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Yves Colleu : « Aux locaux de bousculer la hiérarchie » [interview] (31.03.2010)
Propos recueillis par Brice MBEZE
Yves Colleu, entraîneur-adjoint des Lions Indomptables.
Que retenez-vous au terme de la visite de travail que vous venez d’effectuer ?
J’ai pu voir une rencontre de Coupe du Cameroun et un match de championnat. Je pense que le niveau du championnat national de première division est moyen, comme le niveau des joueurs. En plus, nous notons une absence de suivi et de structures pour les locaux. Il y a un encadrement approximatif des joueurs qui travaillent dans de mauvaises conditions. Ils n’ont pas de structures valables pour s’entraîner. Il y a un manque criant de bons terrains d’entraînement et de matches. Il manque de moyens financiers. Je pense que la Fédération devrait se doter de moyens pour pouvoir professionnaliser le football local en ayant la possibilité de garder ses meilleurs joueurs plus longtemps. Qu’un joueur parte à l’étranger dans un grand club, c’est une bonne chose pour le football camerounais parce qu’il exporte le football de son pays. Il démontre que le footballeur de son pays a beaucoup de qualités. Mais, il faudrait qu’il reste un peu plus longtemps au pays. Les jeunes partent très vite maintenant et c’est dommage. C’était intéressant de m’imprégner du niveau, de connaître les joueurs et c’est tout ce que j’ai fait durant cette semaine. En dehors des matches du championnat, j’ai observé la sélection amatrice. Je suis allé assister à toutes leurs séances d’entraînement. J’ai également rencontré beaucoup de personnes proches du football national, notamment les différents sélectionneurs des équipes en dessous des A dont les coaches des moins de 20 ans et des moins de 23 ans. J’ai essayé de multiplier les contacts pour avoir un retour sur le niveau des joueurs locaux camerounais. On organise un stage du 12 au 16 avril avec les locaux. Donc, j’ai besoin de m’appuyer sur la connaissance des joueurs du pays.
Parlant de joueurs locaux, il y a un débat qui a cours en ce moment. Il porte sur l’ouverture de l’équipe nationale fanion aux amateurs. Quel est votre avis à ce sujet ?
On ne s’interdit rien avec Paul (NDLR : Le Guen) qui est le sélectionneur. Et c’est le but de ma visite et celui du stage qui aura lieu en avril. Si les joueurs locaux sont capables de venir bousculer la hiérarchie, de venir intégrer cette équipe, évidemment ils seront sélectionnés. Mais, pour l’instant, c’est encore prématuré. Aujourd’hui, c’est d’abord de tenter de rassembler les meilleurs joueurs du pays au cours de ce stage et de voir s’il y’en a un ou plusieurs, voire pas du tout, capables de venir bousculer
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cette hiérarchie.
A quoi tient la hiérarchie dont vous parlez tant ?
La hiérarchie aujourd’hui, c’est que les meilleurs joueurs camerounais jouent hors du pays, dans les grands clubs européens. Donc leur niveau est censé être supérieur à celui des joueurs du pays. Mais, nous savons aussi par expérience que quelquefois un joueur resté au pays peut avoir les qualités requises pour intégrer la sélection nationale. Je suis là pour observer tout cela.
Est-il-possible que quelques joueurs locaux puissent intégrer la sélection nationale?
Je ne sais encore rien. Ce stage du 12 au 16 avril nous permettra de voir si certains joueurs sont capables d’intégrer cette sélection. Actuellement, on n’a encore aucun nom.
Quelles sont les motivations et les grandes lignes du stage que vous organiserez dans les prochains jours avec les joueurs locaux ?
Durant mon séjour, j’ai observé la sélection A’ en priorité. J’ai observé les matches de championnat. Je suis en contact avec beaucoup de professionnels du pays. L’objectif est de rassembler une vingtaine ou plus de joueurs pour le stage du 12 au16 avril. J’espère qu’on arrivera à rassembler les meilleurs du pays. Evidemment, cela prêtera à discussion. Certains estimeront que parmi ces joueurs sélectionnés pour ce stage tous ne sont pas les meilleurs mais bons… C’est toujours subjectif. A l’issue du stage, il s’agira pour nous de voir si des joueurs sont en mesure de bousculer la hiérarchie dont je parlais tout à l’heure pour intégrer la sélection nationale. Evidemment, c’est compliqué et difficile pour eux. Mais, au moins on a le mérite de faire ce travail et de ne laisser personne de côté. Les joueurs locaux méritent d’être observés et d’avoir la même chance que tous les autres. C’est l’objet de ma visite.
L’objectif de ce stage n’est pas d’innover mais de faire le travail que nous devons faire. Nous avons été engagés par la Fecafoot et le ministère des Sports pour qualifier les Lions pour la CAN et la Coupe du monde 2010. Ce n’était pas facile mais nous y sommes parvenus. Nous essayons maintenant de constituer le meilleur groupe possible pour la Coupe du monde. Cela nous semble logique et normal à la fois d’observer les joueurs évoluant en Europe. Ceux qui ont déjà été sélectionnés et les autres qui ne l’ont pas encore été. Et d’observer aussi le vivier local pour voir s’ils ont les moyens d’intégrer cette équipe. Nous sommes dans une période où on observe très largement les footballeurs camerounais pour en suite sortir une liste de 30 puis de 23 joueurs qui iront à la Coupe du monde.
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