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Les supporters camerounais momifiés (10.10.2005)
L’ambiance dans les rues de la capitale après la rencontre d’hier était morose.
Les fans des Lions s’étaient préparés à la victoire.
Subitement, les Yaoundéens eurent froid. Certes, la pluie — peut-être un des prémices de l’échec —, qui s’est abattue toute la matinée de samedi à Yaoundé s’est arrêtée avant le match. Mais le climat était redevenu glacial après la rencontre capitale Cameroun-Egypte. Et les rêves de cinquième participation consécutive à une coupe du monde des Lions indomptables se sont envolés. Les habitants de la capitale ont dormi très tôt samedi dernier et Dieu sait combien leur sommeil a dû être agité. Agité par ces images de détresse, ces images de dépit et d`impuissance des footballeurs devant la défense égyptienne transformée en pyramide infranchissable. Ces images de penalty raté, de ces footballeurs effondrés après un match très moyen. De Mokolo à Mvog-Mbi en passant par Nlongkak et Mvan, la détresse des supporters à même le goudron, drapeau au dos, criant leur rage d’avoir été éliminés. La réalité est implacable : le Cameroun n’ira pas à la coupe du monde 2006. Et pourtant, on avait pronostiqué la victoire. Comme d’habitude, on s’est retrouvé dans les bars, entre amis ou en famille. On avait
même eu un pied en Allemagne quand Rodolphe Douala Mbella ouvrit le score. Dans les bars, on commençait à se congratuler.
Au cinéma Abbia, où le match était retransmis sur écran géant, les nombreux supporters ont vite déchanté quand les Egyptiens sont revenus au score à la deuxième mi-temps. Au coup de sifflet final, les explosions de joie qu’on avait vus après le match d’Abidjan ont fait place nette à la détresse, aux accusations et à quelques débordements. A Mokolo, c’est une foule qui barre le passage, s’en prend aux automobilistes, tandis qu’à l’avenue Kennedy, les bars sont vides. Les plus chauvins s’adonnaient à des actes de destruction de kiosques, tandis que d’autres déchiraient tout simplement les tee-shirt verts conçus pour l’occasion. Et jusqu’à hier, les Camerounais n’arrivaient pas à y croire. Pour ce jeune supporter rencontré à l’avenue Kennedy, c’est une déception. " On pensait qu’à domicile ce serait plus facile " déclare-t-il. Il enchaîne : " Le Cameroun est habitué à gagner et il faut accepter cet échec dans un esprit de fair-play ". Un autre à l’âge avancé affirme pourtant, lucide : " La vie doit reprendre son cours. Les Camerounais devraient soutenir la Côte d’Ivoire tout en restant dignes ".
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