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Nuits de folie à Soa. (30.04.2004)
Jules Romuald Nkonlak
La fête du sport universitaire se poursuit jusqu`aux heures les plus tardives.
Le car en provenance de Yaoundé a du mal à trouver une place pour se garer. Celui qui arrive pour la première fois à Soa depuis le début des 7e jeux universitaires, ne reconnaît pas d`emblée l`entrée du campus. Elle a été prise d`assaut par des petites tentes jaunes, aux couleurs de la Mobile Telephone Network (Mtn), principal sponsor de ce rendez-vous. Sous ces tentes, plusieurs personnes conversent bruyamment autour d`un pot. Et pourtant, nous sommes encore loin de l`endroit baptisé "le village des jeux". La route est pratiquement divisée en deux. Une foule nombreuse l`a occupée sans vergogne, et sans tenir compte de la circulation. Ils ont le regard braqué sur un podium, lui aussi aux couleurs de Mtn. Le spectacle doit être amusant, à en croire les éclats de rire, qui, à intervalles réguliers, fendent la nuit noire de Soa. Il est 19 h. l`entrée de l`université de Yaoundé II accueille une file de voitures.
Elles vont pour la plupart dans le sens de la sortie. Et elles évoluent à pas de tortue. Dans le sens contraire, une foule d`individus, hommes et femmes, jeunes pour la plupart, avancent en se bousculant. Il y a quelques heures que les compétitions sur les différents stades du complexe sportif se sont achevées. Et pourtant, les gens continuent d`arriver. De plus en plus nombreux. Au village des jeux, où on accède après quelques pas, et après avoir joué des coudes, les différents stands gastronomiques sont à la fête. Des femmes s`activent autour des foyers. Elles proposent de la viande ou du poisson, cuit à la braise. D`ailleurs, la fumée et les odeurs, qui proviennent de ces stands, sont plus parlantes que tous les discours. Dans ces stands aussi, on peut consommer des boissons, alcoolisées ou non, ce que ne se gênent pas de faire de nombreux jeunes. On oublie presque que l`on est à l`université. Même si, de temps en temps, une inscription du genre "amphi 500", "Nb 5", "bibliothèque", ou encore "rectorat" se charge timidement de le rappeler.
Les salles de cours sont pour la plupart plongées dans le noir. L`électricité, au même titre que l`eau potable, est ici l`une des denrées les plus rares. De temps en temps, on aperçoit un petit groupe d`individus, s`affairant autour de fils électriques, dans l`espoir de conduire de l`énergie électrique à tel ou tel autre stand. D`autres ne se sont pas beaucoup cassé la tête. Ils ont préféré s`approvisionner en bougies. Et ça ne se passe pas plus mal. Les buveurs de bière ne semblent même pas s`en rendre compte. Les privilégiés, ceux qui ont pu
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être alimentés en énergie, soit par la ligne de l`université, soit par l`un des groupes électrogènes que l`on entend ronfler, ou par tout autre moyen, proposent cependant quelques services différents. Dans un stand, un groupe de jeunes gens devisent en profitant du dernier clip du chanteur Petit Pays. Ici, on a l`avantage d`avoir de la bière glacée à tout moment. À l`extérieur, les gens n`ont pas cessé d`aller et de venir. Au détour d`une allée, on croise un gaillard, qui a abandonné ses compagnons dans le stand d`à côté, et qui, faute de toilettes, n`a pas trouvé mieux que de vider sa vessie au pied d`un lampadaire, ou à l`arrière de quelque bâtiment de l`université.
Le restaurant universitaire connaît aussi l`un de ses moments de plus grande fréquentation. Athlètes, officiels et autres encadreurs techniques se bousculent pour prendre leur repas du soir. Pour avoir accès à l`un des deux restaurants, il faut présenter son badge, et ensuite son ticket. À l`extérieur, juste en face des restaurants, se trouve l`un des terrains de basket-ball.
Il est déjà 20 h, et même si quelques personnes s`essayent encore à des paniers, le spectacle n`est plus le même que celui qu`on peut y voir dans la journée. Au centre du terrain une dizaine de jeunes gens, en uniformes, se trémoussent au rythme d`une musique jouée par la fanfare. Ils sont applaudis par une poignée de spectateurs attentifs. Après quelques minutes d`un spectacle enlevé, ils cèdent la place à un autre groupe. Ceux-ci ont des tambours et des balafons, et essayent de faire mieux que leurs prédécesseurs. C`est la compétition des fan`s clubs. À la fin des jeux, un prix sera décerné au groupe qui aura réalisé la meilleure animation au village des jeux.
Mais c`est au centre même de ce village des jeux que l`on observe à la plus grosse ambiance. À ce niveau-là, il y a trois cars-podiums, installés par trois entreprises impliquées dans le sponsoring des jeux. On aperçoit sur l`un d`eux le groupe Takam II, invité ce soir-là. À côté, on propose un sketch. Les spectateurs, debout, n`ont que l`embarras du choix. Il y a du bruit un peu partout. Et celui produit par les animateurs de radio campus, la radio de l`université de Yaoundé II, n`est pas des moindres. Ils ont installé à l`entrée de leur stand des haut parleurs devant lesquels tous les passants se retournent. Cette ambiance de folie se poursuit jusqu`aux environs de minuit. À ce moment-là, la cour commence à se vider. Les athlètes, qui sont logés juste à côté, pourront enfin se reposer, et penser aux compétitions du lendemain. En attendant la prochaine nuit, et son cortège de sons, de couleurs, et d`odeurs.
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