité sportive et particulièrement le football. Les crises ou les échecs sportifs enregistrés dans la discipline football n`ont pourtant été que par moments à l`origine du départ de ces ministres.
Le professeur de droit, Joseph Owona, arrive au ministère de la Jeunesse et des Sports en décembre 1997, en remplacement de Samuel Makon Wehiong qui y aura passé à peine un an et demi. Le temps de gérer la "transition démocratique" dans les fédérations sportives dont les dirigeants sont élus depuis 1996, ce qui favorisa du reste une certaine autonomie de la Fécafoot dans la négociation de son premier gros contrat d`équipementier avec Puma.
C`est sur ces entrefaites qu`arrive Joseph Owona, qui cherche d`entrée à dénoncer le contrat Fécafoot-Puma. Plus grave, il fait incarcérer Vincent Onana en juin 1998 pour une histoire de pression sur les tickets de la Coupe du monde qui ne sera pas établie par la justice au bout de deux ans de séjour du président de la Fécafoot à la prison de Kondengui. Le ministre Owona essuiera aussi un désaveu public du Premier ministre quand il voulut mettre entre parenthèses le bureau élu de la Fécafoot de Mohammed Iya en nommant un comité provisoire de gestion, ce qui provoqua la suspension immédiate du Cameroun par la Fifa. Il sortira néanmoins du Minjes avec la gloire du retour en force des Lions indomptables sur la scène internationale avec cette victoire à la Can 2000. Au retour de cette expédition victorieuse à Lagos, il fut muté dans un autre département ministériel et remplacé par Bidoung Mkpatt au ministère des Sports.
L`homme de théâtre, précédemment directeur de l`Institut national de la jeunesse et des sports (Injs), surfa aussi sur la vague des succès sportifs pendant les quatre années passées en poste: Can 2002 et surtout première médaille d`or olympique du Cameroun, avec les Lions indomptables espoirs à Sydney en 2000. Une médaille qui donna des ailes au ministre pour écarter le sélectionneur bâtisseur de la "Dream Team" de 2000, Pierre Lechantre, au profit du héros de Sydney Jean-Paul Akono, ce qui replongea les Lions indomptables dans une ère de turbulence inattendue. Le conseiller de jeunesse et d`animation renforça la
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perception du Minjes comme "ministère des Lions indomptables" en inaugurant la mode du déplacement du ministre dans les stages et matches amicaux de l`équipe nationale organisés en Europe, pendant que d`autres disciplines rongeaient leur frein à Yaoundé. A l`actif de Bidoung Mkpatt, une paix durable avec la Fécafoot formalisée par la convention Minjes-Fécafoot portant notamment sur la répartition des royalties générées par l`équipe du Cameroun. Il fut limogé en avril 2004 à la suite de l`affaire du maillot une-pièce des Lions.
Bidoung écarté en pleine crise, c`est un ministre par intérim de la Jeunesse et des Sports qui lui succéda, l`ancien gouverneur de province Etame Massoma. Ce dernier, comme tétanisé par le contexte du limogeage de son prédécesseur, n`entreprit que très peu de choses jusqu`à sa mutation au Contrôle supérieur de l`Etat le 8 décembre 2004. Appliquant une directive du secrétaire général de la présidence de la République, il commanda une enquête à la Fécafoot et une révision des textes de cette fédération. Siegfried Etame Massoma prit encore tout son temps avant de limoger le coach allemand des Lions, Winfried Schäfer alors que la qualification à la Coupe du monde était quasiment compromise.
Vint alors Philippe Mbarga Mboa, ancien trésorier de la Fécafoot et ancien président du club Olympic de Mvolyé. Il prit immédiatement une décision judicieuse en nommant un grand nom à la tête des Lions indomptables, Artur Jorge. Pari échoué de peu, mais le ministre se voyait déjà en Allemagne après la victoire du Cameroun à Abidjan sur la Côte d`Ivoire. Une grosse fête à son domicile le soir du dernier match à Yaoundé contre l`Egypte qui se solda hélas par un nul, Pierre Wome Nlend ayant raté le penalty qui aurait qualifié les Lions. Ironie du sort, ce dernier, banni de l`équipe nationale par le ministre, revient en sélection la semaine du limogeage de Mbarga Mboa, qui avait aussi réveillé un conflit inutile et inopportun avec le président de la Fécafoot.
Au total, beaucoup de monde, dont la plupart étaient vantés comme connaisseurs du sport à leur arrivée, mais qui se sont tous très peu préoccupé de la réorganisation fonctionnelle et de la création des infrastructures du sport camerounais. Un nouveau ministre, Augustin Edjoa, est arrivé, crédité de la même connaissance du milieu sportif. Notre souhait est qu`il ne perde pas la tête devant les honneurs et les faveurs que peuvent procurer le sport. Qu`il écoute, organise, planifie, coordonne et construise. Des règles minimales de bonne gouvernance qui ne nécessitent pas qu`on ait été champion olympique du saut à la perche ou président du Fc Barcelone.
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