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Jean-Baptiste Sipa, ex-journaliste sportif : “Il y a urgence signalée pour la formation à la base ” (19.10.2006)
Chroniqueur au quotidien Le Messager, il fait un bref diagnostic et suggère des pistes de relance du football camerounais.
“ Pour redresser le football, il faut d’abord avoir la volonté. Je ne sais pas si aujourd’hui il y a quelqu’un qui a la volonté de redresser le football. Tout le monde veut cueillir les fruits ou les fleurs du football. Mais personne ne veut cultiver pour qu’il produise ces fruits dont on a besoin. Lorsque vous me posez cette question, j’ai envie de vous la retourner en vous demandant qui veut redresser le football camerounais ? Est-ce les journalistes qui le veulent ? Ils ne peuvent faire que des interpellations, produire des discours. Si ce sont les dirigeants du pays qui le veulent, ça c’est autre chose. Là, je dirai qu’un redressement signifie que cela marchait bien, ensuite qu’il y a eu déviance, déviation, dérivation ou perversion.
Pour résoudre le problème, posons nous la question suivante : qu’est-ce qui a perverti le football ? A partir du moment où on le saura, on pourra le remanier. Cela passe par la réflexion. Si on dit que le football camerounais est mort parce que le ballon a crevé, on va réfléchir et voir où trouver le caoutchouc, la colle, chercher comment recoller pour qu’il soit à nouveau jouable. Pour être clair, on cherche les causes, on les analyse pour trouver une thérapeutique adaptée. Cela suppose qu’on abandonne les incantations, les procès. Parce que je constate que chaque fois qu’une mauvaise situation se crée dans le football camerounais, tout le monde regarde vers le passé pour faire le procès de ceux qui ont fait ou n’ont pas fait quelque chose. Mais personne ne regarde devant pour se demander ce que nous pouvons faire. Quand un entraîneur perd un match, dans les vestiaires, la première chose à faire c’est l’auto-critique. Là, on regarde où on a péché, qui n’a pas rempli son rôle. On voit si la tactique utilisée n’a pas été bonne. En ce moment-là, on peut modifier ce qu’il faut. Tout le monde s’engage à respecter les
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consignes et si on perd encore, ça signifiera que l’adversaire est plus fort. Si on perd un match parce qu’on n’a pas bien organisé le jeu, on refait un autre avec la même configuration, on perdra toujours le temps que ça va durer.
Nous avons un football qui brille par son nom parce qu’il est porté par une génération spontanée. Lorsque cette génération spontanée naît, grandit, vit et meurt, elle n’est remplacée par rien. Et pendant que cette génération spontanée est là, on ne fait rien pour prolonger sa durée de vie et son efficacité. Nos talents évoluent comme des météores. Ils naissent ici à droite, montent dans le ciel et descendent pour mourir à gauche. On recommence avec les improvisations, les imprévisions. Il existe d’autres solutions endogènes ; par exemple, la construction des infrastructures. L’organisation du sport dans l’enseignement. La formation des techniciens de sport, pas seulement au niveau des entraîneurs, mais aussi des administrateurs. L’organisation des équipes de football avec un statut conforme aux textes de la Fécafoot. Quand on aura mis tout ça bout à bout, on pourra parler de redressement du football camerounais. On a des gens formés pour ça ; alors il ne faut pas que ce soit les aventuriers qui gèrent les équipes.
Cela fait plus de 20 ans que les clubs nationaux arrivent sur la scène internationale et disparaissent sans laisser les traces. C’est parce qu’ils ne sont pas bien organisés. Vous constaterez que le club qui est resté constant et qui a fait des apparitions au niveau continental avant de descendre c’est Cotonsport de Garoua. Cela parce qu’il a de gros moyens ; il est géré par une entreprise. Le gouvernement doit penser à retirer les clubs aux mains des feymen qui organisent des équipes, soit pour se positionner politiquement, soit socialement ; soit pour le gain. Tant que ce sera ainsi, on ne peut pas s’attendre à des miracles. Il y a donc urgence signalée pour la formation à la base ”.
Par Propos recueillis par H.F.
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