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Les arbitres pleurent leurs collègues décédés (10.05.2007)
La mort du trio arbitral disparu dans le crash de la Kenya Airways suscite l’émotion de leurs pairs.
Bertille M. Bikoun
Les membres de l’Association camerounaise des arbitres de football (Acaf) sont allés réconforter les familles de leurs trois collègues décédés dans le crash du Boeing 737 – 800 de la compagnie aérienne Kenya Airways, qui s’est écrasé quelques minutes après son décollage de l’aéroport international de Douala samedi 5 mai dernier. Conduite par son président, Pierre Joseph Noungui, les membres de l’Acaf se sont tour à tour rendus hier, 8 mai 2007, chez Patrice Boungani Doda, Engelbert Thaddié Effa et Martin Ombga Zing.
Le trio arbitral se rendait à Kinshasa (RD Congo) via Nairobi au Kenya, où il devait officier la rencontre des huitièmes de finale bis de la Coupe de la Confédération qui a opposé dimanche 6 mai dernier, le Tout Puissant Mazembe de RD Congo) au club zimbabwéen de Mwana Africa (1-0). Malheureusement, ils n’arriveront jamais à destination. Jusqu’à lundi encore, la famille du football camerounais et celles des concernées espéraient que l’ont compteraient Patrice Boungani Doda, Engelbert Thaddié Effa et Martin Ombga Zing parmi les survivants de cet accident. L’espoir s’est effondré lorsque hier, la Crtv-télé, la télévision nationale, a annoncé qu’une chaussure aurait permis d’identifier la jambe et le sac de Martin Omgba Zing. Depuis lors, les plus sceptiques sont tous en émoi.
Martin Omgba Zing allait célébrer ses 38 ans le 6 juin prochain. Il s’en va alors que ses collègues prédisaient à cet arbitre central " talentueux et dynamique un brillant avenir ". C’est en juillet 1992 qu’il dirige sa première rencontre officielle. Dix ans plus tard, il est promu arbitre international. "Bien qu’il ait été incompris et controversé, je pense que Martin a été quelqu’un qui a aimé l’arbitrage et qui a voulu toujours être excellent", déclare Raphael Evehe Divine, qui prend sa retraite internationale dans deux ans. Endeng Zogo affirme à ce propos que M. Omgba Zing "était pressenti pour remplacer ce dernier". Ouvert mais nerveux, "l’homme d’affaires" avait officié à deux coupes d’Afriques des cadets, en Gambie et récemment au Togo.
Educateurs
Le départ de ce célibataire sans enfant ressemble à une tragédie. Il y a bientôt deux ans, le 8 octobre 2005, il sortait indemne d’un accident de circulation qui avait couté la vie à sa mère, sa sœur et son cousin,
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tandis que sa compagne s’en tirait avec une fracture à la hanche. D’aucuns prédisaient alors "longue vie sur terre" à Martin Omgba Zing. "Sans savoir que c’est un accident qui allait également lui couter la vie ", lance alors Lazarre Essimi de la Commission centrale des arbitres de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot).
Patrice Boungani Doda et Engelbert Effa étaient pour leur part arbitres assistants. Ils ont tous deux la particularité d’être des éducateurs. Patrice Boungani Doda dispensait des cours d’histoire et géographie au lycée de Mefomo, non loin de Yaoundé.
Engelbert Effa était, quant à lui, surveillant général du collège de l’Unité à Nlongkak, à Yaoundé. A 37 ans, Patrice Boungani avait roulé sa bosse. Trilingue (français, anglais, allemand), il fait partie de la crème des arbitres que compte le Cameroun avec Endeng Zogo, Evehé Divine… C’est d’ailleurs avec presque une larme au coin de l’œil que ce dernier parle de son confident et camarade de promotion dont le nom figurait déjà sur la liste A de la Fifa (les arbitres d’élite). "C’était un homme très rigide, quelqu’un des extrêmes. Et dans le trio avec le grand frère Endeng Zogo, j’étais très souvent le conciliateur. Lorsqu’il survenait des éclats de voix, c’est moi qui le tirais de côté pour le ramener à la maison", raconte Raphael Evehe Divine avec qui Patrice Boungani a été, il y a quelques semaines au Nigeria, pour diriger un match de la coupe de la confédération opposant Dolphin local et Wac du Maroc.
"C’est lui qui me prévenait quand nous devions sortir. Chaque fois, il avait des signes tels que la pomme de sa main qui le démangeait. C’est ainsi qu’il venait me dire: "Raphael, ma main démange. Je suis sûr que nous avons un match". Et très souvent, cela était juste", confie Evehe Divine.
A 41 ans, Engelberg Effa faisait office de plus âgé du trio arbitral disparu. Mais il était le plus jeune au niveau international, puisque ce n’est que depuis deux ans qu’il sillonne le continent pour le compte de la Confédération africaine de football (Caf). Ses collègues se souviennent de lui comme un homme très calme, réservé, effacé et pondéré. Endeng Zogo pense alors que la disparition des trois arbitres "est une grande perte pour l’arbitrage camerounais et africain". A partir de la prochaine journée du championnat national prévue dimanche prochain, les arbitres ont décidé d’évoluer en tenue rouge-noire, signes du triple deuil qui les frappe.
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