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Méfions-nous des Egyptiens ! (29.09.2005)
Ancien footballeur international camerounais, ancienne cheville ouvrière de Lion de Yaoundé, Onana Guy, estime qu’il faut absolument nous méfier des Egyptiens, le 8 octobre prochain.
Les ovations et la gloire des stades, c’est fini pour vous. On n’entend plus parler de vous. Pourtant, votre expérience pourrait encore être précieuse pour nos footballeurs d’aujourd’hui.
Ah, vous savez ;… en matière d’expérience, l’avertissement d’un de mes anciens professeurs m’inspire toujours : " L’expérience des uns ne sert jamais aux autres… " J’estime donc que notre époque, la génération 60, est irréversiblement révolue. La simple dignité même commande qu’on se lève et qu’on s’en aille quand la table est desservie. Il est peu probable, en tout cas, que les jeunes d’aujourd’hui veuillent puiser quoi que ce soit dans mon expérience.
Une comparaison entre la génération 60 et ce qui se fait aujourd’hui.
Nous, on jouait avec un grand amour pour une seule équipe planté en plein cœur. Pour rien au monde, je ne pouvais quitter le Lion pour aller jouer au Tonnerre ou au Canon. Tout comme il était hors de question que Mbappe joue dans le Caïman ou dans Léopard. Dans l’équipe nationale, on se donnait à fond, sans le moindre calcul ni monnayage. Seul le Cameroun comptait. Aujourd’hui, on joue, le regard tourné ailleurs, vers d’autres horizons supposés meilleurs.
Et nos clubs de première division ?
On a l’impression, quand on se penche sur le passé qui fut le nôtre, qu’il n’y a plus de grands clubs aujourd’hui, mais que toutes les équipes, même avec des écarts considérables en points gagnés, se serrent dans une même médiocrité. Localement parlant, le football camerounais est d’un niveau très faible, parce que les clubs ne valent plus grand’chose. Cette décadence collective n’est pas uniquement le fait que les joueurs ne portent plus leurs équipes dans leur cœur. Cela provient également de l’encadrement. Les présidents de clubs ne sont plus crédibles : ils
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passentle temps à parler plus de l’argent et des affaires que du football.
Votre sentiment sur l’ensemble de notre mouvement sportif.
Le mouvement sportif camerounais souffre aujourd’hui de trois grands maux. Premièrement, il y a, à tous les niveaux — parents, athlètes, professeurs d’éducation physique, officiers d’Etat civil, ministre — une grosse malhonnêteté intellectuelle liée à l’âge de nos sportifs. Chaque sportif doit déclarer son âge réel. Cela ne diminuerait en rien les exploits qu’il pourra accomplir. Deuxièmement, il a y une absence cruelle d’infrastructures. Sans parler de stades modernes, le Cameroun manque de simples espaces de loisir, où courir seulement. En matière d’infrastructures sportives, notre pays présente de plus en plus l’exemple d’un paradoxe scandaleux. Enfin, notre mouvement sportif souffre d’une impréparation chronique. Nous donnons chaque fois l’impression d’être pris de court, même par des échéances annoncées plusieurs années à l’avance.
Parlons du sujet brûlant et actuel. Alors, ce match du 8 octobre, nous allons le gagner sans problème.
Nous allons le gagner… C’est le souhait de tous les Camerounais, dont moi-même. Mais, attention ! les Egyptiens sont moins naïfs que les Ivoiriens. Nous devons nous en méfier beaucoup. Certes, gagné ou perdu, ce match n’apporte strictement rien d’important aux Pharaons. Ils ne peuvent plus aller au Mondial ; la CAN est leur affaire, puisque c’est eux qui l’organisent. Mais, les Egyptiens pourraient, contre toute attente, puiser dans leur orgueil des arguments qu’ils convertiraient en buts traîtres et assassins. Pourquoi ne pas vous l’avouer ? J’ai toujours eu plus peur des Egyptiens que des Ivoiriens. Et puis, en jouant contre les Lions Indomptables, les Egyptiens doivent sûrement chaque fois se dire qu’ils tiennent là une bonne occasion de contester la place de leader que le Cameroun occupe dans le football africain. Encore une fois, le 8 octobre, il faudra nous méfier sérieusement des Egyptiens.
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